Journée d’étude : « Romantisme national et symbolisme balte » (Paris, musée d’Orsay, 3 mai 2018)
Auditorium du Musée d’Orsay (Niveau -2) – 3 mai 2018, 10h – 17h. Entrée libre sur réservation
Programme :
10h20 – 10h40
Symbolisme et romantisme national, Jaak Kangilaski, professeur honoraire, Université de Tartu, Académie estonienne des arts
Partie intégrante des systèmes de pensée nationaux, le courant néoromantique fait son apparition à la fin du XIXe siècle dans différentes régions d’Europe. Il donne lieu à des formes d’expression différenciées en Europe de l’Ouest et en Europe de l’Est, où se développe un art des nations, lesquelles sont alors dépourvues d’états, communément appelé « romantisme national ».
10h40 – 11h
Du romantisme national au symbolisme : un nouveau paradigme dans la littérature lettone de la fin-de-siècle, Benedikts Kalnačs, directeur du Département de Littérature de l’Institut de littérature, de folklore et d’art, Université de Lettonie
L’évolution esthétique que connaît la littérature lettone de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle reflète l’ouverture à la modernité et à l’européanisation générale. La littérature, la poésie, l’art, la musique et la culture populaire s’ouvrent à la question sociale et à l’introspection psychologique. Les écrits de deux des plus grands écrivains lettons de la fin-de-siècle, Rainis (1865–1929) et Blaumanis (1863–1908), permettent d’illustrer ces transformations.
11h – 11h20
Symbolisme, genre et construction nationale : imageries transnationales dans l’Estonie du début du XXe siècle, Linda Kaljundi, maître de conférences et chargée de recherche, Université de Tallinn
L’art national estonien, qui a émergé simultanément avec le nationalisme estonien dans les années 1860, a porté de jeunes figures féminines au rang de symboles de la nation. Véritables emblèmes du XIXe siècle en Estonie, ces jeunes filles ont été largement popularisées par le nationalisme allemand. Elles constituent un excellent prisme pour l’exploration des aspects coloniaux dans la construction identitaire de cette nation.
11h50 – 12h10
Paradoxes du romantisme national lituanien, Laima Laučkaitė, chercheur et directrice du Département d’Histoire de l’art à l’Institut de recherche pour la culture lituanienne, Vilnius.
Le romantisme national lituanien repose sur des émotions, glorifie le passé de la nation et ses origines paysannes. Les artistes se focalisent sur les paysages et les héros nationaux comme en témoignent les œuvres de M.K. Čiurlionis, Antanas Žmuidzinavičius, Ferdynand Ruszczyc, Boleslaw Buyko, notamment. Une analyse de l’histoire de l’art polonais du début du XXe siècle révèle que certains artistes dont les œuvres sont accrochées sous le drapeau lituanien pour l’exposition Le symbolisme dans les pays baltes, appartiennent en réalité au romantisme national polonais. On démontrera qu’en histoire de l’art, la construction de concepts et la définition de frontières géopolitiques sont inévitables et problématiques.
14h30 – 14h50
Symbolisme letton dans le contexte de l’art européen, Eduards Kļaviņš, professeur honoraire d’Histoire de l’art, professeur des universités, directeur de l’Institut d’Histoire de l’art (Académie des beaux-arts de Lettonie) à Riga
Le symbolisme dans l’art letton de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle montre l’influence de différents centres artistiques et artistes résidant en Allemagne, Russie, France, Finlande et Lituanie comme Max Klinger, Ludwig von Hoffmann, Arnold Böcklin, Auguste Rodin, Mikhail Vrubel, Akseli Gallen-Kallela, Mikalojus Čiurlionis. En dépit de ces influences européennes, les artistes symbolistes lettons comme Ādams Alksnis, Janis Rozentāls, Bernhard Borchert, Voldemārs Matvejs, Gustavs Šķilters, Rūdolfs Pērle intègrent et valorisent des images et des récits nationaux, dans un style local.
14h50 – 15h10
Terre mythologique et ciel symboliste. La littérature symboliste ou néoromantique estonienne à la frontière de l’Europe et de l’Estonie, Tiit Hennoste, directeur de recherche en langue et littérature estonienne à l’Université de Tartu
Le groupe Noor-Eesti (Jeune-Estonie) (1905-1915) a joué un rôle prépondérant dans la création et l’introduction du symbolisme ou néoromantisme dans la littérature estonienne. Le manifeste de Gustav Suits, dans lequel apparaît le slogan : « Soyons estoniens, mais devenons aussi européens ! » indique la marche à suivre. Si les auteurs estoniens imitent la littérature européenne, leur mémoire et leur subconscient véhiculent des sons et des odeurs de l’ancien monde paysan estonien.
15h10 – 15h30
Art Nouveau et Rīga. Symboles. Personnages mythologiques dans les détails architecturaux et les décors intérieurs, Silvija Grosa, directrice du Département d’Histoire de l’art de l’Académie des arts de Lettonie
Depuis 1997, le centre historique de Rīga est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, en raison de la structure médiévale relativement bien préservée de son centre historique, de son tissu urbain plus récent, de son architecture en bois du XIXe siècle et de sa concentration de bâtiments de style Art Nouveau. L’intérêt des architectes pour le symbolisme est également perceptible, comme en témoignent les ornements des façades et les décorations intérieures de ces constructions.
16h – 16h20
Le symbolisme et les œuvres de Ferdynand Ruszczyc, Algė Andriulytė, Institut de recherche en art de l’Académie des arts de Vilnius
Le goût de Ferdynand Ruszczyc (1870–1936) pour le paysage national a été aiguisé par ses études en Russie et déterminé par le contexte historique et culturel lituanien, tout comme par ses premiers voyages en Europe entre 1896 et 1898. Les itinéraires de l’artiste et sa biographie, permettent de reconstituer les étapes qu’ont suivi l’œuvre du peintre, de l’influence directe du symbolisme lors de ses années universitaires à Saint-Pétersbourg, à la création d’un paysage local empreint de symbolisme national.
16h20 – 16h40
Čiurlionis au carrefour de différentes cultures : aspects néoromantique et symboliste des œuvres, Rasa Žukienė, professeur au Département d’Histoire et de Critique de l’art, Université Vytautas-Magnus (Kaunas, Lituanie).
Le profil artistique de Mikalojus Konstantinas Čiurlionis reste difficile à dresser en raison de sa personnalité diverse qui s’affranchit des cadres préétablis, à la fois symboliste, romantique, panthéiste et mystique. En tant qu’artiste, Čiurlionis s’est formé au croisement de deux siècles (XIXe et XXe), de plusieurs cultures nationales (surtout lituanienne et polonaise), de divers systèmes esthétiques et de deux branches de l’art (la musique et la peinture). Le rapport analyse la corrélation entre les idées néoromantiques (« l’esprit de la nation ») des œuvres de Čiurlionis, leurs aspects symbolistes et ses aspirations à une « nouvelle expression dans l’art ». Čiurlionis rêvait d’atteindre une « nouvelle expression », qui était pour lui synonyme d’un art moderne et professionnel. Mais dans l’art lituano-polonais de cette époque, la modernité était tout particulièrement perçue comme un symbolisme. La « nouvelle expression » de Čiurlionis s’appuyait exclusivement sur des symboles et des métaphores alimentés par toute l’étendue de ses archétypes interculturels de prédilection, des légendes et des mythes lituaniens.
Contact : auditorium@musee-orsay.fr
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