Appel à communication : « Topographies de Daniel Spoerri : l’artiste en ses réseaux » (Paris, 22-23 octobre 2018)

 Appel à communication / Call for papers : « Topographies de Daniel Spoerri : l’artiste en ses réseaux » (Paris, 22-23 octobre 2018)

Le travail de Daniel Spoerri se situe au croisement de plusieurs courants et tendances artistiques. Pour la plupart des commentateurs, il est pourtant généralement abordé comme un artiste du Nouveau Réalisme, et son œuvre cantonnée au Tableau-Piège. Cette place délimitée, forgée par une historiographie largement marquée par les efforts classificateurs de Pierre Restany, ne correspond en réalité qu’à une petite partie de son travail. Ses films, sa poésie, ses livres, les éditions M.A.T., ses activités d’organisateur d’évènements et d’expositions sont autant d’exemples de la diversité et de l’ouverture de ses champs de recherche. Dans les années 1960, il se rapproche de Fluxus et de Zero et pose les fondements du Eat Art. Son œuvre s’inscrit dans des réseaux transnationaux mêlant des disciplines, des approches théoriques et matérielles différentes, et il importe aujourd’hui de réévaluer ses interactions avec les différents acteurs de la période.

Au-delà du Nouveau Réalisme, d’une circonscription disciplinaire et d’une compréhension de la création par appartenance à des mouvements successifs, nous invitons des propositions susceptibles de renouveler l’analyse de l’œuvre de Daniel Spoerri. Comment son travail aborde-t-il les questions de hiérarchie de valeurs, de matérialité, de relations sociales, ou de réception des arts extra-occidentaux ? De quelle manière renouvelle-t-il le rôle du spectateur, l’implication de l’individu et du groupe ? Selon quelles modalités prend-il en compte la mémoire, les traditions et les préjugés, l’histoire de l’art occidental elle-même ? Une grande partie de son œuvre s’enracine dans le contexte théorique des années 1960, comment en penser le devenir, comment celle-ci entre-t-elle en résonnance avec le contemporain ?

Interrogeant le ready-made à nouveau frais, il développe un art « sentimental », où les relations entre individus, les récits de vie et les biographies d’objets tissent des narrations intégrant le quotidien et le banal. L’anthropologie, l’archéologie, la sociologie, l’histoire nourrissent son travail et sa démarche. Les dialogues qu’il noue durant ses séjours à New York, à Symi en Grèce, en Italie, en Allemagne, en Suisse et en Autriche avec de nombreux artistes, poètes, intellectuels, l’inscrivent dans des réseaux multiples. L’amitié prend ainsi dans sa vie et sa démarche une place majeure, comme le montrent par exemple la version collective de la Topographie anecdotée du hasard, augmentée des commentaires des traducteurs et amis lecteurs successifs, la constitution de la Boutique Aberrante en 1977, rendue possible de nombreux dons, ou encore sa rétrospective pour laquelle il fait appel à plusieurs artistes  « Fruend Friends Freunde und Freunde » (Kunsthalle de Berne, mai 1969,  Kunsthalle de Dusseldorf, juillet 1969). Ces dialogues, ces échanges et ces flux longtemps minimisés par son association au Nouveau Réalisme, suggèrent une nouvelle approche de l’œuvre de Daniel Spoerri et de son rôle sur la scène contemporaine. Pris en ses réseaux, humains, théoriques et formels, l’artiste apparaît au confluent de tendances majeures de la période. Il s’agit aujourd’hui de renouveler l’approche de ses travaux, de les penser du point de vue des échanges, des transferts, des topographies plurielles et figurées autant que de l’identité construite et conflictuelle de l’artiste se présentant comme apatride.

Peu étudié par la recherche universitaire française, Daniel Spoerri a fait l’objet d’une exposition rétrospective au musée du Jeu de Paume en 2002. Depuis, plusieurs expositions dans des musées de province, à Chinon et à Toulouse, ainsi que l’édition en français de la version complète de sa Topographie anecdotée du hasard (1961/2017 Nouvel Attila, Paris), semblent marquer un renouveau de sa réception en France. La recherche internationale, et notamment en allemand et en anglais, a aussi récemment consacré plusieurs études à l’artiste.

Nous souhaitons que ce colloque soit l’occasion d’aborder l’œuvre de Daniel Spoerri dans sa pluralité : ses performances, danses, créations collectives, bijoux, poèmes, éditions, mises en scène, conception et organisation d’expositions, enseignements gagneraient en effet à être réévalués en tant que tels et du point de vue de leur impact sur la scène contemporaine.

Parmi les thématiques possibles :

– Echanges, amitiés et collaboration avec d’autres artistes, écrivains, poètes, danseurs, metteurs en scène

– Musées Sentimentaux, mémoire et mémoire collective, histoire contemporaine, histoire et traditions locales

– Restaurant, nourriture, Eat Art

– Commissariat d’exposition, festivals

– Guerre, violence, perte, fétichisme, archives et collections

– Hasard, mouvement, temps

– Genre, féminisme, corps

– Fétichisme

– Livres d’artistes, écrits, éditions, multiples

– Néo-dadaïsme, néo-avant-garde, tradition du ready-made, relation à Duchamp

– Humour, jeu, place du spectateur

– Performances, production théâtrale, danse, projets avec des étudiants

– Rapport à des arts extra-européens

Modalités de proposition :

L’appel s’adresse à des chercheuses et chercheurs travaillant en histoire de l’art, philosophie de l’art, histoire et théorie littéraire, arts du spectacle, anthropologie, archéologie etc.

Un résumé de la communication envisagée (400 mots maximum) est à envoyer, accompagnée d’un bref curriculum vitae, à dlaks@dfk-paris.org et à jill_carrick@carleton.ca avant le 1er juin 2018. Les communications n’excèderont pas 25 minutes, elles peuvent être présentées en français, en anglais ou en allemand.

Calendrier :

Les propositions sont à envoyer avant le 1er juin 2018.

Le colloque se tiendra les 22 et 23 octobre 2018 au Centre allemand d’histoire de l’art, 45 rue des Petits Champs, 75002 Paris

 

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