Appel à communication : L’image-relation (Angers, 27-29 mars 2017)

L’IMAGE-RELATION : TRIVIALITÉ, SENSIBILITÉ, VISIBILITÉ
Colloque interdisciplinaire – Angers, 27-29 mars 2017 LICIA (Langages, interactions culturelles, identités et apprentissages) UCO (Université catholique de l’Ouest), Angers
date limite : 4 décembre 2016
mains-vinci-street-art-london-7Résumé : Organisé par l’équipe LICIA, ce colloque a pour objectif d’interroger l’image et le concept d’image, objets d’études à la fois complexe et interdisciplinaire. Complexe car il appartient simultanément à l’industrie culturelle, à une expérience historique, socioculturelle, politique, et esthétique (du visible et du sensible), à des régimes de croyances et à une contemporanéité qui fait cohabiter « une époque et son inconscient optique » (Debray, 1992).
Interdisciplinaire car sa compréhension comme son analyse obligent nos disciplines au croisement, à la complémentarité et à la résonance. Ainsi les champs d’études des sciences humaines et sociales seront ici convoqués pour pratiquer ce qu’Edgar Morin a érodé inlassablement, les césures disciplinaires, et décloisonner ce qui peut être ici relié ou pensé autrement. La rencontre scientifique entend ainsi se pencher sur les façons actuelles de vivre l’image, qui pourront être mises en perspective historiquement, et sur les relations à celle-ci au prisme de trois paradigmes (trivialité, sensibilité et visibilité).
Argumentaire L’image est un objet de dynamique culturelle et anthropologique dont la prégnance s’est démultipliée dans nos sociétés hypermodernes (Belting, 2001 ; Lipovetsky, 2008). L’origine, le statut, la nature et la plasticité même de l’image demeurent des questionnements sans cesse renouvelés car l’image vit, circule, performe, se renouvelle, et fait face à une révolution du regard comme du visible. Mais que donne-t-elle à voir, à subir et à éprouver ? Quelles formes nouvelles d’interactions, d’identification, de distanciation, de vénération et de célébration convoque-t-elle ? Quelle sensibilité nous inspire-t-elle ? À quelle trivialité nous assigne-t-elle ? Et enfin dans quel rapport au temps nous inscrit-elle ? Nous proposons de circonscrire l’image, en tant qu’objet d’études, au prisme de trois paradigmes, trivialité, sensibilité et visibilité, qui marquent une modernité certes tardive (Rosa, 2010) mais dont la dynamique ne cesse de déployer des dispositifs de confrontation à l’image.
Image et trivialité
L’image est en effet un des objets d’une problématique de la trivialité que défend Yves Jeanneret. La trivialité, telle qu’elle est déployée dans son œuvre, constitue une catégorie descriptive qui permet de saisir et de penser le fait que les « objets et les représentations circulent et passent entre les mains et les esprits des hommes » (Jeanneret 2008). Le trivial s’entend ici au sens étymologique : il désigne la rencontre, le carrefour, les hasards de la circulation. Expérimenter la mise en trivialité de l’image, c’est penser sa circulation et ses appropriations successives mais également les rapports de pouvoir et de savoir instruits par l’image. La circulation de l’image questionne donc à la fois sa reproduction, son appropriation sociale mais également ce qui s’institue, à travers l’image, comme symbolique dans les sociétés humaines (Goody, 1997).
Image et sensibilité
L’image est également un des objets majeurs d’une problématique de la sensibilité réhabilitée notamment par Claudine Haroche (2008) mais également par Emanuele Coccia (2010). Les flux d’images continus, cet « état de fluidité » qu’évoque Haroche, conduisent à « des formes d’indistinction, d’indifférenciation entre le réel et le virtuel, entre les individus » et questionne une possible « ère nouvelle de la condition sensible » qui produit autant d’insignifiance que de défiance. L’image dans son surgissement continuel brouille ce qui nous relie à l’autre et au monde, modifie notre expérience présentielle, esthétique et sensible, oblige à un « exil indolore de son lieu propre » écrit Coccia. Penser une anthropologie de l’image et du sensible serait « étudier la manière dont l’image et le sensible donnent corps aux activités de l’esprit et donnent vie à son propre corps ». Devenir image serait un exercice de déplacement mais surtout un exercice de multiplication de soi rendu exponentiel par l’usage des réseaux sociaux et des dispositifs immersifs.
Image et visibilité
L’image est enfin un objet central d’une problématique de la visibilité, phénomène considéré comme un fait social total qui « touche tous les domaines de la vie collective et ne peut donc être pleinement appréhendé qu’en parcourant l’histoire des techniques, les représentations mentales, la hiérarchie, les religions, la politique, le sport, le journalisme, l’art, l’économie, la psychologie, la morale » nous rappelle Nathalie Heinich (2012). L’image matérielle/physique en tant qu’élément de l’industrie de la visibilité et donc de l’espace public (par opposition avec l’image mentale), avec son opacité et ses angles morts, est devenue si envahissante et polymorphe qu’en circonscrire les valeurs, les discours, les contextes d’émergence et de création, la réception devient une entreprise complexe. Sa prolifération oblige à penser et à analyser l’interprétation de la visibilité de l’image, ses risques comme sa dynamique. Car enfin, s’il est partout possible de voir, est-il encore possible de regarder ? Dès lors quel rapport existe-t-il entre le visible et l’image ? Voir est-il regarder ? Ou encore « quel est ce quelque chose qui dans l’ordre du visible nous fait voir, c’est-à-dire nous construit ? » (Marie-José Mondzain, 2002).
Trivialité, sensibilité et visibilité constituent les trois paradigmes au travers desquels nous espérons renouveler une réflexion sur le rapport à l’image, sa nature, son statut et sa fonction. Dans ce but, le colloque souhaite faire dialoguer des chercheurs en sciences humaines et sociales qui travaillent sur l’époque contemporaine et les époques passées, au sein de la société occidentale ou sur d’autres aires géographiques, afin d’asseoir et de mettre en perspective la réflexion sur l’image-relation.

