Journée d’études : « De main en main : trajectoires d’objets »
English below
Dans le cadre du cycle « Vidéo et après », Service Nouveaux Médias – MNAM/Centre Pompidou et du programme doctoral de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy Graduate School Humanities, Creation and Heritage.
Le 8 décembre 2021 – Cinéma 1, 10h00-21h00 – Centre Pompidou.
Gratuit, sur réservation : video@centrepompidou.fr
Les objets changent de fonction et par conséquent de valeur et de statut au fil du temps. Ils sont parfois stockés, vendus ou achetés, enterrés ou en circulation dans des réseaux de trafic d’art et, finalement, extraits de constellations plus larges ou d’un tissu vivant. Les objets passent ainsi de main en main, ce qui enrichit leurs biographies. Ils sont déplacés, donnés, étudiés, copiés, reproduits ou exposés.
Cette journée d’études examine les mécanismes qui accompagnent ces changements de propriété et de valeur à travers des œuvres d’artistes contemporains. Du buste de Néfertiti étudié par Jean-Christophe Bailly, à l’occupation des territoires palestiniens explorée par Avi Mograbi, un aller-retour dans le temps et la géographie se profile à travers ces œuvres. Nous aborderons ainsi l’après-vie des objets, l’identité du musée, la temporalité de la perpétuité, et tout ce qui peut nous émouvoir dans l’ensemble de ces déplacements.
Programme
Matinée (en français, simultaneous english translation)
10h-13h45
10h-10h15
• Accueil, par Marcella Lista (conservatrice en cheffe, service nouveaux médias, Mnam/Centre Pompidou).
• Introduction, par Akram Zaatari (artiste, doctorant, École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy).
Session : La XVIIIe Dynastie à Berlin / Cartographie d’emplacement d’objets archéologiques
10h15-11h35
• Bénédicte Savoy (professeure d’histoire de l’art à l’Université technique de Berlin), Cartographie d’emplacement d’objets archéologiques, 30 minutes.
Trente-deux ans après la chute du mur de Berlin et la réunification de l’Allemagne, Bénédicte Savoy se penche sur l’histoire récente des bustes de Néfertiti et d’Ânkhésenamon. Savoy s’interroge sur le désir du présent de réconcilier le passé.
• Jean-Christophe Bailly (ancien professeur à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage), La XVIIIe Dynastie à Berlin, 30 minutes.
En 1981, Jean-Christophe Bailly repère les bustes égyptiens antiques de Néfertiti et de sa fille Ânkhésenamon dans deux musées différents de Berlin, des deux côtés du mur. Il tente de vérifier si leurs regards se croisent à travers le mur. Il aurait bien érigé un monument pour leur réconciliation, mais il se rend compte que les deux bustes regardent dans des directions opposées.
• Discussion, 20 minutes
Projection de La Momie, Shadi Abdessalam, 1969 (Version restaurée, sous-titres en français, simultaneous english translation).
11h45-13h45
• Introduction par Akram Zaatari
• Projection, La Momie, Shadi Abdessalam, 1969, 102 minutes
Le récit trouve son origine dans un événement réel survenu au cours d’une expédition de l’archéologue français Gaston Maspero dans la vallée des Rois en 1881. Ce dernier préside le Service des antiquités de l’Égypte au Caire et alerte ses collaborateurs de la récente apparition, sur le marché d’antiquités, d’objets qui semblent avoir été dérobés dans une tombe dont l’emplacement était déjà connu des archéologues. Ahmed Kamal, un membre dévoué du comité, remonte le fleuve jusqu’à Thèbes pour découvrir l’emplacement de la tombe secrète et protéger son contenu des pilleurs de tombes.
