Sébastien Le Clerc (1637-1714). Entre arts et sciences : les ambitions d’un graveur au siècle de Louis XIV.
devant un jury composé de
M. Jan Blanc, Professeur, Université de Genève (directeur)
Mme Marianne Cojannot-Le Blanc, Professeure, Université Paris Nanterre
M. Philippe Hamou, Professeur, Université Paris Nanterre (co-directeur)
M. Christian Michel, Professeur, Université de Lausanne
Mme Isabelle Pantin, Professeure émérite, École normale supérieure
M. Oded Rabinovitch, Professeur assistant, Université de Tel Aviv
M. Frédéric Tinguely, Professeur, Université de Genève (président du jury)
Résumé:
Sébastien Le Clerc (1637-1714) apparaît comme l’un des artistes les plus singuliers du siècle de Louis XIV. Dessinateur et graveur extraordinairement prolifique, il se distingue également par une remarquable ambition à l’égard de son art. Peu après son arrivée à Paris en 1665, il intégra les Gobelins sous la direction de Charles Le Brun, puis fut rapidement reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Sensibilisé à la rhétorique développée au sein de l’institution pour élever la peinture et la sculpture au rang des arts libéraux, Le Clerc chercha alors à valoriser la pratique de la gravure en insistant sur le travail intellectuel qu’elle requérait. Au fil des années, il manifesta clairement le souhait de rivaliser avec la peinture, s’opposant alors radicalement à la conception dominante qui considérait la gravure comme étant au service des autres arts. En parallèle à cette carrière, Le Clerc démontra un intérêt de plus en plus marqué pour la pratique littéraire. Initialement désireux de devenir ingénieur militaire, le graveur rédigea dans ce but un traité de fortification puis un ouvrage de géométrie pratique. Ce fut ensuite sa charge de professeur de perspective à l’Académie qui le conduisit à rédiger des manuels sur différents sujets, tout en le poussant à étudier l’optique en tant que fondement de la perspective. Ses estampes et sa capacité à converser sur des sujets de mathématique ou de physique générèrent une certaine fascination chez ses contemporains qui outrepassa rapidement le petit cercle des seuls amateurs de gravure. À la fin du XVIIe siècle, Le Clerc transforma progressivement son atelier en un lieu de sociabilité savante, et entreprit alors de réaliser sa prétention à devenir un savant à part entière en publiant des traités de cosmologie et d’optique. La nature des interactions entre pratique artistique et pratique scientifique dans l’œuvre de Le Clerc constitue un phénomène tout à fait exceptionnel au sein de l’histoire occidentale. Elle permet alors d’éclairer certains aspects des rapports complexes qu’entretiennent l’art et la science durant le Grand Siècle, et la manière dont se présage la dichotomie que l’on connaît aujourd’hui.
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