Modalités pratiques d’envoi des propositions Les propositions de communication de 20 min (300 mots maximum), accompagnées d’une courte présentation biographique sont à envoyer à communications.licia-image@uco.fr au plus tard le 4 décembre 2016.
Le colloque se tiendra à l’Université catholique de l’Ouest les 27, 28 et 29 mars 2017. Les résultats de la sélection réalisée par le comité scientifique seront communiqués début janvier 2016.
Comité d’organisation (LICIA) Le LICIA est une équipe de recherche qui réunit des chercheurs de différentes disciplines (Sciences de l’information et de la communication, Science du langage, Histoire de l’art, Arts plastiques, Musicologie, etc.) au sein de la Faculté des Humanités de l’UCO.
Comité de lecture
– Stéphane BLOCQUAUX, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, UCO, LICIA, Laboratoire Arts et Métiers Paris Tech Angers (LAMPA), équipe « Présence et Innovation », EA 1427
– Béatrice BOUVIER LAFFITTE, maîtresse de conférences en sciences du langage, UCO, LICIA, Centre d’Étude et de Recherche sur Imaginaire, Écritures et Cultures (CERIEC), UPRES, EA 922, Université d’Angers
– Benoit CARTERON, maître de conférences en anthropologie-ethnologie, UCO, Espaces et Sociétés (ESO) Angers, UMR 6590
– Pierre-Olivier DITTMAR, maître de conférences en histoire, Groupe d’Anthropologie Historique de l’Occident Médiéval (GAHOM), EHESS Paris
– Denis HUNEAU, maître de conférences en musicologie, UCO, LICIA, Institut de Recherche en Musicologie (IReMus), BNF/Université Paris-Sorbonne
– François JEUNE, peintre, professeur, Université paris 8, département arts Plastiques
– Jennifer KERZIL, maîtresse de conférences en psychologie sociale, UCO, LICIA, membre de l’International Association for Intercultural Education (IAIE)
– Nathalie LE LUEL, maîtresse de conférences en histoire de l’art, UCO, LICIA, Groupe d’Anthropologie historique de l’Occident Médiéval (GAHOM), EHESS Paris
– Françoise NICOL, maîtresse de conférences HDR en langue et littérature française, université de Nantes, CELLAM, Université Rennes 2
– Anne PAUZET, maîtresse de conférences en sciences du langage, UCO, LICIA, Construction discursive des représentations linguistiques et culturelles (CoDiRe), EA 46 43, Université de Nantes
– Magali PRODHOMME, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication, UCO, LICIA, Centre de recherche sur l’action politique (CRAPE), UMR 6051, Université de Rennes 1 – CNRS – IEP
– Simon RICHIR, professeur, Laval Virtual – EVI, Laboratoire Arts et Métiers Paris Tech Angers (LAMPA), équipe « Présence et Innovation », EA 1427
– Alexandra TILMAN, docteure en sociologie, chercheuse associée à l’Université d’Évry Val d’Essonne
– Anne VINCENT, maîtresse de conférences en arts plastiques, UCO, LICIA, Centre d’Étude et de Recherche sur Imaginaire, Écritures et Cultures (CERIEC), UPRES EA 922, Université d’Angers

Bibliographie sélective – Hans BELTING, Pour une anthropologie des images, (coll. Le temps des images), Paris, Gallimard, 2004 (1ère éd. 2001). – Emmanuelle COCCIA, La vie sensible, (coll. Rivages Poche), Paris, Payot, 2013. – Régis DEBRAY, Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident, (coll. Bibliothèques des idées), Paris, Gallimard, 1992. – Jack GOODY, La Peur des représentations : l’ambivalence à l’égard des images, du théâtre, de la fiction, des reliques et de la sexualité, Paris, La Découverte, 2003 (1ère éd. 1997). – Claudine HAROCHE, L’avenir du sensible. Les sens et les sentiments en question, Paris, PUF, 2008. – Nathalie HEINICH, De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique, (coll. Bibliothèques des Sciences Humaines), Gallimard, Paris, 2012. – Yves JEANNERET, Penser la trivialité. Volume 1 : la vie triviale des êtres culturels, (coll. Communication, médiation et construits sociaux), Paris, Ed. Hermès-Lavoisier, 2008. – Gilles LIPOVETSKY, La culture-monde. Réponse à une société désorientée,  (coll. Penser la société), Paris, Odile Jacob, 2008. – Marie-José MONDZAIN, L’image peut-elle tuer ?, (coll. Le temps d’une question),  Paris, Bayard, 2002.

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