Conférence : « Le guerrier et le saint : images de saint Guilhem de Gellone »

Le guerrier et le saint : images de saint Guilhem de Gellone, Conférence de Jean Nougaret (conservateur honoraire du patrimoine) Dans le cadre du 12e centenaire de la mort du saint et en complément de l’exposition se tenant au Musée des Moulages de l’université Paul-Valéry Montpellier 3

Guilhem de Gellone, alias Guillaume d’Orange, à la fois personnage historique et héros de la légende épique , est connu dès le IXe siècle par plusieurs sources, les Vitae de saint Benoît d’Aniane et de Guilhem, le « bienheureux et glorieux confesseur du Christ », un recueil de miracles du saint de Gellone, et d’autres écrits, dont les annales et chroniques de l’époque carolingienne, et surtout, à partir du XIIe siècle, les chansons de geste, en particulier le cycle en langue d’oïl de Guillaume d’Orange, qui en font la « figure idéale du saint guerrier combattant les infidèles puis tardivement converti au monachisme, figure proposée en modèle à tous les chevaliers du siècle ». Par sa participation aux nombreuses campagnes de Charlemagne et Louis le Pieux, il fut l’un des bras armés de la conquête carolingienne et de la lutte contre l’Islam, au sein du regroupement de l’Europe chrétienne voulu par Charlemagne.

L’iconographie de saint Guilhem apparaît tardivement, au XIIIe siècle et prête parfois à confusion avec les représentations d’autres saints guerriers devenus ermites, en particulier Guillaume de Maleval. Elle a surtout retenu le preux, le guerrier au « nez courbe », au « court nez » ou, selon une interprétation plus récente, « au cor nier », ce « cor noir » qui figure parmi ses attributs militaires et passera dans les armoiries des princes d’Orange. C’est cette image qui prédomine jusqu’au XVIIIe siècle en particulier sur les sceaux et cachets monastiques, associée parfois à celle, plus pittoresque, du légendaire « tueur de géants ». Plus rarement, Guilhem est représenté en ermite ou en moine bénédictin, « prieur céleste » ou abbé dans ce monde, mais alors son statut premier d’homme de guerre est presque toujours rappelé par quelque pièce d’armement. Il en ira de même pour les périodes les plus récentes. (JN)

sylvain.demarthe[at]univ-montp3.fr

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