Appel à communication : « Subjectivités féministes, queer et postcoloniales en art contemporain » (Rennes, avril 2015)

Depuis l’explosborderlandsion des luttes féministes historiques à la fin des années 1960, celles-ci n’ont cessé d’irriguer les pratiques artistiques et les recherches théoriques en art. Cette dynamique a vu, d’une part, le féminisme universitaire développer une nouvelle historiographie en déconstruisant les discours, les images et les pratiques idéologiques qui façonnent l’oppression de genre dans le domaine artistique et, d’autre part, les artistes se nourrir de cette ébullition intellectuelle afin de questionner les identités politiques. Envisageant l’œuvre d’art, des années 1980 à aujourd’hui, au prisme des relations entre expérience artistique et intellectuelle, langage et représentations, texte et image, ce colloque souhaite dépasser les discours hégémoniques qui éclipsent le foisonnement des subjectivités. Il tentera d’apporter un éclairage sur des problématiques en art contemporain qui les interrogent. Dans cette perspective, ce colloque explorera les résonances et les circulations entre les théories, les écrits et les pratiques artistiques féministes, queer et postcoloniales les plus stimulantes à l’échelle mondiale. En adoptant une approche transdisciplinaire, englobant toutes les formes d’expressions artistiques contemporaines visuelles, scéniques ou littéraires, il s’agira de prendre, dans le champ de l’histoire de l’art, le pouls de perspectives travaillées par la démultiplication des points de vue.

Dans un monde globalisé, où l’art contemporain s’est transformé en véritable espace transnational, le féminisme, opérant à la croisée des études de genre, des études postcoloniales et des théories queer, se doit désormais de remettre en cause le parti-pris eurocentré des paradigmes théoriques et critiques. Définie au sein d’un «savoir sans pouvoir » par Trinh T. Minh-ha, vue comme une reconfiguration des frontières entre les corps et les discours et comme un déplacement à la fois personnel et conceptuel par Teresa de Lauretis ou encore comme une théorie dans la chair par Cherríe Moraga, la pensée féministe invite à la délocalisation et s’ouvre aux espaces de friction qu’elle induit. De cette pluralité de mondes, émergent des identités fragmentées, contradictoires et plurielles, ne coïncidant plus forcément avec un sujet féminin universel : des subjectivités transversales, transgressives, transféministes. Pour dire ces subjectivités, pour que surgissent le « nous », le « je » et le « moi » des sujets subalternes, les féministes investissent langages et savoirs, histoire et autobiographie, représentation et auto-représentation, se réapproprient leurs corps, à travers la performance, le happening et la danse et s’énoncent grâce à des stratégies visuelles provoquant des disjonctions entre les disciplines et en ouvrant, par ces prises de position esthétiques et politiques, un vaste chantier de déconstruction et de recréation.

 

La réflexion s’axera autour de trois points (cette liste n’est pas exhaustive et ne doit donc pas être prise comme limitative) :

Temporalités et histoires :

  • L’histoire en tant que lieu privilégié de la déconstruction des oppressions de genre, de race, de classe et de sexualité et espace de production de nouveaux récits (de l’Histoire aux histoireS)
  • relectures et réinventions, mythologies et fictionnalisations
  • révision des mythes et des traditions de la modernité
  • narrations contre-coloniales, postcoloniales, décoloniales

Poétiques féministes, postcoloniales, queer et subalternes / déconstructions du langage :

  • Sémiologie politique : se libérer et se réinventer à travers le langage
  • Recréation féministe, queer et postcoloniale de la langue : procédés textuels, stratégies syntaxiques, renouvellement de la grammaire et du lexique
  • Les pratiques langagières expérimentales, le « bilinguisme », les phénomènes d’hybridation linguistique (créoles, spanglish, border languages, etc.)

Des circulations entre théories et pratiques :

  • Pensée et création : échanges entre artistes et théoriciennes
  • Apports des artistes aux théories féministes, queer et postcoloniales : les régimes de représentation, analyse de la position du spectateur/de la spectatrice, subversion des identités et de performativité du genre, etc.
  • Résonances et glissements entre conscience politique, conceptualisation et expression artistique féministes

Modalités pratiques d’envoi des propositions :

Les propositions de communication devront être adressées à subjectivitesfeministes@gmail.com avant le 15 décembre 2014.

Le texte  de présentation ne devra pas excéder 3000 signes (espaces compris). De plus, une courte bio-bibliographie devra être jointe à la proposition de communication. Les auteur-e-s seront informé-e-s de la décision du comité scientifique dans le courant du mois de janvier.

Quelques repères bibliographiques :

Gloria Anzaldúa, Borderlands/La Frontera : The New Mestiza, San Francisco, Spinster/Aunt Lutte, 1987.

Fabienne Dumont (éd.), La rébellion du Deuxième Sexe – L’histoire de l’art au crible des théories féministes anglo-américaines (1970-2000), Dijon, Les Presses du réel, 2011.

Catherine de Zegher, Women’s Work is Never Done: an Anthology, Gand, AsaMER, 2014.

Chandra Talpade Mohanty, Feminism without Borders: Decolonizing Theory, Practicing Solidarity, Durham, Duke University Press, 2003.

Namascar Shaktini (éd.), On Monique Wittig: Theoretical, Political, and Literary Essays, Chicago, University of Illinois Press, 2005.

Miriam Solá, Elena Urko (éds.), Transfeminismos: epistemes, fricciones y flujos, Tafalla, Txalaparta Argitaletxea, 2014.

 

Direction scientifique :

Elvan Zabunyan, EA 1279, « Histoire et critique des arts », Université européenne de Bretagne/Rennes 2

Comité scientifique :

Fabienne Dumont (ERBA Quimper)
Christine Bard (Université d’Angers)
Jennifer González (University of California, Santa Cruz)
Griselda Pollock (University of Leeds)
Trinh T. Minh-ha (University of California, Berkeley)
Elvan Zabunyan (Université européenne de Bretagne/Rennes 2)

 

Comité d’organisation:

Marie-laure Allain Bonilla, Émilie Blanc, Johanna Renard,
Elvan Zabunyan
Laurence Bouvet-Lévêque, Nelly Brégeault, Isabelle Perreaudeau (cellule recherche de l’UFR Arts, Lettres, Communication, Université Rennes 2)

 

SUBJECTIVITÉS FEMINISTES, QUEER ET POSTCOLONIALES EN ART CONTEMPORAIN : UNE HISTOIRE EN MOUVEMENTS
COLLOQUE INTERNATIONAL – 8-9-10 avril 2015
Université de Rennes 2

 

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