Pause déjeuner : 13h45-15h
Session : Tracing. tracer, retracer (en anglais, traduction simultanée en français)
15h-17h30
• Introduction par Akram Zaatari
• Amie Siegel (artiste), Provenance, 60 minutes
L’artiste aborde son installation en trois parties intitulée Provenance (2013), qui se concentre sur des objets emblématiques du design moderne du milieu du XXe siècle : les chaises, bureaux et meubles conçus par les architectes suisses Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret pour la ville post-coloniale de Chandigarh, en Inde. La vidéo Provenance révèle le statut désormais rare de ce mobilier initialement utilitaire. Partant de la situation actuelle des meubles – en tant qu’éléments décoratifs de riches demeures à Londres, Paris, Anvers, New York et ailleurs – l’œuvre retrace leur voyage dans une chronologie inverse, passant par des entrepôts, exposés dans des ventes aux enchères américaines et européennes, chez un restaurateur de meubles, sur un cargo et, enfin, de retour à leurs origines à Chandigarh. La session comprend la projection de Provenance, et de LOT 248 (2013).
• Rayyane Tabet (artiste), Alien Property, 2020, 30 minutes
Rayyane Tabet commente son exposition « Alien Property », qui aborde l’histoire des reliefs en pierre du 9e siècle av. J.-C., excavés au début du XXe siècle à Tell Halaf, en Syrie, et leur destruction, perte ou dispersion subséquente dans des collections de musées du monde entier. En examinant le parcours sinueux de quatre de ces reliefs, pour arriver au Metropolitan Museum of Art de New York sous l’égide de l’Alien Property Custodian Act durant la Seconde Guerre mondiale, la présentation met également en lumière le lien très personnel entre ces reliefs et l’artiste.
• Patricia Falguières (professeure à l’École des hautes études en sciences sociales de
Paris), Expropriation. Perpétuité, 20 minutes
Un musée n’est pas une collection ni une collection de collections. C’est une institution, c’est-à-dire un artefact au régime juridique singulier. Son avènement dans l’Europe pré-capitaliste ne s’est pas faite sans heurts ni déchirements. Les enjeux des tensions qui ont accompagné son installation dans la culture européenne se font ressentir aujourd’hui dans le débat sur la prédation coloniale, mais ils lui sont largement antérieurs. Les revisiter pourrait ouvrir de nouvelles pistes à notre réflexion.
• Discussion, 30 minutes
Projection et conversation autour du film d’Avi Mograbi, The First 54 Years: an Abbreviated Manual for Military Occupation(en anglais, traduction simultanée en français)
18h-21h
• Introduction
• Projection du film d’Avi Mograbi, The First 54 Years: an Abbreviated Manual for Military Occupation, 2021, 110 minutes (anglais et hébreu).
Quelle est la signification d’une occupation militaire ? À travers les témoignages des soldats qui l’ont mise en œuvre, le réalisateur Avi Mograbi explique le fonctionnement, la logique, les pratiques d’une occupation colonialiste et déploie un « Manuel abrégé d’une occupation militaire ».
• Conversation avec Avi Mograbi, et discussion, 60 minutes
Biographies :
Shadi Abdessalam
Né le 9 mars 1930 à Alexandrie, après des études à Oxford, Shadi Abdessalam passe par l’Institut des beaux-arts du Caire d’où il sort en 1955, diplômé en architecture. Il opte pour le cinéma, est assistant sur quatre films avant de se voir engager par la Fox comme assistant-décorateur sur Cléopâtre de Mankiewicz (1963). De même, lorsque le polonais Kawalerowicz tourne son Pharaon (1966) ou lorsque l’italien Roberto Rossellini supervise La Lutte de l’homme pour la survie (1967), téléfilm pédagogique : Abdessalam est l’homme par qui la reconstitution historique passe. Si bien que lorsqu’il passe à son tour derrière la caméra, il a, outre sa culture personnelle, une idée de l’état international du cinéma.
