Appel à publication : « Netherlandish Art in its Global Context », Netherlands Yearbook for History of Art (mai 2015)

Rembrandt, La Prédication de Saint Jean, Détail, Berlin, GemaldegalerieL’art hollandais témoigne de diverses manières de l’interconnectivité accrue du monde moderne. Les Pays-Bas constituaient un lieu d’intersection essentiel lors de la « première mondialisation » : Anvers et Amsterdam sont devenues des capitales mondiales tandis que la «première multinationale du monde», la Compagnie hollandaise des Indes, annonçait l’ère du capitalisme classique. Des facteurs comme la logistique mercantile, l’arrivée des missions jésuites, l’essor de l’industrie de l’édition et de la traduction ont fait de cette région un creuset d’échanges culturels. La vie quotidienne changeait alors que des objets luxueux étrangers et des copies locales devenaient largement disponibles. Les imitations hollandaises de porcelaine chinoise parvenaient jusqu’aux colons du Surinam. Ces objets n’étaient pas seulement des supports implicites ou explicites de connaissance, des véhicules d’idées grâces auxquelles de nouvelles attentes sont nées ; les Pays-Bas ont également généré un large public mondial appréciant la gravure, et ils ont vu le nombre d’artistes migrants augmenter. Les Pays-Bas, en tant que frange contestée de l’Empire des Habsbourg marquée par des lignes de fracture internes, ont fait preuve d’une souplesse intellectuelle unique et d’une productivité créative dans la première période des échanges artistique entre l’Europe et le reste du monde.

En dehors de rares productions comme la pièce de Joost van den Vondel  sur la chute de la dynastie Ming, des réflexions littéraires sur cette nouvelle interconnexion furent remarquablement clairsemées. En comparaison, Les arts visuels sont un  témoignage éloquent de la dimension mondiale du commerce et de la culture batave, depuis les peintures représentant des exotica jusqu’à la nouvelle iconographie du prosélytisme mondial. Certains peintres semblent l’avoir compris. Lorsque Samuel van Hoogstraten, dans son Introduction à l’Académie de peinture (1678), a cherché à défendre l’école hollandaise comparée à l’Italie et aux Anciens, il a élargi son territoire à  « tout le monde visible » et a étendu son analyse à l’Asie de l’est et aux Amériques. Il a loué la Prédication de Saint Jean de Rembrandt (Berlin, Gemäldegalerie) parce que s’y trouvait figurés un Indien d’Amérique et un samouraï japonais. Des expositions récentes ont porté sur la dimension «asiatique» de l’art hollandais. Le Rijksmuseum a exploré la rencontre entre l’Est et l’Ouest dans De Nederlandse ontmoeting met Azie (2002). Le Getty Museum s’est intéressé à l’Est : Rubens’s Encounter with Asia (2013) et  L’Asie à Amsterdam (2015, Rijksmuseum / Peabody Essex Museum) mettent l’accent sur ​​la façon dont l’Est a été perçu aux yeux des Occidentaux. Le Victoria & Albert Museum a examiné la question du style baroque avec 1620-1800 : Le style à l’ère de magnificence (2009). Les chercheurs sont de plus en plus nombreux à  adopter une approche mondiale et des études de cas ont porté sur l’art hollandais. Deux des premiers travaux collectifs sont parus en 2014:  Mediating Netherlandish Art and Material Culture in Asia (Kaufmann & North) se concentre sur l’impact de l’art hollandais, de la Perse à l’Indonésie ; Chinese and Japanese Porcelains for the Dutch Golden Age (Van Campen & Eliens) met en évidence le rôle unique de la céramique chinoise et japonaise dans l’histoire culturelle néerlandaise. Pourtant, une analyse de l’art hollandais intégrée dans l’histoire mondiale n’a pas encore été entreprise. Les spécialistes hésitent à réintroduire des termes universalistes comme «baroque» ou à projeter sur l’époque moderne des notions récentes comme celles de métissage culturel, impérialisme, capitalisme de consommation, et mondialisation.

Le prochain volume du Netherlands Yearbook for History of Art  entend explorer davantage la dimension mondiale de l’art hollandais. Des contributions élargissant les frontières géographiques sont sollicitées. Dans de nombreux cas, la trajectoire d’images de/issues de l’étranger implique une intersection : elles sont, par exemple, d’abord publiées dans la gravure avant de retourner dans les arts appliqués et l’architecture. L‘origine de ces images mérite l’intérêt, tout autant que leur réappropriation dans des contextes hollandais ou flamands. Les éditeurs appellent des contributions sur différents arts : peinture, sculpture, architecture, gravure, céramiques, meubles, cartes et modèles – et sur leurs relations. Les éditeurs souhaitent publier de nouvelles études de cas, mais aussi contribuer à la clarté conceptuelle et apporter des directions pour la recherche future. Qui plus est, ils espèrent que l’approche comparative proposée par l’histoire mondiale permettra de réexaminer la notion d’époque moderne  (« Early Modern ») en tant que périodisation utilisée en histoire de l’art. Quelques thèmes pourraient être abordés dans le rapport global versus local :  l’entremise de la culture matérielle,  l’imagologie,  l’hybridité culturelle, l’analyse des réseaux, l’abandon des approches eurocentriques. En outre, les contributions peuvent porter sur le rôle croissant des pays non-occidentaux au XXIe siècle dans les collections et l’étude de l’art hollandais.

Le NKJ est consacré à un thème particulier chaque année et publie des articles qui utilisent une diversité d’approches à l’étude de l’art hollandais. Pour plus d’informations, voir : http://www.brill.com/news/ brill-acquires-prestigious- netherlands-yearbook-history- art-nkj

Les contributions au NKJ (en néerlandais, anglais, allemand ou français) sont limités à un maximum de 7500 mots, à l’exclusion des notes.

La date limite de soumission des propositions est fixée au 1er janvier 2015.
La s
élection des propositions aura lieu en janvier et février 2015.
La date limite pour la soumission des articles complets pour examen et commentaire éditorial est
 fixée au 15 mai 2015.
Les décisions finales sur l’acceptation d’un article seront prises par le comité de rédaction après la réception du texte complet.

Les propositions de communication, sous la forme d’un résumé de 300 mots et un court CV, doivent être envoyées à : Eric Jorink (eric.jorink@huygens.knaw.nl ) Frits Scholten ( f.scholten@rijksmuseum.nl ) Thijs Weststeijn ( thijs.weststeijn@uva.nl )
Date limite :
 1er Janvier 2015. Notification: Février.  Echéance du premier projet : 15 mai 2015

 

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