Séminaire Arts et sociétés : « L’attachement aux choses »

Capture d’écran 2014-12-08 à 11.36.52L’anthropologie de la culture matérielle se consacre aux rapports entre objets et acteurs sociaux. Elle s’inscrit dans une longue tradition inaugurée par les fondateurs de l’ethnologie exotique rapportant de leurs enquêtes des objets témoins des modes de vie des hommes du lointain, afin de les exposer dans des musées. Depuis une trentaine d’années, cette doctrine de l’objet-témoin a été remise en cause et les anthropologues s’intéressent aux objets de notre quotidien occidental mondialisé, au devenir des objets évoluant dans la sphère patrimoniale, aux ressorts sociaux de l’attachement des individus aux choses, attachement jamais univoque ni exclusivement affectif.

C’est dans ce cadre que s’inscrit mon intervention, à partir du matériau rassemblé au cours de mes enquêtes sur les objets ordinaires passant de la cuisine ou du grenier aux vitrines des musées de société et à celles des antiquaires. Mais au-delà de cette enquête, je tenterai de brouiller les frontières disciplinaires en convoquant des artistes contemporains comme Daniel Spoerri (Topographie anecdotée du hasard, déterrement du tableau-piège) ou des dessinateurs comme François Ayrolles (Le musée Laborie, dans l’ouvrage Notes Mésopotamiennes), dont les œuvres éclairent les sciences sociales et leur permettent d’ouvrir de nouvelles perspectives. Au croisement de l’histoire, de l’anthropologie et de l’archéologie, l’art peut nous offrir de nouveaux concepts et nous incite à échafauder de fertiles hypothèses de travail.
Thierry Bonnot

Thierry Bonnot est chargé de recherche au CNRS, membre de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les Enjeux Sociaux (IRIS, Paris). Historien de formation initiale, il a d’abord travaillé à l’écomusée de la Communauté Le Creusot-Montceau (Saône-et-Loire) pour lequel il a mené plusieurs enquêtes. Il a soutenu en 2000 une thèse d’anthropologie sociale, consacrée à des trajectoires d’objets céramiques de l’industrie aux collections dans le bassin industriel du Creusot (publiée en 2002 sous le titre La vie des objets). Il continue à réfléchir au statut social des objets, à leurs modes d’appropriation et à la constitution des patrimoines. Il vient de publier en 2014 aux éditions du CNRS un nouvel ouvrage, L’attachement aux choses.

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