Jean-Christophe Bailly
Écrivain, poète et dramaturge, Jean-Christophe Bailly est l’auteur de nombreux livres qui se répartissent entre divers genres, à l’exception du roman. Récits, poésie, théâtre et surtout essais, forment une œuvre multiple et ouverte mais dont le poème – l’idée du poème – constitue le cœur actif. Les essais portent sur les arts mais aussi sur la question animale et sur les formes urbaines, ainsi que sur le langage. Il a notamment publié L’Élargissement du poème (Bourgois, 2016), Saisir (quatre aventures galloises) (Seuil, 2018), Tuiles détachées (Christian Bourgois, 2018), L’Imagement (Seuil, 2020), Naissance de la Phrase (Nous, 2020).
Patricia Falguières
Patricia Falguières est professeure à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess), Paris. Elle a consacré de nombreuses publications à la philosophie de la Renaissance et à la théorie de l’art, ainsi qu’aux versions « Early-Modern » du musée. Elle travaille aujourd’hui sur les implications du concept aristotélicien de Technè dans la culture européenne pré-moderne. Le Display dans ses variations historiques est l’autre axe de ses travaux, qui l’ont menée à créer la collection Lectures-Maison Rouge (J.R.P. Ringier) pour publier en français les oeuvres canoniques de Brian O’Doherty, Carla Lonzi ou Carlo Scarpa. Elle dirige, avec Élisabeth Lebovici et Natasa Petresin le séminaire « Something you should Know : artistes, productrices et producteurs aujourd’hui » et publie régulièrement des études sur l’art et les artistes contemporains.
Marcella Lista
Historienne de l’art et conservatrice en chef du service nouveaux médias au Mnam/Centre Pompidou, Marcella Lista a consacré ses premiers travaux de recherche au renouveau de l’œuvre d’art totale dans les années 1908-1914, à travers la perspective des arts visuels et notamment les rapports entre musique et abstraction : L’œuvre d’art totale à la naissance des avant-gardes (éditions de l’INHA, 2006). Son approche de la modernité privilégie, d’une part, une archéologie des nouveaux médias et le rôle de ceux-ci dans la transformation des formes artistiques ; d’autre part, une attention au développement des langages du corps, de la danse et de la performance et leur importance dans l’évolution des arts visuels et du discours sur l’art.
Avi Mograbi
Le cinéaste israélien Avi Mograbi est à la fois réalisateur, acteur, directeur de la photographie, producteur et scénariste. Il réalise ses propres films à partir de 1989. Avi Mograbi poursuit une œuvre sans concession faite de documentaires remettant en cause, notamment, les grands mythes fondateurs de son pays et interrogeant constamment la possibilité pour la création artistique d’être un geste politique. Les films de Mograbi ont tous été programmés dans les plus grands festivals internationaux : Cannes, Berlin, Venise, Rome, New York, Cinéma du Réel ou San Francisco.
Bénédicte Savoy
Ancienne élève de l’École normale supérieure (Fontenay/Saint-Cloud), Bénédicte Savoy est depuis 2009 professeure d’histoire de l’art à l’université technique de Berlin, où elle est titulaire d’une chaire consacrée à l’« Histoire de l’art comme histoire culturelle » (Kunstgeschichte als Kulturgeschichte). Elle est l’autrice de nombreux ouvrages, dont Patrimoine annexé. Les biens culturels saisis par la France en Allemagne autour de 1800 (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2003), et Restituer le patrimoine africain (Le Seuil/Philippe Rey, 2018) avec Felwine Sarr.
Amie Siegel
Née en 1974 à Chicago, Amie Siegel a été diplômée de l’Art Institute of Chicago en 1999. Elle a reçu une bourse de la Guggenheim Foundation en 2007. (New York). Elle vit et travaille à New York où elle est représentée par la galerie Simon Preston. Sa pratique inclut le cinéma, la photographie, la performance et l’installation. L’artiste interroge la valeur de la mémoire culturelle et son évolution progressive vers le statut d’objet ou d’expérience. Elle s’intéresse également à la relation entre le corps, le genre et l’espace architectural.
