Appel à publication : Revue Marges, n° 20 « Qu’est-ce qu’un dispositif (dans l’art contemporain) ? »

img_566La notion de dispositif est souvent évoquée pour penser les structures visibles et invisibles que juxtaposent le pouvoir et le savoir. Développée notamment à partir des textes de Foucault, elle nomme un espace institutionnel qui fonctionne sur le modèle de machines à faire voir et à faire parler. De manière générale, cette notion inclut des pratiques discursives et non discursives qui peuvent être conformes à un ensemble d’institutions, de dispositions architecturales, d’énoncés scientifiques, de propositions philosophiques, etc. Cependant, la définition du dispositif avancée par Foucault reste hétérogène et difficilement saisissable car elle traverse son œuvre ; c’est pourquoi elle est l’objet de débats ainsi que la source de divers prolongements théoriques. Dans ce numéro, nous voulons interroger le fonctionnement des  dispositifs dans le champ de l’art, leur opérativité stratégique, plus particulièrement, les effets qu’ils induisent dans la manière de percevoir et d’interpréter leur présentation. Quelle est  l’autonomie et/ou l’hétéronomie de l’œuvre vis-à-vis du dispositif ?

Aujourd’hui, on assiste à une transformation considérable des formats de présentations des œuvres  -exposition, publications, sites web etc.  Par exemple, l’aspect du design d’exposition est de plus en plus important, au point que le contenu semble presque passer en arrière-plan. Si pendant la période moderne les éléments muséographiques semblaient, en apparence, transparents et neutres ; aujourd’hui, les dispositifs d’exposition prennent des formes inattendues et plus spectaculaires. Ces aspects visuels cherchent à faire ressentir au spectateur une véritable expérience esthétique. Nous voulons nous interroger sur ces nouveaux dispositifs de présentation de l’œuvre [nouvelles formes de chorégraphie spatiale ou de décor de théâtre] et sur leur capacité à affecter le spectateur.

Les artistes contemporains prennent en compte les effets scénographiques et de décor de l’exposition. Aujourd’hui, l’aspect de l’exposition est une matière avec laquelle l’artiste  produit. Ces aspects peuvent apparaitre à travers la monumentalité de l’œuvre, la complexité de la mise en scène de l’exposition ou la forme pluridisciplinaire ou plurisensorielle de l’installation. Pour autant, peut-on dire que ces dispositifs expositionnels uniformisent la présentation des œuvres ? Imposent-ils une norme artistique ou bien sont-ils un nouvel outil créatif pour les artistes ? Ces dispositifs sont-ils atemporels ou bien correspondent-ils à des périodes particulières de l’histoire ?

Cette transformation de l’art oblige aussi les institutions à repenser les lieux qui doivent s’adapter aux nouvelles formes d’œuvres et de présentations. Ainsi, les lieux de l’art (musées, centres d’art, galeries, etc.) deviennent autant d’architectures plastiques parfois spectaculaires, dont les espaces s’hybrident entre white cubeblack boxworkshop, plateforme participative, etc. Jusqu’à quel point ces dispositifs formels correspondent-ils aux besoins de la production artistique actuelle ? Dans quelle mesure les dispositifs architecturaux imposent-ils la forme que doivent prendre les pratiques artistiques ?

De plus, le développement des smartphones, iPad…, amène les institutions à repenser leur médiation culturelle à travers des dispositifs technologiques. Comment les institutions tirent-elles partie de tels dispositifs pour promouvoir leurs expositions ? Et s’en servent-elles uniquement comme d’outils de médiation ? La médiation, au sens général, peut-elle être vue comme un ensemble de dispositifs de capture du spectateur ? Cette utilisation des dispositifs technologiques déforme-t-elle le regard du spectateur par rapport à l’œuvre ?

Certains agencements institutionnels et/ou discours des acteurs du champ artistique – commissaires, critiques d’art, historiens de l’art etc. – participent aussi de la mise en œuvre du dispositif. À travers ces discours et/ou agencements, il s’agit de dominer la perception et l’interprétation grâce à la croyance en une matérialité du discours comme une chose prononcée ou écrite. Quels impacts a ces discours sur la réception des œuvres auprès des spectateurs par exemple ? Cela nous amène à penser aussi l’analyse des traces discursives comme des formes du dispositif.

Axes de réflexion

On peut citer dans ce questionnement les pratiques des artistes : Franz Ackermann, Ryan Gander, Philippe Parreno, Rosemarie Trockel, Paul McCarthey, Erick Van Lieshout, Pierre Huyghe, Manfred Pernice, Jorge Pardo, Gregor Schneider, Mike Kelley, Tobias Rehberger…

  • Le dispositif technologique comme outils de médiation
  • Le dispositif, une fin et/ou un moyen stratégique de présentation des œuvres ?
  • Le display d’exposition ou la mise en œuvre de l’exposition
  • Les relations entre l’architecture muséale et le dispositif
  • Le rôle du commissaire ou du scénographe dans la mise en place du dispositif visuel de l’exposition.
  • Des autres modes de présentation de l’œuvre (publication, web) et leurs fonctions de dispositif.
  • Dans quelle mesure, la présentation virtuelle dans le web change-t-elle notre perception de l’œuvre ?
  • La place du spectateur au sein du dispositif ; le rôle du spectateur dans la construction du regard sur l’exposition à travers les dispositifs technologiques
  • Les pratiques discursives de l’art comme  des formes du dispositif.

Modalités de soumission

Les propositions devront nous parvenir sous forme d’une problématique résumée (5.000 signes maximum, espaces et notes compris)

avant le 20 décembre 2013

par courriel à Angelica Gonzalez (angelikvas@hotmail.com) et à Cindy Théodore (theodore.c.c@gmail.com). Les textes sélectionnés (en double aveugle) feront l’objet d’une journée d’étude à l’INHA le 22/02/2014. Le texte des propositions retenues devra nous parvenir le 14/02/2014 (40.000 signes maximum espaces compris). Certaines des contributions seront retenues pour la publication du numéro 20 deMarges.

La revue Marges (Presses Universitaires de Vincennes) fait prioritairement appel aux jeunes chercheurs des disciplines susceptibles d’être concernées  (esthétique, arts plastiques, philosophie, design, architecture, sociologie, histoire de l’art, sciences de la communication, médiation culturelle …)

Responsabilité scientifique

  • Angelica Gonzalez
  • Cindy Théodore

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