Conférence du GRHAM : “L’artiste canadien François Baillairgé (1759-1830) : de la mention à la reconnaissance ?” par Pierre-Olivier Ouellet, 27 janvier 2022, en visioconférence.

François Baillairgé d’après Le Dominiquin, Étude de jambe d’après « Le Martyre de saint André », 1778-1781, sanguine et mine de plomb sur papier, 60 x 46,1 cm, Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 1975.243R.

Conférence du GRHAM : “L’artiste canadien François Baillairgé (1759-1830) : de la mention à la reconnaissance ?” par Pierre-Olivier Ouellet, 27 janvier 2022, en visioconférence.

Type : Conférence.
Date et horaire : 27 janvier 2022 à 19h (CET-Paris).
Lieu : Visioconférence sur Zoom, inscription gratuite sur asso.grham@gmail.com

 

“La renommée universelle de l’École de sculpture française aurait dû attirer à Paris quelques-uns de ces bons artisans désireux de parfaire leur éducation. Mais, je n’ai relevé qu’un seul nom canadien inscrit sur les registres d’immatriculation de l’Académie Royale de Paris. On y lit à la date du 21 février 1779 la mention suivante : « François Baillairgé, S., natif de Québec, âgé de 20 ans. Élève de M. Stouff. Protégé par M. Lagrenée le jeune. » Aucune trace ne subsiste des œuvres de cet artiste dont le nom a été surtout illustré par son fils qui devait jouer un rôle important dans la première moitié du XIXe siècle”.

– Louis Réau, Histoire de l’expansion de l’art français : Pays scandinaves, Angleterre, Amérique du Nord (1931)

 

En 1931, l’historien de l’art Louis Réau (1881-1961) publie le troisième tome de son Histoire de l’expansion de l’art français, consacré aux pays scandinaves, l’Angleterre et l’Amérique du Nord. Dans son analyse de l’art canadien, François Baillairgé (1759-1830) se présente alors tel un faible maillon entre la France et le Canada, un nom surgit au gré d’un dépouillement d’archives. Pour Réau, l’artiste semble d’autant plus négligeable qu’il ne laisse aucune œuvre et que son propre fils, l’architecte Thomas Baillairgé (1791-1859), parvient à le surpasser. Autrement dit, déjà voué à revêtir un rôle mineur dans la grande histoire de l’art français – étant donné la nature même du livre de Réau – François Baillairgé fait ainsi figure d’artiste secondaire, voire tertiaire.

Pourtant, selon un autre point de vue et en fonction d’un autre contexte géographique, au Québec et au Canada, François Baillairgé devient au contraire un artiste incontournable à la suite des études entreprises dès les années 1930 par l’historien de l’art Gérard Morisset (1898-1970). Dans les années suivantes, nombre de publications lui sont consacrées et le situent comme l’un des créateurs les plus influents de son époque. Un tel revirement nous incite évidemment à nous questionner sur ce phénomène de considération distincte en fonction de réalités spatio-temporelles. Plus encore, en regard des recherches actuelles sur l’artiste, nous proposons qu’une partie de l’œuvre de Baillairgé contribue même directement et de manière profitable à l’étude d’un important volet de l’art français : l’enseignement à l’Académie royale de peinture et de sculpture à Paris au dernier quart du XVIIIe siècle. De fait, un portefeuille d’une vingtaine de dessins académiques, réalisés par Baillairgé lors de son séjour d’études à Paris entre 1778 et 1781, constitue un ensemble exceptionnel et un rare témoignage homogène des multiples particularités des pratiques d’enseignement dans l’institution.

Pierre-Olivier Ouellet est professeur associé au département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) depuis 2015. Détenteur d’un doctorat de l’Université Rennes 2 (France), ses travaux de recherche s’intéressent à différents thèmes en lien avec la production artistique au Québec et au Canada avant 1900 : le marché de l’art, la circulation des œuvres, le collectionnisme, la portée sociale et politique de la peinture, la représentation des autochtones, l’historiographie. Il est l’auteur de plusieurs textes parus, notamment, dans les revues suivantes : IKON : Journal of Iconographic StudiesLegatio : The Journal for Renaissance and Early Modern Diplomatic StudiesMuséologies : Les cahiers d’études supérieures; et la Revue d’histoire de l’Amérique française.

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