Rayyane Tabet
Rayyane Tabet vit et travaille à Beyrouth. Il est titulaire d’une licence d’architecture de la Cooper Union de New York, et d’un master en beaux-arts de l’Université de Californie à San Diego. Il a montré ses œuvres au sein des récentes expositions « Deep Blues » (Walker Art Center, Minneapolis, 2021), « Alien Property » (The Metropolitan Museum of Art, New York, 2019-2021), « Exquisite Corpse » (Sharjah Art Foundation, UAE, 2021) et « Arabesque » (Storefront for Art and Architecture, New York, 2019), notamment.
Akram Zaatari
Né en 1966 à Saïda, au Liban, Akram Zaatari a étudié l’architecture à Beyrouth et obtenu un master en Media Studies à New-York. En 1997 il participe à la création de la Fondation arabe pour l’image (FAI), une association pour la divulgation du patrimoine photographique qui rassemble une collection d’environ 150 000 clichés sur les portraits réalisés en Moyen-Orient à partir de la fin du 19e siècle. La réflexion autour de la notion d’archive est constitutive de la démarche du vidéaste. Doctorant à la Graduate School, Humanities, Creation and Heritage, sous la direction de François Pernot, CY Cergy Paris Université et la codirection de Bénédicte Savoy, Tecchinische Universität Berlin, et Alejandra Riera, École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy (EnsaPC).
Remerciements :Art Explora, le Festival d’Automne à Paris, Cineteca di Bologna et Les Films d’Ici, ainsi que les galeries Thomas Dane (Londres) et Sfeir Semler (Hamburg / Beyrouth) pour leur soutien. Ce programme a bénéficié du soutien de l’École universitaire de recherche humanité, création, patrimoine (PSGS-HCH) « Investissement d’Avenir ANR-17-EURE-0021 ».
Source : https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/M5odp1H
Changing Hands: Objects on the Move
As part of the cycle « Vidéo et après », New Media Arts Department – Mnam/Centre Pompidou and of the doctoral program of the École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, Graduate School Humanities, Creation and Heritage
Wednesday, December 8, 2021 / 10am-9pm / Cinéma 1
Free entrance, reservation at video@centrepompidou.fr
Objects change function and consequently change value and status over time. They are sometimes sent to storage, sold or bought, buried or trafficked and, eventually, get extracted from larger constellations or a living fabric. Objects thus change hands, which adds to their biographies. They are displaced, gifted, studied copied and reproduced or exhibited. This symposium looks at the mechanisms that accompany these shifts in property and value through artist’s works. From Nefertiti’s bust as plotted by Jean-Christophe Bailly, to the occupation of Palestinian Territories as explained by Avi Mograbi, lies a trip back and forth in time and geography, across media. We talk about afterlives of objects, about who is the museum, when is perpetuity, and what do we find moving in all of these shift?
Program:
Morning
(In French, simultaneous English translation)
10am-1:45pm
10am-10:15am
• Welcome, by Marcella Lista (Chief Curator, New Media Arts Department, Mnam/Centre Pompidou).
• Introduction, by Akram Zaatari (artist, PhD candidate, École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy).
Session: La XVIIIe Dynastie à Berlin /
Mapping the location of archaeological objects
10:15am-11:35am
• Jean-Christophe Bailly (former professor at the École nationale supérieure de la nature et du paysage), La XVIIIe Dynastie à Berlin, 30 minutes.
In 1981 Jean Christophe Bailly located the ancient Egyptian busts of Nefertiti and her daughter Anches-En-Pa-Aton in two different museums in Berlin, on the two sides of the Berlin wall. He tries to verify if their eyes met across the wall. He would have erected a monument for their reconciliation, but he realizes that the two busts were looking in different directions that don’t meet.
• Bénédicte Savoy (professor of modern art history at the Technical University of Berlin), Mapping the location of archaeological objects, 30 minutes.
