Journées d’étude : « Académies d’art et mondes sociaux (1740-1805) » (Rouen, 29-30 novembre 2018)
Nouer des liens entre arts, belles-lettres et sciences: entre interaction et distanciation
Hôtel des Sociétés Savantes, Rouen, 29-30 novembre 2018
En partenariat Université Toulouse – Jean Jaurès ; Centre allemand d’histoire de l’art, Paris ; Les musées de Rouen
Le siècle des Lumières véhicule l’image d’un moment où les savoirs spécifiques sont unifiés au sein d’une connaissance encyclopédique. C’est le temps de la valorisation des arts mécaniques qui profite à la reconnaissance des métiers et des classes laborieuses. Par la pratique du dessin, ils se rapprochent des beaux-arts et revêtent une utilité sociale. Les frontières entre les différentes pratiques se rencontrent. Praticiens et savants s’accordent une estime réciproque. Par l’enseignement et le développement du livre, créateurs et fabricants accèdent à une certaine culture. Parce qu’ils sont mobilisés pour mettre en œuvre le progrès humain, les penseurs intègrent dans leur réflexion ceux qui produisent et ceux qui créent.
De Diderot et D’Alembert à l’abbé Grégoire, en passant par des artistes théoriciens comme Jean-Baptiste Descamps, Jean-Jacques Bachelier ou Donat Nonnotte, ces préceptes connaissent une réelle diffusion. Ce sont d’ailleurs ces visées qui ont généralement motivé la fondation en province des académies d’art et des écoles de dessin dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Au demeurant, au vu du corpus d’établissements étudiés, il apparaît que ce principe d’universalité n’est que rarement partagé : Rouen et Lyon ont des académies des sciences, belles-lettres et arts, mais Toulouse, Montpellier et Marseille érigent des institutions dont les prérogatives sont uniquement artistiques, sachant que l’architecture n’y est pas toujours associée. Certaines villes, comme Bordeaux qui par sa position portuaire affirme l’intérêt d’un cours d’architecture navale, répondent à un besoin précis. Au sein des écoles de dessin, divers partis sont également défendus, entre celles qui ambitionnent les beaux-arts comme Dijon, et celles qui s’attachent aux débouchés industriels, à l’exemple d’Angers. Au-delà des arguments idéologiques et des divergences structurelles, se posent des questions d’ordre pratique, liées au milieu et à la complexité des relations humaines. La ville possède-t-elle pour chaque « domaine » un vivier de personnalités suffisamment reconnues et actives ? Dans quelle mesure le choix des attributions institutionnelles ne résonnent-il pas avec des ententes ou des désaccords entre professeurs, amateurs et élèves ?
En confrontant les études de cas présentées par les intervenants, ces journées d’étude entendent interroger la place des arts dans le système des savoirs au siècle des Lumières, moins d’un point de vue théorique que pragmatique. Il s’agira en particulier de voir si l’institution permet cette synergie, la favorise, ou bien à l’inverse y oppose des résistances. L’action des individus, par le biais des affiliations inter-institutionnelles sera également interrogée dans le contexte local, mais aussi dans le jeu des circulations nationales et internationales.
Dans le prolongement des acquis des précédentes journées d’étude de décembre 2016 et novembre 2017 (voir la page Internet d’ACA-RES, dans la rubrique les Ressources, Actes des journées d’étude) et en insistant sur les collaborations interdisciplinaires, nous garderons le format privilégié d’un dialogue entre spécialistes et jeunes chercheurs, avec des interventions courtes qui permettent de donner toute amplitude aux tables rondes.
Programme :
Jeudi 29 novembre
10h. Ouverture
Sylvain Amic, Réunion des musées métropolitains – Rouen Normandie
10h30. Introduction
Anne Perrin Khelissa, Émilie Roffidal, Laboratoire FRAMESPA – UMR 5136, Université Toulouse-Jean Jaurès
Des unions paradoxales : les académies d’art provinciales face au projet des Lumières
Markus Castor, Centre allemand d’histoire de l’art, Paris
Les beaux-arts entre métier, science et poésie. Théorème et interdépendances dans les mondes académiques
11h. Séance de travail 1 :
Architecture, peinture, sculpture, des sœurs jumelles ?
