Colloque : « De Verres et de pierres. La lumière dans l’architecture du Moyen-Age »

La question de la lumière dans l’architecture religieuse de l’Occident
médiéval y sera abordée sous divers aspects. Au Moyen Age, la lumière
artificielle (lampes, candélabres, cierges …) relève de la liturgie.
Elle est associée aux grandes cérémonies, à la veillée pascale, aux
funérailles, aux tombeaux prestigieux, aux reliques … La lumière
naturelle appartient, elle, à l’architecture. Mais en traversant les
verrières, en se chargeant des couleurs des décors intérieurs, en
créant des espaces éclairés et des zones de pénombre, elle suscite des
ambiances lumineuses et colorées adaptées aux pratiques dévotionnelles.

Comment les hommes du Moyen Age percevaient-ils ces lumières ? Les
sources écrites renseignent abondamment sur les relations qui unissent
la lumière, l’architecture, les pratiques liturgiques, les formes de
dévotion et la spiritualité. Ainsi, les rayons du soleil traversant la
verrière sans la briser évoquent la virginité de Marie. De même, les
saints reposant dans une église manifestent leur puissance par des
phénomènes lumineux, parfois des illuminations intenses, comme dans la
cathédrale de Nantes au Ve siècle. En ce qui concerne l’esthétique
architecturale, les données physiques que fournissent les analyses
archéométriques des matériaux de la construction (le verre, la pierre,
les couleurs …) et de la lumière permettent d’en restituer la réalité
médiévale. Les colorations de la pierre, les qualités des verres, les
longueurs d’onde des couleurs des peintures ou des mosaïques, tout cela
entre dans la composition d’une ambiance colorée.

C’est pourquoi une place importante sera donnée à l’étude archéologique
et à l’analyse physique des matériaux et de la lumière. Ces approches
scientifiques de la lumière sont, pour l’architecture médiévale, une
nouveauté qui ouvre un vaste champ de recherches. Grâce aux nouvelles
technologies, elles débouchent naturellement sur la restitution des
édifices étudiés dans leur état ancien, chargés de vitraux et de décors
colorés. La récente reconstitution en 3D de Cluny III et de ses
ambiances lumineuses (film Major Ecclesia, Arts et Métiers Paris Tech)
offre à l’historien de l’art une très riche matière à observations. Car
nous partageons avec les hommes du Moyen Age la même lumière naturelle.
Les vitraux carolingiens de Normandie, les verrières gothiques de
Chartres, les verres contemporains de Sainte-Foy de Conques ont reçu et
reçoivent la même énergie lumineuse qui produit les mêmes effets.
Seules changent les émotions et les interprétations : elles sont
d’abord culturelles.

Nicolas REVEYRON
Pr. Histoire de l’art et archéologie
Université Lumière-Lyon 2
Institut Universitaire de France
Directeur de l’UMR 5138, Archéométrie et Archéologie

http://colloquelumierelyon.wordpress.com

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