Thirty-two years after the fall of the Berlin wall and the reunification of Germany, Benedicte Savoy looks at the recent history of the busts of Nefertiti and Anches-En-Pa-Aton. Savoy looks at the desire of the present to reconcile the past.
• Discussion, 20 minutes
Screening of The Mummy, Shadi Abdessalam, 1969
(Restored version with French subtitles, simultaneous English translation).
11:45am-1:45pm
• Introduction by Akram Zaatari
• Projection, The Mummy, Shadi Abdessalam, 1969, 102 minutes.
Based on the actual discovery of a large cache of royal mummies in Dayr Al-Bahri, Egypt in 1881, Night of the Counting Years / The Mummy opens in Cairo at a meeting of the antiquities authorities. Mr. Maspero, the committee’s chairman, alerts his staff to the recent appearance on the antiquities market of objects that appear to have been raided from a tomb whose locations had been previously known to archaeologists. Ahmed Kamal, a dedicated member of the committee, travels upriver to Thebes to discover the location of the secret tomb and protect its contents from the tomb raider.
Lunch break: 1:45pm-3pm
Session: Tracing
(In English, simultaneous French translation)
3pm-5:30pm
• Introduction by Akram Zaatari.
• Amie Siegel (artist), Provenance, 60 minutes.
Siegel reflects on her three-part installation entitled Provenance, 2013, which focuses on an emblem of mid-century modernist design – the chairs, desks, and furniture designed by Swiss architects Le Corbusier and his cousin Pierre Jeanneret for the controversial modernist, post-colonial city of Chandigarh, India. The main video Provenance reveals the now-rarified status of this originally utilitarian furniture. Beginning with the furniture’s present circumstances – decorating wealthy homes in London, Paris, Antwerp, New York, and beyond – the film traces the furniture’s journey in reverse chronology, through warehouses, on display at American and European auctions, at a furniture restorer, on a cargo ship and, finally, back to its origins in Chandigarh. The session includes the screening of Provenance, and of LOT 248, which are the film parts of the installation.
• Rayyane Tabet (artist), Alien Property, 2020, 30 minutes.
Tabet comments on his exhibition Alien Property, which tells the story of the ninth-century B.C. stone reliefs excavated in the early twentieth century at Tell Halaf, Syria and their subsequent destruction, loss, or dispersal to museum collections around the world. Examining the circuitous journey four of these reliefs took to arrive at The Metropolitan Museum of Art in New York under the aegis of the World War II-era Alien Property Custodian Act, the presentation also highlights the very personal connection of the reliefs to contemporary artist Rayyane Tabet.
• Patricia Falguières (professor at the École des hautes études en sciences sociales de Paris), Expropriation. Perpetuity, 20 minutes.
A museum is not a collection or a collection of collections. It is an institution: an artefact with a singular legal regime. Its advent in pre-capitalist Europe was not made without clashes and tears. The tensions that accompanied its instal• ation in European culture are felt today in the debate on colonial predation, but they largely predate it. Revisiting them could open up new avenues for our reflection.
• Discussion, 30 minutes
Screening and conversation about the film by Avi Mograbi,
The First 54 Years: an Abbreviated Manual for Military
Occupation, 2021, 110 min
(In English, simultaneous French translation)
6pm-9pm
• Introduction.
• Screening of the film by Avi Mograbi, The First 54 Years: an Abbreviated Manual for Military
Occupation, 2021, 110 minutes (English and Hebrew).
What is the meaning of military occupation? Through the testimonies of the soldiers who implemented it, director Avi Mograbi provides insights on how a colonialist occupation works and the logic at work behind those practices. Using the 54-year Israeli occupation of the Palestinian territories of the West Bank and Gaza Strip the director draws us a “Manual for Military Occupation”.
• Conversation with Avi Mograbi and discussion, 60 minutes.
