Appel à communication : « Trames arborescentes : confection et croissance de structures textuelles et iconographiques » (Tours, décembre 2016)

Raymond Lulle, Arbre moral, Paris, BNFLe mot « arborescence », du latin arborescere, arborescentem [1] rend compte, par son suffixe « -escent », d’un procédé en cours. Par son radical « arbor », il renvoie également à l’idée d’un réseau formant une image identifiable, l’arbre, à même d’établir des liens cohérents entre un tout et ses parties. L’arborescence apparaît à la fois comme image et structure imagée.

Une telle double lecture permet des emplois didactiques. L’arborescence, comme structure imagée d’une part, implique par sa croissance, le déploiement d’une ligne conductrice, d’un ductus, qui guide la « compositio »[2] c’est-à-dire l’ordonnancement d’une matière textuelle et/ou iconographique. En effet, l’image des racines, du tronc et des branches permet la mise en place d’un itinéraire visuel, mental et spirituel qui peut guider l’apprentissage. D’autre part, l’image de l’arbre peut être un outil propédeutique au sens où elle constitue une structure propre à favoriser la pédagogie. L’image de l’arborescence régule dès lors la lecture et offre la possibilité d’une compréhension synoptique de la matière étudiée. La structure et l’image de la structure font de l’arbre et de ses composantes des outils propres à la transmission de sapience.

C’est donc dans une logique réflexive que se profilent ces journées d’études sur l’arborescence. Progression physique, systématique, métaphorique, symbolique qui mène par les chemins de la connaissance vers une maturation intellectuelle. Pour tenter de comprendre les divers embranchements de l’arborescence dans la littérature et dans l’iconographie, les processus étudiés pourront être envisagés en synchronie ou en diachronie. Les études pourront porter sur des ébauches momentanées à développer et/ou concrétiser, ou sur une évolution performative d’un cas d’étude, qu’il soit philosophique, littéraire, linguistique, historique, artistique ou sociétal.

Devant la variété formelle des arborescences, les études iconographiques et littéraires peuvent s’attacher aux liens entre l’adaptation d’une forme et le processus dont elle permet la mise en acte. Elles permettent également, à travers une réflexion sur la variabilité des formes et des contextes, de réfléchir sur les liens visuels entre images matérielles et images mentales. Enfin, elles peuvent être l’occasion d’une interrogation sur l’efficacité de l’image dans des domaines qui ne sont pas réductibles à l’histoire de l’art et à l’histoire de la littérature. Dès lors, nous pourrons nous demander en quoi l’arborescence, à la fois image et structure imagée, peut-être un outil, un instrument, un moyen d’apprendre et de faire apprendre.

La première journée prévue pour le 2 décembre 2015 à Tours concentre le champ d’investigation sur les périodes médiévale et renaissante. Elle sera l’occasion d’aborder des points fondamentaux de la mise en place textuelle et iconographique médiévale et renaissante, c’est-à-dire la compositio et l’ordinatio [3].

 

Journée d’études doctorants / jeunes chercheurs, proposé par Naïs Virenque (Doctorante en histoire de l’art à l’université François Rabelais de Tours – CESR) et Elodie Fourcq (Doctorante en langue et littérature française à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour – CRPHLL)

Les propositions de communication feront une page maximum. Elles comprendront un titre, un résumé et une présentation sommaire de l’intervenant (Nom, Prénom, domaine de recherches, université de rattachement, adresse mail). Elles seront adressées aux deux organisatrices avant le 10.10.2015.

Contacts : Naïs Virenque (nais.virenque@univ-tours.fr) ; Elodie Fourcq  (elodie.fourcq@univ-pau.fr)

Bibliographie indicative :

  • Bolzoni, Lina, La rete delle immagini. Predicazione in volgare della origini a Bernardino di Siena, Turin, ed. Einaudi, 2009.
  • Carruthers, Mary, Le livre de la mémoire : une étude de la mémoire dans la culture médiévale, [trad. Diane Meur], Paris, ed. Macula, 2002.
  • Cook, Roger, The tree of life. Symbol of the centre, Londres, ed. Thames and Hudson, 1974.
  • Duby, Georges, « La ligne et le labyrinthe : les structures de la pensée latine », dans Civilisation latine, Paris, Orban, 1986.
  • Dufour-Kowalska, Gabrielle, L’arbre de vie et la croix : essai sur l’imagination visionnaire, Genève, ed. du Tricorne, 1985.
  • Eco, Umberto, De l’arbre au labyrinthe : études historiques sur le signe et l’interprétation, [trad. Hélène Sauvage], Paris, Librairie générale française, 2001.
  • Espagne, Michel, De l’archive au texte, Paris, PUF, 1998.
  • Fasseur, Valérie ; James-Raoul, Danièle et Valette Jean-René, L’arbre au Moyen Âge : actes du colloque international de Bordeaux et de Pau, 25-26 septembre 2008, Paris, PUPS, 2010.
  • Heck, Christian (dir.), Lecture, représentation et citation. L’image comme texte et l’image comme signe (XIe-XVIIe siècle), Paris, ed. Université Charles-de-Gaulle — Lille III, 1992
  • Jeay, Madeleine, Donner la parole : l’histoire-cadre dans les recueils de nouvelles des XVe – XVIe siècles, Montréal, ed. CERES, 1992.
  • Panofsky, Erwin, Essais d’iconologie, Paris, Gallimard, 1967.
  • Paravicini Bagliani, Agostino, Le monde végétal. Médecine, botanique, symbolique, Impruneta, ed. del Galluzzo, 2009.
  • Rossi, Paolo, Clavis Universalis : arti mnemoniche e logica combinatoria da Lullo a Leibniz, Milan, Naples, R.Ricciardi, 1960.
  • Salonius, Pippa et Worm, Andrea (dir.), The tree : Symbol, Allegory, and Mnemonic Device in Medieval Art and Thought, Turnhout, ed. Brepols Publishers, 2014
  • Schaer, Roland, Tous les savoirs du monde : encyclopédies et bibliothèques, de Sumer au XXIe siècle, Paris, Flammarion, 1996.
  • Traschsler, Richard, Disjointures-Conjointures : Etude sur l’interférence des matières narratives dans la littérature française du Moyen-Âge, Tübingen, A. Francke Verlag Tübingen und Basel, Romanica Helvetica, vol. 120, 2000.

 

[1] Gaffiot, Félix, Le grand Gaffiot : dictionnaire latin-français, Paris, Hachette, 2000.

[2] Nous entendons les sens de « compositio » selon les définitions données dans le Gaffiot : « Action d’apparier (mettre par paire)  / Préparation, mixture / Composition d’un ouvrage/ Accommodement d’un différend, réconciliation, accord / Disposition, arrangement / Agencement des mots dans la phrase » dans Ibid.

[3] Traschsler, Richard, Disjointures-Conjointures : Etude sur l’interférence des matières narratives dans la littérature française du Moyen-Âge, Tübingen, A. Francke Verlag Tübingen und Basel, Romanica Helvetica, vol. 120, 2000.

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