Appel à communication : Tapisserie et Récit. De l’Apocalypse d’Angers à Alechinsky

La tapisserie est un art particulièrement approprié au récit, que celui-ci se trouve dans un roman, dans un poème, dans une pièce de théâtre, etc. Les nombreuses pièces qui composent une tenture favorisent le développement d’un récit en autant de séquences. À l’instar des décors monumentaux peints, la tapisserie renferme souvent de grands programmes narratifs, mais elle se distingue des peintures sur toiles, ou des fresques, par le caractère modulable et souple de son support, qui lui permet de s’adapter à chaque lieu architectural, à chaque circonstance de l’accrochage. En tant qu’art modulable, la tapisserie peut reformuler les séquences d’un récit, et inversement, le récit représente une contrainte lors de l’élaboration du programme, lors du tissage et lors des accrochages. Que devient alors la cohérence du récit et de la tapisserie ? Les communications porteront sur les problématiques suivantes, sans limitation chronologique, ni géographique.

1 – Récits, programmes et formes tissées
L’iconographie des tapisseries découle généralement d’un programme narratif, défini au moment de la commande et dont témoignent des textes, des dessins modèles, ou bien des cartons. Le projet intègre dans ce cas l’identité et les intérêts du commanditaire ou ceux de la personne à qui la tapisserie est destinée. Le récit structure la signification des grandes tentures laudatives, par exemple. Mais qu’en est-il lors d’un changement de propriétaire ou lorsque les circonstances exceptionnelles d’un accrochage entraînent des modifications profondes dans l’apparence de la tapisserie : par exemple, les bordures peuvent être retissées pour y inscrire les devises ou monogrammes des nouveaux propriétaires, des personnages transformés, des épisodes d’une tenture supprimés, d’autres ajoutés…

2 – Segmentation du récit – narratologie
En tant que succession de surfaces rectangulaires, la tapisserie opère des coupures, des ruptures qui non seulement desserrent le récit, mais lui donnent une nouvelle respiration, en renouvelant son rapport au temps, à la littérature, à l’histoire, à l’actualité… La tapisserie n’est pas un medium neutre, elle constitue un support (d’édition) contraignant qui modèle le récit. Parallèlement, la tapisserie a également servi de modèles à la littérature (par exemple, les mythes fondateurs de la tapisserie dans Les Métamorphoses d’Ovide, La Satyre Ménippée, Charles Péguy, Marie Etienne, etc) et montre la réciprocité des échanges entre ces deux arts.

3 – Accrochage et récit modulable
Lors de son accrochage, une tenture s’adapte aux lieux, aux impératifs architecturaux, aux circonstances, à l’actualité, etc. Certaines de ses pièces peuvent être cachées derrière un meuble, un tableau ou un miroir, pliées, amputées, coupées, percées, etc. Le caractère souple et transformable de la tapisserie produit un récit alternatif, et révèle le caractère modulable du récit lui-même.
Les métamorphoses inhérentes à la tapisserie, les altérations du récit peuvent également révéler quelle était, à un moment, la compréhension du récit, quelle mémoire en était conservée, etc. Que deviennent les différents genres littéraires lorsqu’un récit est transposé en tapisserie : poésie, hagiographie, galerie d’hommes illustres ou de femmes fortes, roman ? Est-ce que le récit existe toujours dans la tapisserie contemporaine à partir du moment où on tisse rarement des tentures (comme la tenture des Droits de l’Homme à l’occasion du bicentenaire de la Révolution) et que l’on fait plutôt des pièces isolées ? Quels sont les rapports entre récit et art abstrait dans une tapisserie ?

4 – Récit et liciers : trame contre trame
Des techniques particulières à certains ateliers ou à certains liciers ont-elles des conséquences sur la manière de figurer un récit ? Par exemple, le nombre et la nature des fils, l’emploi de telles ou telles couleurs, la spécialisation dans tel ou tel genre (portrait, chair, végétation, paysage, ciel, bordures), etc. Le récit est-il primordial dans la tapisserie ? Nous devrons donc considérer les limites de la narration dans la tapisserie. Que voit-on et que regarde-t-on dans la tapisserie ? Quelle est la spécificité du récit tissé ?

Le comité d’organisation est constitué de Pascal Bertrand (Bordeaux 3), Audrey Nassieu Maupas (EPHE), Elsa Karsallah, Stéphanie Trouvé et Valérie Auclair (Paris-Est).
Les propositions de communications doivent comporter, outre les références du conférencier, le titre de la communication et un résumé ne dépassant pas 2000 caractères (espaces compris). La date limite de ces propositions est le 11 novembre 2011.
Elles doivent être adressées par courriel à Valérie Auclair ( val.auclair@free.fr)

Responsable : Valérie Auclair
Le colloque est organisé par ARACHNE. Méthode critique de l’histoire de la Tapisserie: Préceptes, Circulation de modèles, Transferts de savoir-faire. France – XIVe-XXIe siècles, programme de recherche soutenu par l’ANR.

Source : http://www.fabula.org/actualites/tapisserie-et-recit_45427.php

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