Le Prince et les arts en France et en Italie (XIVe-XVIIIe siècles)

            Cette question inaugure un nouveau type de question introduite pour la première fois au CAPES, la question transversale. Embrassant un arc de temps plus large qu’une seule période, cette question s’articule autour d’un thème qui doit lui donner dynamique et cohérence. Elle a pour but de valoriser une démarche synthétique permettant d’aborder un problème historique sur la longue durée, dans une double optique, évolutive et comparative. Outre l’intérêt proprement intellectuel d’une telle démarche, une telle question doit aider à mieux préparer les futurs enseignants aux défis de leur métier. En effet, les professeurs de l’enseignement secondaire sont en général contraints d’exposer en peu de temps des phénomènes complexes étalés sur plusieurs siècles. Résumer sans trahir : telle est la mission fondamentale du professeur d’histoire et cette question doit les y aider.
            Plus qu’à l’histoire de l’art, la question « Le Prince et les Arts » appartient à l’histoire des phénomènes culturels. Il s’agit de voir à la fois le rôle des pouvoirs princiers dans la production artistique et la place des supports artistiques dans la représentation des pouvoirs princiers. Le terme « Arts » doit s’entendre au sens plein et inclut la littérature et la musique autant que les arts plastiques et l’architecture. Le XIVe siècle s’impose comme un point de départ puisque c’est le moment où le pouvoir laïque émerge comme un commanditaire autonome par rapport à l’Eglise. A l’autre extrémité, le XVIIIe siècle marque la fin d’un cycle dans la mesure où le rôle artistique des rois et princes est peu à peu marginalisé par d’autres acteurs sociaux.
            L’association de la France et de l’Italie s’explique autant par la densité des relations politiques et culturelles entre les deux pays que par la différence de leurs systèmes politiques. En France, dès le XIVe siècle, une royauté forte impose son rôle culturel et cette action est imitée par les chefs des grandes principautés françaises. L’action des souverains absolus des XVIe-XVIIe siècles marque l’apogée de ce modèle unifié entre leurs mains. En Italie, les principautés se construisent progressivement au cours du XVe siècle au détriment des régimes républicains. Elles deviendront dominantes au XVIe siècle tout en restant multiples, diversité contraire à l’unité politique française.
Il n’est pas toujours facile de déterminer qui est un prince, spécialement dans le cas de l’Italie. Le doge de Venise ne l’est assurément pas à cause de la nature aristocratique du régime, et le pape l’est évidemment en raison du caractère absolu de son pouvoir sur les Etats de l’Eglise. Les Médicis n’entrent-ils dans le programme qu’avec la création du duché de Florence ? En fait, on peut considérer que la concentration des pouvoirs entre les mains de Laurent le Magnifique justifie son insertion en dépit de la façade républicaine du régime. A l’opposé, tout aristocrate n’est pas un prince pour autant et il faut détenir une autorité politique sur un territoire pour mériter cette appellation. Le prince de Conti, protecteur de Molière, ne figure donc pas dans la question.
La question comporte donc deux volants, l’un plutôt social, l’autre plutôt idéologique. Le premier s’attache au rôle du Prince comme mécène et commanditaire des œuvres et productions artistiques. Il faudra s’attacher particulièrement à ses rapports avec le milieu des « artisans/artistes » (nous avons bien conscience de l’anachronisme du terme « artiste » avant le XVIIIe siècle), marqués par la mise en place d’un système de prébendes et de pensions. Le second concerne l’utilisation de cette production par le Prince pour en faire un instrument de l’exaltation de son règne, un support de son message politique et, le cas échéant, un cadre pour les cérémonies du pouvoir (cas de l’architecture et des arts décoratifs).
En raison de l’étendue de la question, nous n’attendons évidemment pas des candidats une culture artistique exhaustive. Mais ils devront pouvoir illustrer leur réflexion par des exemples d’œuvres d’art connus précisément. Ils devront surtout montrer leur capacité à analyser et à décrypter les œuvres en question, qualité fondamentale pour un futur enseignant appelé à les utiliser comme documents pédagogiques.
 
 
   

 

 

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