Biographies:
Shadi Abdessalam
Despite having directed only one long feature film, Shadi Abdel Salam is considered one of the most important Egyptian directors, and his reputation has transcended local borders to international fame. In 1964 Abdel Salam worked for of Joseph Mankiewiz on the set of Cleopatra and in 1967 he conceived the set and costumes for Roberto Rossellini’s Mankind’s Fight for Survival. The influence of Rossellini on Abdel Salam seems to have surpassed the influence of any of the other directors, for it was after the completion of this film that Abdel Salam decided to become a director. Not only did Rossellini encourage him to become a director, but he also helped Salam execute his first project, Al Momia/The Night of Counting the Years, which stands out as one of the greatest Egyptian masterpieces of all time.
Jean-Christophe Bailly
Writer, poet and playwright, Jean-Christophe Bailly is the author of several books that are divided between various genres, with the exception of the novel. Stories, poetry, theater and especially essays, form a multiple and open work but whose poem – the idea of the poem – constitutes the active heart. The essays deal with the arts but also with the animal question and urban forms, as well as with language. His publications include L’Élargissement du poème (Bourgois, 2016), Saisir (quatre aventures galloises) (Seuil, 2018), Tuiles détachées (Christian Bourgois, 2018), L’Imagement (Seuil, 2020), Naissance de la Phrase (Nous, 2020).
Patricia Falguières
Patricia Falguières is Professor at the School for Advanced Studies in Social Sciences (EHESS), Paris. She has published numerous essays on Renaissance philosophy and art, classifications, indexes and the birth of the museum in modern Europe (Les Chambres des merveilles, Paris, 2003), and mannerism (Le Maniérisme: Une avant-garde au XVIᵉ siècle, Paris, 2004). She has published the French Edition of Ernst Kris, Le style rustique (Paris, 2005), and Julius von Schlosser’s classic, Les cabinets d’art et de merveilles de la renaissance tardive (Paris, 2012). Her current research focuses on Renaissance technè, the inclusion of artistic practices in the Aristotelian order of knowing and making, and architectural theory.
Marcella Lista
With a PhD in Art History, Marcella Lista is, since 2016, Chief Curator of the New Media Collection at the National Museum of Modern Art/Centre Pompidou, Paris. She has devoted research work to the visual culture of sound. Her work also deals, more broadly, with experimental artistic practices involving film and video, installation, dance and performance. She was previously Associate Professor in History of Art in Université de Limoges and Head of Programs of the Auditorium of the Louvre Museum in Paris, where she has notably launched a series of contemporary art projects. She has published : “Noter les seuils de l’écoute : entretien avec Lawrence Abu Hamdan”, Les Cahiers du Musée National d’Art Moderne, Hors-série 2017 « Notations », and the exhibition catalogue, Ryoji Ikeda: continuum, Paris, Editions Xavier Barral, 2018. She has curated exhibitions in the following centres: Beirut Art Center, Beirut; Carré d’Art, Nîmes; Centre Pompidou, Paris; Kanal-Centre Pompidou, Brussels; and for the Prix Marcel Duchamp 2018.
Avi Mograbi
Israeli filmmaker and video artist Avi Mograbi was born in 1956 in Tel Aviv. He studied art and philosophy in Tel Aviv, where he lives today. After gathering his first experience assisting directors, his own filmmaking began in 1989. Since 1999 he also teaches documentary and experimental filmmaking at the University of Tel Aviv, and at Jerusalem’s Sam Spiegel Film and Television School and art academy. Avi Mograbi is not only considered Israel’s most important documentarist, but also – as a committed eyewitness of the Middle East conflict, an experimentalist, and avid reformist of cinematic language. As a political filmmaker he is also actively involved in “Breaking the Silence”, an organization of ex-soldiers dedicated to collecting testimonies about their service. His films have appeared at festivals worldwide. Z32 (2008) received the Excellence Award at Yamagata Film Festival. Avenge But One of My Blue Eyes (2005) was screened at the Cannes Film Festival and received the Amnesty Award as well as special mention at the Rotterdam Film Festival.
