Appel à communication : « Troisième congrès francophone d’histoire de la construction » (Nantes, 21-23 juin 2017)

NantesAprès la création de l’association francophone de l’histoire de la construction (2010), et à la suite de l’organisation des congrès de Paris (2008) et de Lyon (2014), les manifestations se poursuivent : le prochain congrès francophone sera organisé à Nantes du 21 au 23 juin 2017. L’histoire de la construction francophone et internationale témoigne ainsi de sa vitalité et s’inscrit dans la pérennité.

Une fois encore l’interdisciplinarité, sans laquelle ne peut se concevoir l’histoire de la construction, sera le
maître-mot de ce congrès. L’archéologie, l’histoire de l’architecture, l’histoire du droit, l’ingénierie, la mécanique,
la littérature… confrontées dans leurs méthodes et leurs résultats seront à nouveau convoquées pour contribuer à l’émergence d’une histoire du bâti. Comme dans les précédentes manifestations, ce congrès a pour objectif de réunir praticiens de la construction et chercheurs qui étudient l’histoire de la construction. Le croisement des regards sur un même objet d’étude, la construction, avec des méthodes différentes et complémentaires, permettra d’enrichir les questionnements actuels et d’en faire apparaître de nouveaux.

…À Nantes

Le 3e congrès francophone aura donc lieu à Nantes. Ville de carrefour et ville maritime, Nantes est une cité en
perpétuelle construction et reconstruction. Son histoire, de l’Antiquité au XXIe siècle, s’y lit partout dans ses
méthodes de construction (architecture en bois dans le port antique de Rezé), dans ses réalisations (maison
radieuse de Le Corbusier) et son urbanisme. Il n’est donc pas étonnant que Nantes, riche de plusieurs laboratoires de recherche qui placent la construction au coeur d’une partie de leurs recherches – tels que le Centre de Recherche Nantais Architectures Urbanités (CRENAU/AAU UMR 1563), le Laboratoire de recherche Archéologie et Architectures (LARA-UMR 6566 CReAAH), le Centre François Viète d’épistémologie et d’histoire des sciences et des techniques (EA 1161) – ait
été choisie pour organiser le 3e congrès francophone d’histoire de la construction.
Si les thématiques traditionnelles de l’histoire de la construction (matériaux, processus de construction, chantier,
droit et économie, métiers et acteurs, circulation des savoirs…) seront bien présentes, des sujets peu
évoqués dans les précédents colloques (construction des paysages) ou propres aux laboratoires nantais et
ligériens seront proposés et permettront de mettre en perspective les spécificités de ce type de territoire, tant
en ce qui concerne l’histoire de la construction des zones d’estuaires, entre espaces fluviaux et maritimes,
que l’architecture balnéaire ou les dispositifs défensifs des territoires de marche. Ainsi ce troisième congrès
francophone, embrassant tous les territoires dans le champ chronologique le plus large sera-t-il placé sous le
sceau de la continuité mais aussi de la nouveauté, et viendra-t-il enrichir nos connaissances sur l’art de bâtir
dans le monde.

NANTES, 21, 22 et 23 JUIN 2017
TROISIÈME CONGRÈS FRANCOPHONE D’HISTOIRE DE LA CONSTRUCTION

Site dédié et dépôt des propositions
Présentation en format PDF

Les propositions de contribution sont attendues jusqu’au 17 mai 2016, sous la forme d’un résumé de 300 mots maximum, avec un titre et assorti de six mots clés choisis parmi la liste en bas de page. Elles doivent être déposées via l’onglet Déposer du site internet.

