Appel à communication : « Des musées d’arts industriels aux collections d’arts décoratifs, les enjeux de la valorisation patrimoniale d’un passé industriel (Mulhouse, 30 mars 2017)

sans-titre-1L’histoire récente des musées d’arts décoratifs résulte des débats sur la place du musée dans la formation des ouvriers d’art. Les principaux musées d’arts décoratifs en Europe ont été édifiés pour rassembler des chefs-d’œuvre du passé dans le but de contribuer à l’édification du goût : en 1851, le South Kensington Museum de Londres ; en 1864, le Osterreichisches Museum für Kunst und Industrie de Vienne ou encore le projet de l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie. L’ouverture de ces musées avait pour but de proposer des modèles représentatifs de l’histoire des arts décoratifs pour les élèves et les professionnels, selon une vision défendue par Marius Vachon [1]. Mais en 1905, l’installation définitive des collections du musée de l’Union Centrale des Arts Décoratifs à Paris dans le pavillon de Marsan marque une évolution dans la valeur accordée à l’objet qui acquiert le statut d’œuvre d’art, exposé en tant que telle [2]. Le musée parisien est révélateur d’un engouement pour les collections d’arts décoratifs, constituées le plus souvent comme un département du musée des beaux-arts, mais qui parfois obtiennent leur autonomie avec l’ouverture d’un musée spécialisé [3].

Il faut attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que l’attrait pour les arts décoratifs et la valorisation d’un passé industriel donnent lieu à des redéploiements de collections ou à de nouvelles initiatives. Des collectivités territoriales et des associations s’emparent de ces questions pour mettre en œuvre des politiques patrimoniales en faveur de productions encore en activité ou appartenant au passé industriel. L’évolution du contexte a contribué à modifier les enjeux muséographiques, le musée est passé de la vitrine de l’excellence à la réception d’un patrimoine, soumis aux aléas de la conservation, notamment dans le contexte des fermetures d’usines et de délocalisations. Enfin durant les années 2000/2010, on assiste dans toute la France à de nombreux chantiers redéployant les collections des musées d’arts industriels du XIXe siècle tandis que des collections d’arts décoratifs sont installés dans de nouveaux bâtiments [4]. Autant de projets révélateurs des politiques de valorisation d’un patrimoine ainsi que de l’intérêt du public pour les arts décoratifs.

Cette journée d’études a pour objectif de revenir sur l’histoire complexe de ces collections :

Les propositions pourront porter sur (liste non exhaustive) :

  • La constitution des collections d’arts décoratifs en Europe et le rôle des personnalités, journalistes, collectionneurs ou politiques
  • L’évolution des objets et documents conservés, la valorisation des savoir-faire, des techniques de productions
  • La définition du musée par rapport à celui des beaux-arts, un parcours encyclopédique ou spécialisé
  • Le statut de l’objet dans la muséographie et dans la conception des collections
  • La place des industries du luxe dans les musées, notamment dans les cas de valorisation d’une industrie locale
  • L’apparition des objets contemporains, du Design et la conservation des fonds d’archives

Les propositions devront comporter un titre, un résumé (300 mots maximum) pour la communication, une présentation en quelques lignes de l’intervenant et quelques références de ses publications.

Les propositions sont à envoyer au plus tard le 2 janvier 2017 à l’adresse suivante : aziza.gril-mariotte@uha.fr.

Lieu et date : Mulhouse, Université de Haute-Alsace, Campus Fonderie, jeudi 30 mars 2017

Comité d’organisation : Aziza Gril-Mariotte, Maître de conférences en histoire de l’art, Université de Haute-Alsace

Comité scientifique :

Arnaud Bertinet, Maître de conférences en histoire de l’art – Université Paris I Panthéon-Sorbonne
Hervé Doucet, Maître de conférences en histoire de l’art – Université de Strasbourg
Rossella Froissart, Professeur d’histoire de l’art contemporain – Université d’Aix-Marseille
Bernard Jacqué, Conservateur honoraire du musée du papier peint de Rixheim – chercheur associé au CRESAT
Pauline Prevost Marcilhacy, Maître de conférences en histoire de l’art – Lille 3

[1] Marius Vachon, Nos industries d’art en péril. Un musée municipal d’études d’art industriel. Paris : L. Baschet, 1882. Le musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne est pensé par Marius Vachon selon ce schéma en 1889 lorsqu’il réorganise le « musée de fabrique ».

[2] Rossela Froissart, « Les collections du musée des Arts Décoratifs de Paris : modèles de savoir technique ou objets d’art ? », in Georgel C. (dir.), La jeunesse des musées, catalogue de l’exposition, Musée d’Orsay, 1994, p. 83-90. La question de la formation des ouvriers d’art n’est pas pour autant abandonnée, mais elle s’incarne davantage dans l’installation de la bibliothèque spécialisée.

[3] On peut citer Strasbourg dans le Palais de Rohan (1898), Lyon (1925), Nantes (1924-1972), Bourges (1951), musée de École de Nancy (1954), Bordeaux (1955).

[4] On peut citer la rénovation en 2001 du musée d’art et d’industrie de Saint-Etienne qui a permis la valorisation des 3 grandes collections liés à l’histoire industrielle de la ville, la même année voit l’ouverture de la Piscine Musée d’Art et d’Industrie à Roubaix ; en 2005, les Arts Décoratifs de Paris rouvre après huit ans de travaux. En 2012, c’est au Musée National de porcelaine Adrien Dubouché dont les collections datent de 1854, de rouvrir après la construction d’un nouvel espace, en s’inscrivant dans une collaboration avec la Cité de la céramique de Sèvres. La preuve de cet engouement pour les arts décoratifs et le Design est la rénovation à Marseille du château Borely qui rassemble depuis 2013 les collections d’art décoratif éparpillées dans les différents musées de la ville, complétés par des dépôts, notamment pour les périodes les plus récentes.


Des musées d’arts industriels aux collections d’arts décoratifs, les enjeux de la valorisation patrimoniale d’un passé industriel
Journée d’études organisée par le Centre de recherches sur les économies, les sociétés, les arts et techniques (CRESAT) – Université de Haute-Alsace

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