Bénédicte Savoy
Bénédicte Savoy has held a full professorship (W3) in the Department of Art History at the Technische Universität Berlin since 2009, where she currently serves as the head of the Chair for Modern Art History/Art History as Cultural History. Formerly a student in the Department of Humanities at the École normale supérieure (ENS), Paris/Fontenay, she received her M.A. in German Studies from the université Paris 8 in 1994 and her Ph.D. under the supervision of Pr. Michel Espagne (CNRS Paris) in 2000. She has published widely on topics related to her three main fields of research, art and the transfer of culture in Europe in the 18th and 19th centuries, museum and collection history, and art theft and looted art.
Amie Siegel
Best known for her cinematic video Provenance (2013) – which traces the ownership history of chairs designed by Le Corbusier and Pierre Jeanneret from their current well-heeled owners back to the government buildings in Chandigarh, India, for which they were made – Amie Siegel is a midcareer artist whose oeuvre includes film, video, photography and installation. Since 1999, she has created more than a dozen major works, including two theatrically released feature-length films and a series of large-scale projects with multiple interrelated parts. Siegel’s work is in public collections including the Whitney Museum of American Art, The Metropolitan Museum of Art, Tate Modern and the Solomon R. Guggenheim Museum. Her films have been screened at the Cannes, Berlin, Toronto and New York Film Festivals, The Museum of Modern Art, New York and The National Gallery of Art, Washington, D.C.
Rayyane Tabet
Rayyane Tabet is an artist who lives and works in Beirut. Drawing from experience and self-directed research, Tabet explores stories that offer an alternative understanding of major socio-political events through individual narratives. Informed by his training in architecture and sculpture, his work investigates paradoxes in the built environment and its history by way of installations that reconstitute the perception of physical and temporal distance. His recent and upcoming shows include the Metropolitan Museum of Art in New York, Parasol Unit in London, The Louvre in Paris, Carré d’Art in Nîmes, Kunstverein in Hamburg, and Witte de With Center for Contemporary Art in Rotterdam. His work was featured in Manifesta 12, the 21st Biennale of Sydney, the 15th Istanbul Biennial, the 32nd São Paulo Biennial, the 6th Marrakech Biennale, the 10th & 12th Sharjah Biennial, and the 2nd New Museum Triennial.
Akram Zaatari
Akram Zaatari has developed an interdisciplinary practice that combines the roles of image-maker, archivist, curator, and critical theorist. He is concerned with notions of desire, resistance, memory, surveillance, and – in particular – with the production and circulation of images during wartime. Delving in photography, film, video, installation, and performance, he has built a complex body of work that explores self-documentation and the current state of image making. Zaatari is especially interested in the Lebanese postwar condition, particularly the televised mediation of territorial conflicts and wars, and the logic of religious and national resistance. Through the appropriation and exhibition of documents and image archives, he invites us to rethink what it means to witness, survive or document a war. Some of his works are based on his own collection and study of middle-eastern photographic history: archival images that comprise a valuable record of social relations, representations of male sexuality, and photographic practices of the region. In addition to his own archival work, Akram Zaatari is a founding member of the Arab Image Foundation, which aims to collect, study and disseminate the photographic heritage of Middle East, North Africa, and the Arab diaspora. He is a PhD candidate at the Graduate School, Humanities, Creation and Heritage, under the supervision of François Pernot, CY Cergy Paris Université, in co-supervision with Bénédicte Savoy, Tecchinische Universität Berlin, and Alejandra Riera, École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy (EnsaPC).
Many thanks to: Art Explora, le Festival d’Automne à Paris, Cineteca di Bologna and Les Films d’Ici, and also the Galleries Thomas Dane (Londres) and Sfeir Semler (Hamburg / Beyrouth) for their support. This program was supported by the École universitaire de recherche humanité, création, patrimoine (PSGS-HCH) « Investissement d’Avenir ANR-17-EURE-0021 ».
Website: https://www.centrepompidou.fr/en/program/calendar/event/M5odp1H
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.