. Émilie d’Orgeix, École Pratique des Hautes Études, Paris
L’ingénieur, les écoles du génie et les arts
. Dominique Massounie, Université Paris Nanterre, Centre de recherche H-Mod/HAR et GHAMU
Architectes et ingénieurs académiciens et/ou professeurs d’architecture en province durant la seconde moitié du XVIIIe siècle
. Théodore Guuinic, LIFAM ENSA Montpellier/Université Paul Valéry–Montpellier 3, IRCL
L’École des arts et des ponts et chaussées de Montpellier sous la Révolution : un enseignement à la jonction des arts, des lettres et des sciences
11h.30. Table ronde
Avec l’ensemble des intervenants et les organisateurs
Modérateur : Diederik Bakhuÿs, musée des Beaux-arts de Rouen
12h30. Pause déjeuner
14h. Séance de travail 2 :
L’art est-il utile à l’économie ?
. Aude Gobet, Service d’études et de documentation du département des peintures, Musée du Louvre
Jean-Baptiste Descamps et la question du développement des manufactures à Rouen
. Ariane James-Sarrazin, Institut national d’histoire de l’art, Paris [Musée de l’Armée]
Les écoles de dessin d’Angers et du Mans : des débouchés concrets pour l’industrie régionale
. Moïra Dato, Institut universitaire européen, Florence
État des lieux sur la question des rapports entre l’école de dessin et la Grande Fabrique à Lyon : les dessinateurs et marchands fabricants en étoffes d’or, d’argent et de soie
. Céline Paul, Musée national Adrien Dubouché, Limoges/Cité de la céramique, Sèvres&Limoges
La Société d’agriculture, des arts et des sciences de la Haute-Vienne et la mise en place d’un enseignement du dessin
14h45. Table ronde
Modérateur : Anne Perrin Khelissa et Émilie Roffidal
16h. Fin de la journée. Visite des expositions « L’Art du dessin : Chefs-d’œuvre du dessin français des XVIe et XVIIe siècle » et « Jean-Jacques Lequeu (1757-1826) ».
Vendredi 30 novembre
9h. Séance de travail 3 :
Arts et lettres, quelles rencontres possibles ?
. Gérard Fabre, musée des Beaux-arts de Marseille :
Marseille, contacts et relations inter-académiques
. Véronique Krings, Université Toulouse-Jean Jaurès, PLH EA 4601 :
Anne-Marie d’Aignan, marquis d’Orbessan, un curieux toulousain, entre arts, littérature et antiquarisme
. Julie Lablanche, Université de Bourgogne Franche-Comté, Centre Jacques-Petit, ELLIADD (EA 4661)
Échos de la vie artistique et des progrès techniques dans les discours et éloges de l’académie de Besançon (1752-1789)
9h30. Table ronde
Modérateur : François Bessire, Université de Rouen Normandie
10h30. Pause
11h. Séance de travail 4 :
Quelles sciences pour les arts ?
. Nelly Vi-Tong, Université de Bourgogne, Dijon, Laboratoire Georges Chevrier UMR 7366
Entre les sciences et les arts : les ambitions pédagogiques de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon
. Flore César, Université Paul-Valéry, Montpellier III
Philippe-Laurent de Joubert (1729-1792) : une personnalité singulière à la croisée des institutions montpelliéraines et nationales
. Bénédicte Percheron, Université de Rouen, GRHIS EA 3831
Réseaux scientifiques et artistiques à Rouen : sciences naturelles et art du dessin
11h30. Table ronde
Modérateur : Gaëtane Maës, Université Lille 3, IRHiS UMR 8529
12h30. Conférence conclusive
Jérôme Lamy, UMR 5044 – Certop – CNRS
Sciences, arts et belles-lettres, les académies comme « objets-frontières » à l’époque moderne.
Comité d’organisation :
Émilie Roffidal, CNRS, FRAMESPA UMR 5136
Anne Perrin Khelissa, Université Toulouse – Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA UMR 5136
Markus Castor, Centre allemand d’histoire de l’art, Paris
Renseignements et contact :
programme.acares@gmail.com
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