Conférence : « Henry Caro-Delvaille (1876-1928). Une gloire déboulonnée », par Christine Gouzi (Paris, 14 décembre 2016)

H. Caro-Delvaille, "La Femme aux estampes", lithographie, 45,3x42 cm, 1902, coll. privée

H. Caro-Delvaille, « La Femme aux estampes », lithographie, 45,3×42 cm, 1902, coll. privée

Peintre de scènes de genre intimistes, portraitiste et décorateur, Henry Caro-Delvaille eut un succès fulgurant à Paris de 1900 à 1914, puis aux États-Unis, où il séjourna dès 1913 et où il s’installa définitivement en 1916. Il fut une figure des cercles picturaux, littéraires, musicaux et théâtraux de Paris et de New York, jusqu’à sa mort, survenue en 1928.

L’art de Caro-Delvaille est donc intéressant à plusieurs titres. L’artiste appartint à des mouvements picturaux de la Belle Époque essentiels pour comprendre la transition de l’Art nouveau à l’Art déco. De plus, son œuvre américain est un exemple précoce d’acculturation de l’art européen et révèle les ramifications artistiques complexes qui existaient entre les deux pays dès le début du XXe siècle. À New York, Caro-Delvaille joua également un rôle diplomatique non négligeable pendant la guerre de 1914-1918 en contribuant au rapprochement de la France et des États-Unis par des actions culturelles. Enfin, son entourage proche est un sujet d’étude en soi : il était en effet le beau-frère du peintre Gabriel Roby (1878-1917), mais aussi celui du peintre Raymond Lévi-Strauss (1881-1953), père de l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, qui se forma dans ce milieu artistique familial.

À l’occasion de la parution du livre Henry Caro-Delvaille (1876-1928), peintre de la Belle Époque, de Paris à New York aux éditions Faton, précédé d’entretiens avec son neveu Claude Lévi-Strauss, on peut ainsi s’interroger sur l’oubli total dans lequel est tombé aujourd’hui Henry Caro-Delvaille. Son nom n’apparaît plus dans aucune étude sur la peinture du début du XXe siècle, alors qu’il fut un artiste reconnu sur deux continents de son vivant. Cet oubli est certainement révélateur de l’évolution des styles et touche à l’histoire du goût. Mais il intéresse aussi les méthodologies de l’histoire de l’art et particulièrement le problème de la mémoire, du choix et de l’interprétation dans l’analyse historique des mouvements artistiques.


Rencontre du Centre André Chastel

mercredi 14 décembre 2016 à 18h30
Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris
Salle Perrot (2e étage)
Entrée libre

Cette conférence s’inscrit dans le cadre des Rencontres du Centre André Chastel. Pour la sixième année consécutive, le Centre André Chastel propose un cycle mensuel de rencontres scientifiques, dans des champs variés de l’histoire de l’art médiéval, moderne et contemporain. Conférences, tables rondes et présentations d’ouvrages permettent de faire connaître au public les travaux les plus récents de ses membres et correspondants. Les rencontres du Centre André Chastel seront coordonnées cette année par Sabine Berger (université Paris-Sorbonne) et Stéphane Castelluccio (CNRS).
Ouvertes à tous, elles ont lieu le mercredi de 18h30 à 20h.

 

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