AXES DE RECHERCHES
Les communications proposées devront s’inscrire dans une des thématiques suivantes :

1- METHODOLOGIES
Comme le soulignait la partie française du récent rapport L’histoire de la construction, Un méridien européen
(2015), l’histoire de la construction n’est pas une discipline à proprement parler, mais bien davantage un « objet
frontière » pouvant mobiliser de très nombreux champs du savoir. Dès lors, la question des méthodologies
employées pour produire cette histoire matérielle et humaine se doit continuellement d’être posée. Ainsi les
contributions pourront envisager la question du lien entre différents territoires disciplinaires, et notamment
du rapport fort quoique parfois ambigu avec l’histoire de l’architecture, de la spécificité de l’archéologie de la
construction, ou encore de l’articulation de savoirs produits tant par des historiens que par des praticiens. De
façon plus spécifique, nous encourageons les interventions portant sur la question des sources de l’histoire
de la construction (scripturaires, graphiques, iconographiques, matérielles…) et notamment sur l’apport du
numérique à l’élaboration de ce savoir.

2- PROCESSUS DE CONCEPTION/PROCESSUS DE CONSTRUCTION
Concevoir et construire constituent des temps majeurs du processus de production de l’architecture. La question
de l’articulation de ces deux moments peut évoquer des temporalités différenciées : de l’usage de la
maquette à la réflexion sur les matériaux et aux recherches d’amélioration dans le contexte contemporain.
Des approches techniques de la conception et de la mise en oeuvre pourront être développées. Le rapport
avec d’autres domaines, artisanat et industrie, pourra constituer un autre axe. Les relations entre architectes
et ingénieurs pourront aussi être interrogées, dans le contexte contemporain des enjeux du numérique (le
BIM – Building Information Modelling – a-t-il déjà une histoire ?). La thématique des modèles constructifs,
aussi bien dans sa dimension historique que dans l’analyse fouillée des composants et/ou de leurs modes de
mise en oeuvre, incitera à travailler d’autres dimensions ou d’autres temporalités du projet du mode conceptuel
au mode constructif.

3- CHANTIER
Le chantier, dans sa polyvalence fonctionnelle et la variété de ses acceptions terminologiques, constitue un
objet privilégié pour l’historien de la construction. Depuis la carrière d’extraction des mégalithes préhistoriques
jusqu’aux chantiers mécanisés à poutres métalliques du premier XXe siècle en passant par la loge des
maçons médiévaux, il est le lieu de la cristallisation des techniques et joue, à ce titre, un rôle de relai dans la
circulation des savoir-faire. S’inspirant des perspectives tracées en histoire des sciences par le prise en compte
de l’historicité locale des savoirs scientifiques (Leviathan and the Air-Pump : Hobbes, Boyle, and the Experimental
Life, de S. Shapin et S. Schaffer), les communications pourront aborder le chantier de construction
dans sa dimension éminemment située, comme le fruit de la cristallisation de conjonctures culturelles, économiques
ou sociales. Une telle perspective micro-historique sera susceptible d’éclairer le fonctionnement du
chantier, tant en ce qui concerne les temporalités fines de ses phases de construction et de démolition qu’au
sujet de son appareillage outillé ou de son organisation pratique.

4- DROIT ET ÉCONOMIE DE LA CONSTRUCTION
Le temps du chantier met en jeu une complexité législative et réglementaire appliquée tant à la conception
qu’à l’exécution, contrôle public exercé sur des acteurs privés. À l’articulation du public et du privé, le questionnement
portera sur les modes et les enjeux du financement de la maîtrise d’ouvrage et de l’exécution, sur
la dévolution de la commande, adjudication, marché, exécution par voie d’économie, régie, « bon emploi »
des fonds, responsabilité envers les tiers… On s’intéressera aux missions respectives des architectes concepteurs
et des architectes d’opération ou des « inspecteurs », des responsables de la conduite de chantier et des
entreprises, ainsi qu’aux conditions de l’expertise. La question concernera globalement les entreprises et leur
fonctionnement ; elle pourra également se recentrer sur les exécutants ouvriers, interrogeant l’évolution du
droit du travail ainsi que les questions d’hygiène et de sécurité.

