L’université de Paris 3 organise, en juin 2014, le 43ème symposium annuel d’ICOFOM, le comité international de muséologie de l’ICOM (Conseil international des musées). Neuf axes de recherche évoquant les nouvelles tendances de la muséologie ont été retenus, il s’agit de : Géopolitique de la muséologie / Pour une épistémologie de la muséologie : quelle signification, quel impact social ou politique ? / Un nouveau rapport au patrimoine ?, la question des collections / Les recherches sur les publics, l’éducation et la communication / Les sciences, les beaux-arts, l’ethnographie… au prisme du contemporain / Les contours de la cybermuséologie / La muséologie participative : nouvelles approches / L’éthique du muséal au XXIe siècle / L’histoire et le futur de la muséologie : la construction d’un champ du savoir.
L’ICOFOM, ou Comité de muséologie de l’ICOM (Conseil international des musées) organisera son 36ème symposium à Paris, autour de la question des nouvelles tendances de la muséologie, du jeudi 5 au lundi 9 juin 2014. Les trois premières journées seront consacrées aux présentations des communications autour du thèmeNouvelles tendances de la muséologie.
Le terme de muséologie est utilisé ici pour désigner l’ensemble des théories et réflexions critiques liées au champ muséal. Cette définition, adoptée par l’ICOFOM, englobe ainsi nombre de courants, parfois divergents, mais tous liés par la relation spécifique que l’homme entretient avec la réalité à travers l’expérience muséale. La réflexion théorique pure, la critique sociale, l’histoire du phénomène muséal, l’émergence du politique au sein du champ muséal, la question des genres ou du post-colonialisme dans les musées, l’influence des nouvelles technologies sur l’expérience muséale, le musée comme dispositif expographique ou comme média, la place de la muséologie au sein du monde académique, les mouvements participatifs, autant de questionnements qui, parfois s’évitent, parfois s’opposent, mais qu’il peut cependant sembler intéressant d’envisager de manière conjointe.
Le monde des musés a connu un développement spectaculaire durant ces trois dernières décennies. On assiste cependant depuis quelques années – à la suite du déclanchement de la crise économique – dans nombre de régions du globe, à un questionnement sur l’avenir de l’institution, comme nombre d’études de prospective muséale en témoignent. De telles études visent à mieux appréhender l’évolution de cette institution particulière, confrontée à des changements majeurs de la société : populations, technologie, méthodes d’éducation, politiques économiques, etc. La réflexion muséologique accompagne largement ces discours, parfois techniques et pratiques, mais le plus souvent fondés sur la manière même de concevoir les fondements de l’institution, appelée à évoluer dans les prochaines années.
Faire le point de l’état des recherches, confronter les analyses et les démarches, interroger les nouvelles tendances se dégageant au sein du champ muséal, tels sont les objectifs de ce colloque d’ICOFOM, soutenu par de nombreuses universités et organisé par la Sorbonne Nouvelle – Paris 3, qui accueillera cette manifestation, en collaboration avec l’Ecole du Louvre, l’Institut national du Patrimoine, les universités de Paris 5, Paris 7 et Paris 13, le Muséum.
L’objectif principal de ce colloque international est donc de mener une réflexion commune et croisée (entre disciplines et entre universitaires et professionnels) sur l’évolution et la diversité de la muséologie, tant sur le plan de la réflexion théorique et épistémologique que sur celui de ses retombées concrètes au sein du champ muséal.
Les chercheurs ou professionnels de musée intéressés par ce projet de recherche sont invités à soumettre une proposition de communication pour le colloque et/ou une proposition d’article (s’ils ne peuvent assister à celui-ci).
Les articles acceptés, après peer-review, seront publiés dans le numéro 44 des ICOFOM Study Series (ISS), dont la publication est prévue pour juin 2015.
Organisation du colloque et thèmes des communications/articles
Les matinées seront consacrées aux séances plénières, animées par des chercheurs qui ont marqué le secteur de la muséologie depuis ces vingt dernières années.
Les après-midi permettront, à l’occasion d’ateliers et de tables rondes, de présenter les communications retenues par le comité scientifique du colloque, qui s’inscriront au cœur de la compréhension des nouvelles tendances de la muséologie.
