Appel à communications « Faire le Fou. L’art des bouffons dans l’Europe moderne » (Paris, 18-20 nov. 2024)

[English below]

Appel à communications

Faire le Fou. L’art des bouffons dans l’Europe moderne

Colloque international

18-20 novembre 2024

Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie, Charenton
Institut National d’Histoire de l’Art, Paris
Musée du Louvre, Centre Dominique-Vivant Denon, en lien avec l’exposition
Figures du Fou (automne 2024 – début 2025)


Le bouffon est un être paradoxal : un subalterne intégré à une vie sociale d’élite.
C’est donc un outsider, mais particulièrement compétent. Fous, nains et autres
« monstres », hommes ou femmes, souvent handicapés, sont autant de bouffons qui
voyagent de cour en cour, ou encore depuis les ancêtres des hôpitaux psychiatriques
jusqu’aux palais des rois.


Étudier l’art des bouffons, à la fois virtuoses et marginaux, éclaire d’une lumière
neuve le patrimoine culturel européen. En effet, par leur position sociale, les bouffons
laissent des traces. Beaucoup d’entre elles sont indirectes : des images et des récits,
notamment au théâtre, car les bouffons sont experts en performance. Leur expertise mérite
d’être interrogée comme une compétence artistique, d’une part, parce que les bouffons se
produisent en spectacle quotidien pour leurs maîtres, d’autre part parce que nombre
d’entre eux écrivent des lettres, des poèmes ou des chroniques burlesques de leur temps,
telle celle que Francesillo de Zúñiga consacre à Charles Quint.


L’exclusion des bouffons de notre idée de l’histoire de l’art, loin d’être
uniquement une discrimination, est un effet de leur exclusion des arts nobles. Une
concurrence se joue en effet entre artistes libéraux et bouffonnesques, notamment dans
une littérature humoristique où bouffons et poètes rivalisent en traits d’esprit. Avant que
le Romantisme réhabilite les bouffons shakespeariens, comme l’a étudié Jean Starobinski
dans son Portrait de l’artiste en saltimbanque (1970), l’époque moderne construit son
esthétique dans une logique d’exclusion des bouffons, ainsi dans le royaume de France,
ou du moins selon un principe de distinction, comme lorsque Velázquez peint une
véritable galerie d’hommes non-illustres dans ses portraits bouffonnesques pour
Philippe IV d’Espagne. À rebours d’un jugement moqueur ou pathologisant sur ces êtres
d’exception, nous suggérons d’approcher les bouffons, nains et fous comme des artistes
de cour paradoxaux, pour revisiter l’histoire des arts à travers un prisme inclusif.

L’objectif de ces journées d’études est d’interroger la rivalité entre artistes et
bouffons, ces derniers bénéficiant souvent d’un mécénat plus sûr que les poètes et les
peintres. Il s’agira de définir le statut du bouffon, entre subalternité et handicap, avec les
instruments de l’anthropologie historique, de l’histoire sociale et de l’histoire de l’art. On
pourra explorer des parcours de bouffons, l’esthétique « monstrueuse » portée par ces
figures, et leur importance comme anti-modèles de poètes ou d’artistes. D’autres
questionnements seront bienvenus sur la distinction des bouffons en fous véritables
(naturels) et fous comédiens (feints), ou sur les représentations des bouffons par les textes,
les images ou les performances par lesquelles les artistes canoniques s’approchent de ces
figures. Il sera ainsi possible de questionner les relations entre compétence artistique,
distinction sociale et handicap en Europe du XVIe au XVIIIe siècles.


Les communications, d’une durée de 30 minutes, pourront être données en
français ou anglais. Les propositions sont à transmettre d’ici au 1er avril 2024 à
hector.ruiz-soto@cnrs.fr (maximum 200 mots, complétés d’une brève présentation biobibliographique,
en français ou anglais). Les frais de transport et de séjour des
intervenants/intervenantes seront pris en charge.


Comité scientifique :
Elisabeth Antoine-König, Conservatrice générale au département des Objets
d’art, Musée du Louvre
Florence d’Artois, MCF HDR, membre junior de l’IUF, Sorbonne Université
Philippe Cordez, HDR, Adjoint à la directrice des études muséales et de l’appui
à la recherche, Chef du service de l’appui à la recherche, Centre Dominique-Vivant
Denon, musée du Louvre.
Pierre-Yves Le Pogam, Conservateur général au Département des Sculptures,
Musée du Louvre
Hector Ruiz Soto, chercheur post-doctoral, CNRS / UMR Héritages (9022)
Cécile Vincent-Cassy, Professeure des Universités, Directrice adjointe de l’UMR
Héritages (9022), CY Cergy Paris Université


Ces journées sont organisées par Hector Ruiz Soto dans le cadre du projet FAME,
« Fools as Artists in Modern Europe: Jesters, Dwarves and the Aesthetics of
Monstrosity » financé par l’Agence Nationale de la Recherche, programme Access
ERC 2023, au sein du CNRS, UMR Héritages (9022).