5- MATIERE/MATERIAUX
Matières premières transformées ou non, évolutions des mises en oeuvre au sein d’une même typologie
de produits ou au contraire par rupture et introduction d’un nouveau type, implications structurelles ou de
conceptions d’ensemble, les matériaux sont au coeur de l’ensemble des processus constructifs. Dès l’élaboration
du projet, les matériaux à choisir pour telle ou telle partie du bâtiment ou de l’ouvrage sont un enjeu central
de la conception et se retrouvent ensuite jusqu’à son achèvement. Cette thématique pourra être abordée
dans une chronologie large selon des angles d’étude complémentaires : autonomie du choix ou contraintes
socio-économiques, culturelles ou géographiques, confrontation des enjeux du passage des techniques artisanales
à l’industrialisation, approvisionnement et circulations, coûts spécifiques…

6- FABRIQUE DES AMBIANCES
Cette thématique cherche à confronter l’histoire de la construction à la dimension immatérielle du milieu
construit caractérisée par la notion d’ambiance. Elle questionne les techniques, les méthodes et les acteurs
de la construction ayant pour objectif la création d’une ambiance architecturale ou urbaine. L’ensemble des
phénomènes physiques participant à la perception sensible de l’environnement bâti (la lumière, la chaleur, le
son, le vent…) ainsi que des notions associées (le confort, la santé, la performance…) pourra être convoqué.
Nous nous intéresserons également à l’histoire de la maîtrise de l’énergie dans les constructions, agissant
directement sur l’ambiance par ses matériaux et ses savoir-faire spécifiques. Enfin, cette thématique interroge
le rôle de l’ambiance dans la théorie et les techniques d’intervention sur les bâtiments existants au regard des
enjeux du patrimoine immatériel.

7- METIERS – ACTEURS (ethnologie de la construction)
L’acte de construire engage divers acteurs dans les processus de conception et d’exécution des ouvrages. Des
métiers et des professions relevant de diverses disciplines sont à l’oeuvre dans ces processus : architectes,
ingénieurs, entrepreneurs, experts, artisans, ouvriers… L’exploration des rôles respectifs des différents acteurs
de la construction contribue à la définition de ces métiers. On s’intéressera à leurs modes d’action renvoyés
à des états sociaux et économiques ainsi qu’à des connaissances scientifiques, techniques et pratiques en
mobilité au cours du temps. Cette exploration rencontre notamment la question du genre : si aujourd’hui
les femmes sont largement majoritaires dans les écoles d’architecture, qu’en a-t-il été de leur place dans le
champ de la construction, le chantier apparaissant encore comme un champ social particulièrement masculin.

8- CIRCULATION DES SAVOIRS
La question de la circulation des savoirs, qui fait aujourd’hui l’objet de nombreuses études pluridisciplinaires,
permettra de s’intéresser à la fois à la transmission des savoirs (modes d’enseignements, apprentissages) et
aux objets de cette transmission dans la littérature technique et constructive et les textes littéraires. À travers
ces deux axes principaux, il est possible de se pencher sur les acteurs de cette transmission (savants, techniciens…),
sur la nature des savoirs qui circulent, sur leur méthode d’analyse et sur leur réception.

9- DÉFENSE DES FRONTIERES MARITIMES ET TERRESTRES
Depuis au moins l’époque romaine, les frontières terrestres et maritimes ont régulièrement fait l’objet d’entreprises
de mise en défense qui traduisent en général des situations politiques singulières. Dans ce cadre, on
accordera une attention particulière d’une part aux zones de marches communes ou séparantes, caractéristiques
notamment de la période médiévale, et d’autre part aux littoraux méditerranéen et atlantique. Il sera
bien sûr question ici d’architecture militaire (castella, castra, châteaux, forts, fortins, casemates, blockhaus…)
mais aussi de circulation des modèles et de relation entre formes architecturales et évolutions de l’armement
offensif et défensif. Des réflexions portant sur les systèmes défensifs, dans des secteurs bien définis et à des
périodes données, sont également attendues (lieux d’implantation, stratégie…).