Chaque communication/articles proposée devra s’inscrire dans l’un des axes suivants :
1. Géopolitique de la muséologie
Le terme de muséologie est utilisé de manière parfois très différente dans le monde, tandis que certaines régions privilégient d’autres termes (museum studies, museum theory). La manière de penser le champ muséal, par ailleurs, diffère largement entre les continents : si la réflexion politique et philosophique est prédominante, dans certains pays, elle est rejetée avec véhémence dans d’autres envisageant essentiellement la muséologie comme un corps de pratiques à destination des professionnels. S’il existe, clairement, des différences notables entre ce que l’on pu appeler la muséologie latine ou méditerranéenne, et la muséologie anglo-saxonne, qu’en est-il du reste du monde ? L’émergence de nouvelles superpuissances (BRICS) pourrait-elle influencer les conceptions actuelles ?
2. Pour une épistémologie de la muséologie : quelle signification, quel impact social ou politique ?
La muséologie, science ou travail pratique ? La question est ancienne et se réinvente, génération après génération. L’inscription de la muséologie dans des programmes universitaires très divers – histoire, anthropologie, histoire de l’art, sciences de l’information, sciences de l’information et de la communication (SIC) – montre un certain nombre de divergences parfois fondamentales quant aux outils qu’elle utilise et aux savoirs qu’elle tente de développer. La muséologie a-t-elle pour ambition d’infléchir les politiques patrimoniales, de transformer le champ muséal, de l’analyser, de former les (ou certains des) futurs professionnels de musées ou vise-t-elle plus simplement à trouver sa place au sein du monde universitaire ?
3. Un nouveau rapport au patrimoine ? – la question des collections
Les techniques de préservation et de conservation du patrimoine se sont nettement perfectionnées ces dernières années, au même titre que la réflexion accompagnant les questions de conservation ou de restauration. De nouvelles tendances en la matière sont-elles sur le point d’émerger, confrontant la notion actuelle de patrimoine avec ses racines essentiellement occidentales ? De manière plus générale, le développement des collections a entraîné celui de leur gestion, ainsi que nombre de questionnements sur la manière de les sélectionner, de les documenter, de les faire circuler, voire de s’en séparer. Gestion participative, documentation collective, aliénation, rapatriement des collections, autant de questions largement débattues, dont les réponses pourraient bouleverser la physionomie des musées à l’avenir.
4. Les recherches sur les publics, l’éducation et la communication
Le champ des études de visiteur s’est développé de manière considérable durant ces dernières années, au point de prendre progressivement son autonomie. La rigueur des méthodes d’enquête, au même titre que les protocoles développés dans le domaine des SIC, ont permis l’émergence d’une littérature abondante et particulièrement riche en matière d’information sur la manière dont le public appréhende les musées, l’exposition et les différents dispositifs (textes, multimédias, médiation orale…) qui lui sont liés. Il en va de même dans le champ de l’éducation qui, au même titre que les SIC, a obtenu une reconnaissance comme discipline académique autonome, notamment dans les pays latins. Quels sont les plus récents apports de ces disciplines dans le champ muséal, et comment leur relation au sein du champ muséal pourrait-elle être mise en œuvre dans les années à venir ?
5. Les sciences, les beaux-arts, l’ethnographie… au prisme du contemporain
La manière de penser le musée diffère sensiblement, selon qu’on travaille dans un musée scientifique ou un musée d’art contemporain. Quelles sont les spécificités de ces muséologies particulières ? Le développement des musées s’est inscrit dans un mouvement de contemporanéisation de la société et de son rapport à l’histoire : ce sont en effet surtout des musées d’art contemporain, des centres de science ou des musées de société, que l’on a surtout créés ces dernières années. Un tel mouvement est-il amené à se poursuivre ? Quelles pourraient être ses répercussions sur notre rapport à l’histoire et au patrimoine ?
6. Les contours de la cybermuséologie
Les technologies numériques ont rapidement été intégrées par les musées, un certain nombre de formation se sont même spécialisées dans cette perspective. La création de cybermusées, sur internet, a bousculé notre rapport aux collections et à l’expérience muséale. Les technologies continuent d’évoluer, et des notions telles que la réalité augmentée ou les imprimantes 3D, naguère futuristes, sont en train de transformer à nouveau notre expérience, au même titre que les applications sur nos tablettes et téléphones. Quelles sont les prochaines étapes de ces évolutions, et quel seront leur impact sur le musée et notre relation à la réalité ?
7. La muséologie participative : nouvelles approches
Qu’il repose sur des technologies numériques (crowdfunding, crowdsourcing) ou fonctionne de manière plus traditionnelle, le musée participatif est régulièrement présenté comme une solution d’avenir pour nombre de musées. La relation qu’il entretient avec ses publics, en ce sens, bouleverse les équilibres traditionnels, et notamment la fonction d’expertise du musée. Comment les fondements d’un tel modèle (qui prend notamment sa source dans la muséologie communautaire) transforment-ils ceux du musée traditionnel et de ses processus de sélection et de présentation ?
