Colloque : « L’échange architectural : Europe et Extrême-Orient, 1550-1950 »

Ce colloque international sera l’occasion d’examiner la question des échanges opérés dans le domaine architectural entre Europe et Extrême-Orient au cours de la période 1550-1950. A priori, on peut supposer que, s’agissant de deux mondes éloignés et entrés tardivement en contact direct et régulier, l’identification de ce qui est échangé devrait s’en trouver facilitée. Pourtant, s’il semble évident de reconnaître une forteresse néerlandaise en Indonésie, des églises jésuites en Chine, une pagode chinoise en Angleterre, ou un pavillon de thé japonais en France, il est difficile d’appréhender chaque fois et d’analyser ce qui s’est passé, ce qui a été transmis ou emprunté, et comment cet échange a pu se produire. Il est donc nécessaire de procéder à une enquête portant à la fois sur les causes et le contenu de l’échange.

Les charpentiers japonais qui bâtissent au début de l’ère Meiji les premiers édifices de style victorien n’ont qu’une connaissance très limitée, sur les plans technique ou théorique, de l’architecture européenne ; ils édifient en s’inspirant de dessins ou de photographies, parfois sous la conduite de maîtres d’oeuvre européens, puis sous celle d’ingénieurs ou d’architectes japonais formés en Occident ou dans l’archipel. Cet exemple appelle à s’interroger sur les causes de l’échange, en distinguant les facteurs historiques et les vecteurs qui l’ont favorisé : rôle particulier de certains acteurs ou passeurs, transmission des savoirs, des savoir-faire et des techniques par la parole, le texte ou l’image, formation aux divers métiers concernés, importation d’outils, de matériaux ou de personnels, etc. Parallèlement, il s’agit de préciser sur quoi porte l’échange, car la transmission des modèles n’est jamais intégrale : les bâtisseurs visent tantôt à reproduire des formes, tantôt à retrouver des fonctions. Les modèles font souvent l’objet d’adaptations et de réappropriations.
Ce colloque permettra de rapprocher et confronter diverses études de cas, et de transcender les habituels découpages chronologiques et géographiques, qui tendent à fausser l’interprétation de l’échange architectural et de ses mécanismes.

Architectural Exchange: Europe and East-Asia, 1550-1950
This conference will afford an opportunity to focus on the question of exchanges in architecture between Europe and East Asia over the period 1550-1950. One might suppose that, with the great distance between these two worlds and the fact that direct and regular contacts only started late in history, what was exchanged would not be hard to trace. However, even if it is a relatively simple matter to recognize a Dutch fort in Malaysia, a Jesuit church in China, a Chinese pagoda in England, or a Japanese tea-pavilion in France, it remains difficult to grasp each time and analyze what actually happened, what was transmitted or borrowed, or how this kind of exchange took place. It is therefore necessary to examine the causes and the contents of the exchanges.
The Japanese carpenters who built the first Victorian-style buildings in the Meiji period only had a limited technical or theoretical knowledge of European architecture. They would draw inspiration from drawings or photographs, sometimes under the supervision of European master-builders, later of Japanese engineers or architects trained in the West or in Japan. This example leads to question the causes of the exchange, and to distinguish the historical factors and the vectors that helped it happen: specific actors or transmitters, transmission of knowledge, know-how or techniques through words, texts or images, education and professional training, importation of tools, materials or personnel, etc. At the same time, it is necessary to identify the contents of the exchange, as the transmission of models is never complete: builders either aim at reproducing forms, or fulfilling the same functions. Models are often adapted or appropriated. This conference will make it possible to bring together and compare different case-studies, and go beyond the usual spatial or chronological divisions, which tend to bias our interpretation of architectural exchanges and their mechanisms.

Vous trouverez plus d’informations sur http://www.inha.fr/spip.php?article4250

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