Call for Papers

Playing Fools? The Art of the Jester in Modern Europe

International Conference

18-20 November 2024


Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie, Charenton
Institut National d’Histoire de l’Art, Paris
Musée du Louvre, Centre Dominique-Vivant Denon, in conjunction with the exhibition
Figures du Fou (autumn 2024 – early 2025)


The jester is a paradoxical figure: a subordinate included in elite social circles.
Thus, he is an outsider, albeit a remarkably proficient one. Jesters, comprising fools,
dwarfs, and other “monsters” – both men and women, often with disabilities – are
itinerant, travelling from one court to another or from the precursors of psychiatric
hospitals to the realms of royalty.


Examining the jesters’ craft – as virtuosos and outsiders – provides an innovative
perspective on European cultural legacy. Jesters leave behind traces due to their social
position. These traces primarily involve images and texts, especially in the theatre, since
jesters were experts in performance. Their artistic skills warrant analysis because they
performed daily for their masters and authored letters, poems, and burlesque chronicles
of their era, such as Francesillo de Zúñiga’s account of Charles V.


The exclusion of jesters from our conception of art history is not purely
discriminatory, but rather a result of their exclusion from fine arts. Liberal artists and
jesters rivalled for supremacy in jokes and poetry, particularly in humorous literature.
Prior to the rehabilitation of Shakespearean jesters during the Romantic era, as evidenced
by Jean Starobinsky in his Portrait de l’artiste en saltimbanque (1970), the modern period
established its aesthetic standards around the exclusion of jesters (kingdom of France) or,
at least, a principle of distinction, as exemplified by Velazquez’s gallery of non-illustrious
men in his jester portraits. Instead of pathologising or mocking these unique individuals,
we approach jesters, dwarves, and fools more inclusively as paradoxical court artists.

The conference aims to scrutinise the competition between artists and jesters, with
the latter frequently obtaining more stable patronage than poets and painters. Our goal is
to establish the status of jesters between subalternity and disability, applying the
methodologies of historical anthropology, social history, and art history. We intend to
delve into the careers of jesters, analyse the ‘monstrous’ aesthetics associated with these
figures, and highlight their significance as anti-models for poets and artists. The
distinction between jesters described as natural fools and those who feigned foolishness
will be questioned. Similarly, the depiction of jesters in canonical artists’ works, through
texts, images, and performances, will also be studied. This will result in an examination
of the correlation between artistic ability, social standing, and disability in Europe, from
the 16th to 18th centuries.


Presentations, in either French or English, will last 30 minutes. Please send
proposals by 1 April 2024 to hector.ruiz-soto@cnrs.fr. Proposals must not exceed 200
words and should be accompanied with a short bio-bibliographical presentation, in either
French or English. Travel and subsistence expenses for speakers will be covered.


Scientific Committee:
Elisabeth Antoine-König, General Curator, Department of Works of Art, Musée
du Louvre
Florence d’Artois, MCF HDR, junior member of the IUF, Sorbonne University
Philippe Cordez, HDR, Assistant to the Director of Museum Studies and
Research Support, Head of Research Support, Centre Dominique-Vivant Denon, Musée
du Louvre.
Pierre-Yves Le Pogam, General Curator, Department of Sculpture, Musée du
Louvre
Hector Ruiz Soto, post-doctoral researcher, CNRS / UMR Héritages (9022)
Cécile Vincent-Cassy, University Professor, Deputy Director of the UMR
Héritages (9022), CY Cergy Paris Université


The conference is organised by Hector Ruiz Soto as part of the FAME project, ‘Fools as
Artists in Modern Europe: Jesters, Dwarves and the Aesthetics of Monstrosity’, within
the CNRS, UMR Héritages (9022). The funding for this project is provided by the
Agence Nationale de la Recherche, Access ERC 2023 programme.

Image

Domenico Zampieri (1581-1641), Nain assis, jouant du luth ; reprise de la tête, Musée du Louvre, Département des Arts graphiques, INV 9089, Recto  https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl020006145

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