Appel à publication : numéro 87, revue Histoire de l’art. Les humanités numériques : de nouveaux récits en histoire de l’art ?

Appel à publication : numéro 87 de la revue Histoire de l’art.

Les humanités numériques : de nouveaux récits en histoire de l’art ?

Depuis une dizaine d’années, l’histoire de l’art a peu à peu (mais encore difficilement) adopté les humanités numériques. Or celles ci sont un défi à la discipline qu’elles risquent de profondément renouveler : à la fois dans l’étude des objets traditionnels de l’histoire de l’art (qu’il s’agisse d’images ou de textes), dans la constitution des métadonnées, dans l’exploitation des données et dans les différentes formes de visualisation ou la médiations de celles-ci, notamment avec l’ouverture des données et des contenus culturels (open data).

Actuellement, on peut sans doute distinguer deux grands domaines où les humanités numériques entrent en forte interaction avec l’histoire de l’art : ce que l’on a pu appeler la Digitizing Art History, c’est à dire la réalisation et l’utilisation des corpus numérisés mais selon une approche classique ; la Computational Art History, soit une interprétation des données par des approches computationnelles permises par le machine learning dans l’analyse d’image, l’analyse textuelle, l’analyse de réseaux et enfin l’analyse spatiale[1]. On pourrait ajouter à ces domaines deux branches : le Digital viewing, qui concerne tout ce qui a trait aux phénomènes de visualisation, de la perception du regard (en lien avec les neurosciences) aux reconstitutions 3D et aux enjeux de la diffusion de l’œuvre d’art qui dépasse le stade de sa « reproductibilité technique » pour aboutir parfois avec les reproductions virtuelles à des œuvres avec un nouveau statut ; les Data Communication, qui mettent en place, dans la médiation pour le patrimoine comme dans les études scientifiques, de nouveaux modes de récits par des interfaces ou de nouveaux modes de visualisation.

Les humanités numériques ne sont donc plus uniquement un outil pour constituer des ressources en histoire de l’art, elles incitent à concevoir et à penser autrement la recherche et sa diffusion en histoire de l’art. Non seulement des types de connaissances ou des méthodes d’exploitations de celles-ci qui semblaient encore irréalisables il y a 20 ans sont désormais possibles, mais surtout de nouvelles questions, de nouveaux discours sont envisageables.

Ce numéro de la revue Histoire de l’art souhaite questionner les changements opérés par les humanités numériques, et voir s’il peut aller jusqu’à observer une révolution épistémologique. Car les nouveaux processus concernent non seulement tous les objets de l’histoire de l’art (des vases grecs à l’art numérique), mais aussi tous les champs d’études traditionnels (la création et la réception des œuvres, les modes de fabrications, les circulations, les analyses visuelles) ainsi que de nouveaux modes d’appropriation, d’interaction entre l’œuvre et le public (notamment dans la muséographie), l’étude et le chercheur. Il ambitionne d’être aussi un lieu de réflexion sur la place des humanités numériques dans la discipline : un champ de recherches spécialisé, comme il l’est actuellement, ou une partie intégrante des processus de l’histoire de l’art. C’est aussi pour cette raison que la revue Histoire de l’art consacre un numéro aux digital studies, pour créer un espace et un langage commun entre les acteurs de la discipline et les spécialistes afin d’étudier les attentes et d’élaborer des méthodes de travail et des outils.

Nous invitons donc les chercheurs jeunes ou plus confirmés, travaillant à la fois dans les universités, les centres de recherches ou les institutions patrimoniales, à proposer des articles montrant, plutôt qu’une présentation des données ou des outils, ce qui est plus pertinent dans les colloques scientifiques, ce que les humanités numériques font ou non à l’histoire de l’art. Celle-ci est naturellement entendue toutes ses acceptions possibles, de l’histoire des objets à l’histoire des théories de l’art, en passant par la sémiologie, l’histoire sociale, ou les approches technologiques. Le numéro souhaite aussi aborder les enjeux des outils et pratiques numériques pour la recherche en histoire de l’art et ceux touchant à l’enseignement et à la médiation autour de la discipline et de ses institutions.

Les articles peuvent être envoyés en anglais.

Le numéro est coordonné par Anne Klammt, responsable des humanités numériques au Centre allemand d’histoire de l’art, Antoine Courtin, chef du service numérique de la recherche au DER à l’INHA, et Olivier Bonfait pour la revue Histoire de l’art.

Les synopsis d’une page incluant une courte biographie de l’auteur sont à adresser à revueredachistoiredelart@gmail.com pour le 15 septembre 2020 au plus tard. Le Comité de rédaction étudiera les propositions envoyées avant le 30 septembre. Les projets retenus feront l’objet d’articles à remettre pour le 1er décembre 2020.

[1] Sur ces deux domaines, voir l’article d’Antoine Courtin qui donne aussi une première bibliographie de réflexion sur les humanités numériques et l’histoire de l’art : https://medium.com/@seeksanusername/digital-art-history-une-tentative-de-d%C3%A9finition-6b3c3f288683 .

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