Conférence: « Aux origines de la normalisation des formats des tableaux à Paris : les « toiles de mesure » du XVIIe siècle », par Pascal Labreuche (Paris, 15 décembre 2016)

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L’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers sous la direction de Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert © Claude Yvel.

Le GRHAM recevra Pascal Labreuche pour une conférence intitulée « Aux origines de la normalisation des formats des tableaux à Paris : les « toiles de mesure » du XVIIe siècle. »

Les premières traces d’une standardisation des formats des toiles à peindre (et des bordures ou cadres) apparaissent à Paris, dès la deuxième décennie du XVIIe siècle, selon les connaissances actuelles. Un phénomène de normalisation similaire est observable dans d’autres pays d’Europe à la même époque : Italie, Pays-Bas, Angleterre.

Tous ces systèmes nationaux sont différents entre eux et les listes de formats sont généralement associées à des désignations imagées, à l’instar des noms de formats de papiers en France (Petit-Jésus, Soleil, Grand-Aigle, etc.). La France semble constituer un cas unique dans l’histoire de ces différents systèmes de normalisation : à Paris, la nomenclature se fixe une fois pour toutes dès l’origine, et repose non sur des appellations mais sur des numéros (10, 25, 50, etc.) correspondant initialement à des prix fixes, exprimés en sols (sous), livres et écus.

Autre particularité frappante : à de rares ajouts et simplifications près, cette table de formats parisiens, étendue progressivement à l’ensemble du territoire français et largement adoptée comme système international, n’a pas connu de changements depuis l’origine jusqu’à nos jours, ni dans les dimensions ni dans les désignations par numéros.

Nous formulons une hypothèse pouvant expliquer la genèse de la fixation des mesures des toiles à Paris. Cette hypothèse, fondée sur des considérations pragmatiques, met à mal toute une littérature qui a cherché la clef des formats standard français dans l’application de la « divine proportion » et du « nombre d’or ».

Pascal Labreuche est conservateur-restaurateur de biens culturels, spécialité peintures, chercheur en histoire des techniques et expert. Il exerce à Paris en indépendant. En 1995, il a été diplômé de l’Institut national du patrimoine (INP), département des restaurateurs. En 2005, il a obtenu un doctorat d’histoire des sciences et techniques à l’Université de Nantes, sur la fabrication de la toile à peindre à Paris au XIXe siècle. En 2007-2008, il a été boursier du Courtauld Institute of Art, Londres (Caroline Villers Research Fellow), pour étudier le mouvement inventif au XIXe siècle, en Angleterre, France et États-Unis, dans le domaine des supports picturaux. En 2011, il a été co-commissaire d’une exposition au Palais de la Bourse : « L’Envers du tableau / The other side of the painting ». Ses recherches sont orientées vers le recensement complet des fabricants et vendeurs de matériel pour artistes peintres à Paris et vers l’identification des toiles, châssis, panneaux, cartons utilisés par les artistes, notamment grâce à l’étude des brevets d’invention, des marques de fabrique et des marques commerciales. Il est l’auteur d’une vingtaine de publications, dont un livre : Paris, capitale de la toile à peindre, 2011, réédité en 2015, et un site Internet, créé en 2014 : Guide Labreuche : Guide Historique des Fournisseurs de Matériel pour Artistes à Paris, 1790-1960. Il a par ailleurs donné des conférences et des communications en France et à l’étranger, notamment en avril 2016 à l’Art Institute of Chicago, dans le cadre du symposium A New Lens on Nineteenth Century Art.

Type : Conférence (entrée libre).
Date et horaire : jeudi 15 décembre 2016 à 19h.
Lieu : Paris, Institut National d’Histoire de l’Art, salle Demargne (rez-de-chaussée).
Pour tout renseignement : asso.grham@gmail.com.

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