Journée d’étude : « Instituer la patrimoine : enjeux et limites » (Dijon, 24 janvier 2019)

Dans le cadre de cette journée d’étude des Transversales organisée par le Centre Georges Chevrier par les doctorants, la thématique choisie s’oriente autour du processus d’institutionnalisation du patrimoine. L’histoire du patrimoine s’étend dans le temps et pose la question des liens entre le passé et le présent. Si l’étude du patrimoine est devenue un champ important des sciences humaines et sociales, ses modalités d’institutionnalisation demeurent souvent obscures. Comment se sont mises en place des institutions qui ont permis d’établir des dispositifs de protection en faveur des biens du patrimoine ? Quel est leur rôle patrimonial ? Quelles sont les moyens mis en œuvre dans ce but ? Une institution se définit comme le résultat d’une décision volontaire, collective et publique, s’inscrivant dans la durée. Le mot « institution » désigne aussi bien l’action par laquelle on établit et on institue, que la chose instituée. Pour les anthropologues, elle est d’origine humaine, contrairement à ce qui est de l’ordre de la Nature, et est donc liée à une société. Classée dans l’ordre des instances délibérées, elle est pourvue de règles régissant son fonctionnement. Ainsi créée, l’institution est chargée d’établir les normes et les modalités d’un domaine en particulier, et d’y exercer une mission de contrôle. Les missions des différentes institutions patrimoniales suivent un protocole commun de préservation et de conservation dans une logique de continuité. Que ce soit dans le domaine muséal, architectural ou archivistique, l’institutionnalisation du patrimoine est intimement liée aux décisions des gouvernements (Direction Générale du Patrimoine) et des acteurs à l’échelle locale (associations, communes, services déconcentrés de l’Etat etc.), internationale ou mondiale (organisation de l’U.N.E.S.C.O. et son inventaire au patrimoine mondial). A titre d’exemple, dans l’histoire de la création des musées en France, le rôle des pouvoirs publics centraux ou locaux fut très important dans le développement des institutions muséales, aussi bien sur un plan normatif que financier. Les institutions patrimoniales sont aussi le reflet d’une société, ancrée dans un espace. Elles participent à la vie culturelle et mettent en exergue le patrimoine d’un territoire, source d’identité et de cohésion, permettant le développement.

L’objet de cette journée d’étude n’est pas de se perdre dans cette vaste notion qu’est le patrimoine. En effet, comme l’atteste Pierre Nora, le patrimoine « a explosé dans tous les sens ». Dans son sens général et exhaustif, il est compris autant comme un héritage commun (culturel, artistique et ethnologique par exemple), qui a pu avoir un statut juridique en tant qu’ensemble d’éléments aliénables, transmissibles et propriétés à un moment donné d’une personne, d’un groupe ou d’une collectivité publique, que comme constitutif d’un espace ou d’un territoire (sites patrimoniaux et réserves naturelles). Renforcé par la loi du 7 juillet 2016, relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, il ne se limite plus au matériel. Le patrimoine comprend donc l’ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique, et s’entend également du patrimoine culturel immatériel (sonore, lié aux arts du spectacle ou numérique). Ce sujet est omniprésent dans l’actualité. La question du patrimoine et des institutions comporte divers aspects à prendre en compte, la création des institutions, leur développement ou leur échec, leur inclusion dans un projet collectif, leurs missions patrimoniales non lucratives, ou encore leur financement et leur fonctionnement. Ce sont autant d’enjeux qui déterminent ou non leur réussite. Dans la continuité de cette étude, la problématique des limites de ces institutions est retenue, en soulevant leurs dérives et leur perte de valeur ou de légitimité. Depuis les premières institutions patrimoniales, d’un côté, ces actions ont aussi bien pu permettre le développement culturel d’un espace et créer le lien social, comme appauvrir un territoire de l’autre côté (décontextualisation des biens patrimoniaux, spoliation des œuvres, perte d’identité culturelle).

Ainsi, le sujet abordé dans le cadre de ces Transversales est de prendre en compte ce long processus d’institutionnalisation du patrimoine, son histoire, ses enjeux, ses limites et son actualité en France et en Europe. La question de la création de dispositifs de préservation du patrimoine peut aussi être en opposition avec les notions d’authenticité, de déracinement, de pertinence ou bien de légitimité.

Mot d’accueil

10h Présentation de la journée, par Katherin LANDAIS, Doctorante en Histoire de l’Art moderne, université de Bourgogne – Franche-Comté, Laboratoire du Centre Georges Chevrier, Dijon, organisatrice de la journée

10h15 Introduction par Anissa MAMI, Doctorante en Histoire de l’Art contemporaine, université de Bourgogne – Franche-Comté, Centre Georges Chevrier, organisatrice

Le patrimoine : reconnaissance et avenir                                                                    

10h30 Pierre MAURER, Docteur en Histoire de l’Architecture, Laboratoire d’Histoire de l’Architecture Contemporaine, Nancy, « L’inscription sur la liste du patrimoine mondial : opportunités, limites et enjeux contemporains »

11h30 Hejja MUSTAPHA, Doctorant en Sociologie de Patrimoine, Patrimoine Culturel et développement, Université Mohammed Premier à Oujda (Maroc), « Le patrimoine culturel immatériel du Haut Atlas oriental : quelle reconnaissance par l’U.N.E.S.C.O. ? »

11h30 Pause (1/4h)

12h30-14h Déjeuner (offert aux participants) 

Le processus de patrimonialisation

14h00 Bahéra OUJLAKH, Doctorante en Arts, Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, « Le Centre d’Art Ronzier, de la caserne à la création contemporaine » 

14h30 Christine GODFROY-GALLARDO, Chercheure post-doctorante en Histoire de l’Art, Paris I – Panthéon Sorbonne, « Trier pour mieux conserver : les mesures préliminaires de protection des monuments nationaux »

15h Pause (1/2h)

15h30 Camille MESTDAGH, Doctorante en Histoire de l’Art, université de Bourgogne – Franche-Comté, Centre Georges Chevrier, « La patrimonialisation du mobilier historique et ses répercussions sur l’industrie du meuble (1865-1900) »

Débat sur la journée

16h Conclusion par Michaël VOTTERO, Conservateur Régionale des Monuments Historiques, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne – Franche-Comté

Fin de journée

Jeudi 24 janvier 2019, Dijon, Université de Bourgogne, Centre Georges Chevrier, Salle 310

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