10- CONSTRUCTION DES PAYSAGES
Si l’étude de la planification paysagère et urbaine semble échapper a priori aux domaines de compétence
de l’histoire de la construction, le paysage en lui-même, qu’il soit rationnellement pensé ou le fruit de la
contingence fortuite, est bel et bien construit. Ainsi, les espaces de circulation et de voirie (chemin, route,
autoroute…), les franchissements et les ouvrages d’art ou encore les infrastructures de transport (gares, aéroports…)
pourront être analysés en tant qu’éléments constitutifs des paysages. Cette thématique portera donc
sur l’aménagement des espaces publics, mais aussi sur la construction des jardins, des parcs et des espaces
verts au sens large ainsi que la structuration des espaces ruraux

11- CONSTRUCTION EN MILIEU HUMIDE
On s’intéressera ici aux aménagements portuaires et aux édifices construits sur des sols humides, qu’ils soient
situés en contexte maritime ou en lien avec des fleuves et des rivières. Les modes de construction dans
ces milieux sont en effet particulièrement spécifiques, notamment en fondations mais également en partie
aérienne ou de support. On pense naturellement à la stabilité des constructions et des ouvrages, en termes
de connaissance et de contrôle des sous-sols et des sols noyés ou non, ou encore en termes de choix des
matériaux, de leur mise en oeuvre et de leur association éventuelle. On pourra également aborder d’autres
problématiques constructives qui touchent non seulement à la stabilité mais également aux altérations et à la
pérennité : courants, marées ou encore salinité en milieu maritime ou estuarien.

12- LITTORAL
Le littoral est toujours vécu selon plusieurs registres parfois contradictoires. De récentes catastrophes en ont
posé de manière dramatique les enjeux les plus forts : espace de plaisir, espace de l’économie, espace de la
nature, espace du contrôle et de la sécurité du trait de côte et des accès par la mer ou par la terre. La construction
balnéaire à étudier pour elle-même, à la fois comme élaboration urbaine et comme création architecturale,
ne saurait se comprendre sans les enjeux techniques de la pérennisation et de la stabilisation de la rive
maritime, avec ses enrochements, ses remblais et ses digues. Les enjeux contemporains de la protection des
espaces naturels posent aujourd’hui de nouveaux questionnements aux aménageurs et aux concepteurs, de
l’interprétation de la loi littoral aux enjeux plus inattendus des déconstructions.

13- CONSTRUIRE LA MER
Au-delà de questions territoriales ou d’ensemble liées au littoral ou à la construction des paysages, le fait maritime
pose des questions spécifiques. Seront évoqués ici les espaces des activités de l’économie de la pêche
et des échanges. Les enjeux de la circulation maritime passent ainsi par des constructions singulières comme
les phares ou par des aménagements complexes. Il sera prêté une attention toute particulière aux ports, dans
leur organisation générale d’interface entre la terre et la mer (plan, fonctionnalités), leurs équipements spécifiques
(bâtiments, ouvrages, bassins, formes ou cales…), tout comme dans leur originalité comme lieu-même
d’une autre construction, navale celle-ci, dont on discutera, y compris en ouvrant sur le champ des techniques
du navire, ou de la place de cette thématique dans une histoire de la construction prise au sens le plus large.

14- FLEUVES, ESTUAIRES, AFFLUENTS
Il s’agira ici d’aborder, le fleuve (et ses affluents) comme système aménagé et construit, dans ses différentes
échelles et ses temporalités complexes. Espace privilégié de la circulation et des échanges, le fleuve se révèle
également comme un espace construit autour de ses dimensions d’usage et de projet : berges, hallages,
quais urbains ou portuaires, levées, franchissement… Mais le fleuve est parfois « inconstructible ». Comment
circuler, traverser, échanger en ce cas : le canal est-il palliatif ou complément, le pont est-il possible ou faut-il
passer autrement ? L’évolution des transports est un des éléments de compréhension des changements ou
des ruptures, des abandons ou des redécouvertes du fleuve dans son environnement. La ville enfin, et ses
aménagements économiques associés comme les ports, se pose comme un élément majeur de l’aménagement
du fleuve et de son contrôle, parfois jusqu’à son comblement. Les villes d’estuaire feront ici l’objet d’une
attention particulière.

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