Appel à contribution : « esse magazine: Reconstitution / Re-Enactment »

RECONSTITUTION / RE-ENACTMENT

Deadline-CFP: 1 avr. 2013

L’engouement autour de la «reconstitution» (re-enactment) que l’on observe depuis un certain temps dans le domaine des arts est un phénomène que esse, dans ce dossier, souhaite interroger sous un angle critique. D’entrée de jeu, un problème terminologique se pose eu égard à la généralisation des manifestations de reprise, de répétition, de réactualisation, de recyclage, de reconstruction et autres « re- » souvent invoqués en vrac dans les discours artistiques, si bien que le sens spécifique et la portée critique des pratiques relevant de la « reconstitution » tendent à se perdre. D’abord, y a-t-il une véritable spécificité au geste de « reconstituer » en art et si oui, quelles en sont les formes privilégiées ? D’après la définition qu’en donne le glossaire du catalogue de la Triennale 2011 du Musée d’art contemporain de Montréal, ce geste consiste en « une actualisation qui s’éloigne de façon significative des notions postmodernes d’appropriation et de citation. La reconstitution n’est pas une stratégie parmi d’autres, mais un retour sur soi, sur l’autre et sur le passé qui soulève un ensemble de questions sur notre présent et s’inscrit à rebours des idéologies d’une fin de l’histoire. » (p. 00.04.47)

L’idée que la reconstitution vise à instaurer une nouvelle relation au passé par un retour sur sa propre histoire est inhérente au terme anglais re-enactment, lequel est beaucoup moins ambigu et vaste que sa traduction française. C’est d’ailleurs l’acception anglaise de la reconstitution que nous privilégions ici afin de prendre en compte la dimension politique de cette notion issue du lexique performatif (du geste, de l’action, de la mise en scène, etc.). Dans un sens très général, re enactment désigne la représentation réitérée d’événements historiques, politiques, culturels ou artistiques, soit la « performance » actualisée de ces événements passés selon des modalités diverses qui vont de l’hommage à la parodie, et ce, dans le but de repenser notre mémoire collective en lien avec sa médiation. Parmi les formes artistiques les plus récurrentes de re-enactment, outre bien sûr la performance, on peut mentionner le tableau vivant, une pratique par laquelle les artistes contemporains revisitent l’histoire de l’art, ses conventions et ses modèles de représentation, mais aussi les relectures de textes culturels puisés dans le répertoire du cinéma, dans l’univers médiatique du spectacle, de la culture populaire, etc., de même que la reproduction d’œuvres et d’accrochages muséaux dans de nouveaux contextes. Devant l’étendue du phénomène, on peut se demander si le geste de reconstituer ne risque pas de perdre à la fois sa visée historique et sa dimension performative propres, pour devenir un procédé stylistique au même titre que le montage et la citation, par exemple. Dès lors, comment les artistes parviennent-ils à maintenir la portée politique de la reconstitution?

Dans ce dossier, il sera également essentiel de soulever les débats que suscite la reconstitution dans le domaine de la performance en se positionnant vis-à-vis du phénomène de plus en plus répandu de la reprise de performances historiques, soit par leurs auteurs, soit par d’autres artistes. Comment la remise en scène de ces performances en transforment-elles les motivations initiales ? De quelle manière la nature souvent éphémère de ces œuvres est-elle affectée? Ou encore comment sont interprétés les codes de la représentation et de la réception, précisément questionnés dans nombre de ces performances historiques ? L’intégration de la performance au système du musée par le truchement de la reconstitution n’est-elle pas un effet flagrant de la société du spectacle, qui récupère cet art politique dans une optique de divertissement ? Ce sont ces questions, et bien d’autres, que nous aimerions voir réfléchies dans ce numéro.

Les textes proposés (de 1 000 à 2 000 mots maximum, notes incluses) peuvent être envoyés à redaction@esse.ca avant le 1 avril 2013. L’auteur est prié d’inclure une courte notice biographique (50-100 mots), un résumé du texte (100 mots), ainsi que son adresse postale et son courriel. Les propositions non liées aux dossiers (critiques, essais et analyses sur différents sujets en art actuel) sont aussi les bienvenues (dates de tombée : 1er septembre, 10 janvier et 1er avril de chaque année).


RE-ENACTMENT

In its upcoming issue, esse wishes to lend a critical eye to the growing prevalence of the re-enactment in the arts domain. From the outset, there is a terminological difficulty in view of the generalized use of terms such as rerun, repetition, revival, recycling, reconstruction, and other words prefixed by “re,” liberally called upon in artistic discourse, so much so that the specific meaning and critical significance of practices related to “re-enactment” tend to be lost. This raises the question as to whether there is a genuine specificity to the gesture to “re-enact” in art, and if so, what are its preferred forms? Following the definition provided in the glossary of the Musée d’art contemporain de Montréal’s Triennale 2011 catalogue, “the gesture of re-enacting must be understood as an updating that moves a significant distance away from the postmodern notions of appropriation and quotation. Re-enactment is not one of many strategies, but a look back at oneself, at others and at the past, which raise a series of question about our present time and takes a contrary approach to that of ideologies of an end of history. (p. 00.04.77)

Inherent in the English term is the idea that re-enactment aim at establishing a new relationship with the past by revisiting its own history, a denotation much narrower and less ambiguous than its French translation. In this sense, we privilege the English sense of re-enactment in order to factor in the political dimension of this notion derived from the performance lexicon (the gesture, act, staging, etc.). In a very general sense, “re-enactment” designates the repeated representation of historical, political, cultural, or artistic events, namely the updated “performance” of these past events using various modes ranging from homage to parody, and this, with the intention of rethinking our collective memory in connection with its mediation. In addition to performance, among the most common forms of artistic re-enactment are the tableau vivant, a practice through which contemporary artists revisit art history, its conventions, and models of representation; the re-reading of cultural texts drawn from, among others, the repertoires of cinema, the universe of cultural media, and popular culture; and the reproduction of museum works in new contexts. In face of the scope of this phenomenon, one can question whether the gesture of re-enactment does not risk losing not only its distinct historical motivations but also its performative dimension, thus becoming a stylistic process akin to editing or citation, for example. That being the case, how can artists succeed in maintaining the political significance of the notion of re-enactment?

It is also important to consider the debates raised by the re-enactment in the performance domain by taking a stand vis-à-vis the increasingly widespread phenomenon of restaging historical performances, either through their original authors or through other artists. How does the re-enactment of these performances transform their initial motivations? And how does it affect the often ephemeral nature of these works? And how are the codes of representation and reception specifically questioned in many of these historical performances being re-interpreted? Is the integration of performance into the museum framework through the agency of re-enactment not simply a blatant expression of the society of the spectacle, which has reclaimed this political art form in the name of entertainment? These, among others, are the questions that we would like to see addressed in this issue.

Send your text (750-2,000 words, footnotes included) to redaction@esse.ca  before April 1, 2013. Please include a short biography (50-80 words), an abstract of the text (100 words), as well as postal and e-mail addresses.
We also welcome submissions (reviews, essays, analyses of contemporary art issues) not related to a particular theme.

 

URL de référence : http://arthist.net/archive/4584

 

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