À première vue l’humour et la mort ne présentent pas de points de rencontre. Comment peut-on rire d’un évènement aussi tragique que la disparition de soi ou d’êtres chers ? Les modalités complexes du deuil, les affects de tristesse et de chagrin suggèrent qu’un décès s’accompagne d’émotions fortes qui ne laissent que peu de place à la légèreté et à la plaisanterie. À l’inverse, l’humour peut être source de réactions extrêmes pouvant aller jusqu’à la violence et au meurtre. L’exemple des caricatures de Charlie Hebdo et de la fusillade qui a entrainé la mort de plusieurs dessinateurs de ce journal suggère que la raillerie, l’ironie et la satire ne sont pas appréciées quand elles s’attaquent à des sujets porteurs de valeurs considérées comme absolues. Les relations entre ces deux ordres, mort et humour, n’ont pas encore fait l’objet d’une réflexion critique et empirique et, dans cette perspective, le colloque présenté par la revue Frontières, une revue qui porte sur les enjeux de la mort, vise à aborder cette problématique à partir d’un point de vue interdisciplinaire.
Plusieurs angles seront privilégiés : la place de l’humour et de la dérision
1. Dans le champ politique,
2. Dans les rites funéraires, en particulier les veillées mortuaires comme le suggèrent des travaux anthropologiques,
3. Dans la littérature contemporaine,
4. Dans le domaine du cinéma et de la télévision,
5. Dans les productions artistiques,
6. Dans le cyberespace,
7. Dans le champ de l’éthique et du religieux,
8. dans l’intervention auprès des mourants et de leur entourage.
Cette analyse multidimensionnelle permettra de croiser les points de vue et de proposer de nouvelles pistes de recherche et de réflexion dans un domaine qui demande à être défriché de façon plus approfondie et ce, dans un contexte socioculturel où ce questionnement apparaît comme essentiel puisqu’il soulève les enjeux entourant la liberté d’expression et ses limites.
Le thème de ce colloque, « Humour et mort », rejoint à la fois des enjeux scientifiques, sociopolitiques et d’intervention, compte tenu des questionnements que cette problématique soulève dans le contexte contemporain. Les rapports entre la liberté d’expression, la caricature et la rectitude politique constituent des enjeux de société importants et ils forment un angle d’étude essentiel. Il sera élargi pour cerner les différentes perspectives qui aident à comprendre plus largement cette articulation.
Le recours à une approche interdisciplinaire faisant appel aux matériaux de type politique, socio-anthropologique, littéraire et artistique permettra d’explorer ce sujet de façon nuancée et de saisir les représentations et les pratiques dans ce domaine, de comparer les méthodologies et de proposer de nouvelles pistes de recherche.
En dernier lieu, ce colloque privilégiera aussi une approche réflexive sur la place de l’humour dans les pratiques d’intervention de la part des professionnels de la santé auprès des personnes en fin de vie, de leur entourage et dans la gestion des processus de deuil.
Les propositions de communication (maximum 300 mots) doivent être envoyées au plus tard le vendredi 12 février 2016, accompagnées de vos coordonnées complètes et du nom de votre institution d’attache, à pberg@unb.ca ainsi qu’à frontieres@uqam.ca.
L’humour et la mort : points de rencontre, points de conflits
84e Congrès de l’Acfas, Université du Québec à Montréal (UQÀM), du 9 au 13 mai 2016
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