8. L’éthique du muséal au XXIe siècle
La muséologie a parfois été présentée comme l’éthique du muséal, la réflexion sur les valeurs qui déterminent les choix de sélection, de thésaurisation ou de présentation. De nombreuses évolutions des pratiques muséales ont vu le jour ces dernières années : demandes de restitution, financements alternatifs, nouvelles méthodes de collecte, etc. Quelles seront les principales évolutions en matière d’éthique muséale dans les années à venir ?
9. L’histoire et le futur de la muséologie : la construction d’un champ du savoir
Depuis les années 1970 et, surtout avec la création de l’ICOFOM par Vinoš Sofka et Jan Jelínek, en 1977, la muséologie s’est progressivement développée comme un champ de savoir et une discipline indépendante. Qui sont les acteurs qui composent ce champ complexe et quels sont les courants de pensée qui l’ont structuré ? Jusqu’à présent, il n’y a pas de définition précise du champ de la muséologie et des liens entre ses acteurs et les positions qu’ils occupent dans le temps et dans l’espace. Quels sont les défis, pour les muséologues actuels souhaitant se consacrer à l’analyse de ce champ en construction et de ses acteurs, de leurs points communs et leurs divergences ?
Comité scientifique
- Nassim Aboudrar, Professeur des universités, Paris 3
- Bruno Brulon Soares, Maître de conférences, Unirio, Brésil
- Cécile Camart, Maître de conférences, Paris 3
- Wanchen Chang, Associate Professor, Taïpei University, Taïwan, museology
- Jacqueline Eidelman, Conservateur en Chef, Ministère de la Culture
- Yves Girault, Professeur, Muséum d’Histoire naturelle
- Eric Gross, Directeur, Institut national du Patrimoine
- Joëlle Le Marec, Professeur des universités, Paris 7
- Anna Leshchenko, Museology lecturer, Russian State University, Moscow
- Françoise Mairesse, Professeur des universités, Paris 3,
- Claire Merleau-Ponty, Ecole du Louvre
- Eiji Mizushima, Professor, University of Tsukuba, Japan
- Bruno Pequignot, Professeur des universités, Paris 3
- Marie-Sylvie Poli, Professeur, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
- Geneviève Vidal, Maître de conférences, Paris 13
Senior Adviser’s Committee d’ICOFOM
- Maria Cristina Bruno, Professeur des universités, Université de Sao Paulo, Brésil
- Bernard Deloche, Professeur émérite, Université de Lyon 3, France
- Peter van Mensch, Professeur émérite, Reinwardt Academie, Amsterdam
- Martin Schaerer, Président du comité d’éthique de l’ICOM, Vevey, Suisse,
- Tereza Scheiner, Professeur des universités, UNIRIO, Rio de Janeiro, Brésil
- Tomislav Sola, Professeur émérite, Président, The Best in Heritage, Dubrovnik, Croatie
Propositions de communication et/ou d’article
Les propositions de communication et/ou d’article seront acceptées jusqu’au 16 décembre 2013 inclus.
Elles seront adressées à :
Elles comprendront obligatoirement pour chaque auteur-e (les communications à deux voix sont également bienvenues) :
1) Le numéro de la session choisie ;
2) Un titre et éventuellement un sous-titre ;
3) Un résumé (2000 signes maximum espaces compris, environ 300 mots), ainsi que les références principales utilisées ;
4) Vos nom et prénom ;
5) Votre intention de présenter la communication au symposium de Paris, si elle est acceptée et/ou de présenter l’article dans l’ISS 44, s’il est accepté ;
6) Votre statut (doctorant, docteur, chargé de cours, maître de conférences, professeur des Universités, chercheur, professionnel de musée, etc.) ;
7) Votre ou vos institution(s) de rattachement (Université, Musée, Laboratoire, Institution, etc.) ;
8) Votre courriel ;
9) Vos coordonnées professionnelles (adresse, téléphone).
Le comité d’organisation s’engage :
- A accuser réception de votre proposition.
- A transmettre votre communication anonymisée au comité de sélection du colloque, qui procédera à une évaluation de l’ensemble des communications.
- A porter à la connaissance des auteurs la décision du comité de sélection au plus tard le 20 janvier 2014.
Les chercheurs ou professionnels dont les abstracts auront été acceptés devront remettre un article (50.000 caractères maximum, espaces inclus) pour le 27 avril 2014 au plus tard.
La conférence aura lieu à Paris du 5 au 9 juin 2014.
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