Appel à communication : « Image et savoir » (Saint-Denis de la Réunion, 1-3 décembre 2016)

Aurelll, Cellule, 2011, La RéunionL’histoire des sciences nous montre que de l’Antiquité à nos jours, la science et l’art ont partagé des modalités d’expression communes : Léonard de Vinci était un inventeur de génie ainsi qu’un artiste, les écrivains comme Jules Verne ont rêvé la science moderne, les pratiques des chamans établissent un lien entre la médecine, la religion et la magie, l’Encyclopédie a déplié la complexité du monde avec force d’images, devenant un véritable « atlas » de la connaissance.
La construction du savoir se rapproche du modèle de l’œuvre d’art et de toute forme de création, avec ses variations, ses tremblements, ses erreurs, ses fantasmes, ses accidents et son lot inéluctable de subjectivité. L’œuvre de l’artiste et la recherche scientifique sont plus que jamais considérées comme convergentes, s’interrogeant d’une façon régénératrice. Se dessine ainsi une « concilience » (Edward O. Wilson) ouvrant sur de nouveaux maillages qui revitalisent l’intelligence de la recherche. En tout état de cause, l’observation de Jean Clair selon laquelle « la science et l’art prennent soin du monde » conserve toute sa pertinence.
Toute œuvre d’art existant par le regard des publics (« c’est le regardeur qui fait l’œuvre », disait Marcel Duchamp), le dialogue entre les images du monde est fait d’interpénétrations : du rejet à l’empathie, en passant par le quiproquo et le mimétisme. Ainsi, à une époque où les images, que l’on croit maîtriser, s’accumulent à la vitesse d’un clic, ce colloque transdisciplinaire questionne les rapports complexes entre voir et savoir. Quels sont les liens qui unissent les arts visuels et le savoir scientifique ? Que nous apprennent ces liens ?

En s’associant autour de ce colloque, l’Université et l’École Supérieure d’Art de La Réunion entendent dialoguer sur ce terrain et interroger par regards croisés le destin des flux d’images qui irriguent la planète à l’ère du « village global » (Marshall McLuhan), du « Tout-Monde » (Edouard Glissant) et des rhizomes communicationnels. Au sein des réseaux nouveaux qui éclatent les notions classiques de centre et de périphérie, l’espace indianocéanique sera au cœur de notre réflexion et nous permettra de (re)penser une histoire de la distribution des images  et – partant de là – des savoirs. On envisagera tout à la fois les patrimoines historiques, anthropologiques, sociaux, scientifiques, technologiques, linguistiques, littéraires, artistiques, cinématographiques et religieux, de l’espace de la totalité de l’océan Indien, qu’il soit imaginé, réel ou symbolique.

Ce colloque s’inscrit dans le cadre des travaux de l’Observatoire des Sociétés de l’Océan Indien (OSOI) de l’Université de La Réunion. D’un point de vue géographique, observé depuis l’île de La Réunion, l’océan Indien peut être présenté comme un ensemble de cercles concentriques. Le premier cercle, le « monde insulaire », est celui des pays de la zone sud de l’océan Indien qui réunit les Comores, la France au titre de La Réunion, Madagascar, Maurice et les Seychelles. Les pays bordiers de l’océan Indien constituent le second cercle des territoires intéressant l’Observatoire. Sont particulièrement concernés les pays de la côte sud et est du continent africain (Afrique du Sud, Mozambique, Tanzanie et Zanzibar), l’Inde et le Sri Lanka. Les îles dispersées dans l’océan Indien (Diego Garcia, Maldives, Chagos …), ainsi que les Terres Australes et Antarctiques Françaises (T.A.A.F. – Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, la terre Adélie, les îles éparses) entrent également dans ce deuxième cercle. Enfin le troisième cercle s’élargit au reste du monde, mais compte plus particulièrement les pays liés à l’océan Indien et à La Réunion par l’histoire (les anciennes métropoles, La Chine, qui a fourni un lot importants d’immigrants) et par les nouvelles migrations que l’on peut observer aujourd’hui.

Trois volets sont proposés :

1. Heuristique artistique et création scientifique

Quand l’œuvre d’art se fait-elle invention ? Inversement, quand la découverte scientifique se fait-elle œuvre d’art ?
Quel est le rôle de l’imaginaire et de l’émotion dans la science ?
Selon le vocable consacré aujourd’hui dans les écoles supérieures d’art, que trouvent les « chercheurs en art » ?
Qu’est-ce qu’un laboratoire d’artiste ?
Que se passe-t-il lorsqu’un artiste travaille dans un laboratoire de recherche scientifique ?

2. Epistémologie et réception des arts visuels
Qu’est-ce qu’un savoir produit par l’art ? Et quelle serait la plus-value épistémologique issue des pratiques visuelles de l’art ?
Comment dialoguent les arts visuels et le savoir scientifique au sein du commissariat d’exposition ? De la muséographie ? Des sciences humaines et sociales et des sciences de la nature ? Des religions ? De la pédagogie ?

3. Hybridité et réversibilité de l’image et du savoir
Quand une image mentale devient-elle une œuvre d’art ?
A partir de quel moment un essai est-il une œuvre d’art ?
Quelles sont les frontières entre texte et image ?
Quel est le seuil qui sépare la fiction du documentaire ? En quoi un documentaire peut-il être une œuvre d’art ?

Propositions de communication
Le colloque s’adresse aux professionnels du monde de l’art et aux chercheurs de tout horizon disciplinaire ayant l’image pour objet ou matériau de réflexion : artistes, architectes, anthropologues, chercheurs en littérature ou en civilisation, historiens de l’art, commissaires d’exposition, historiens, linguistes, juristes, géographes, philosophes des sciences, biologistes, médecins, etc. Une place particulière sera accordée aux propositions interrogeant les manières dont les arts visuels dialoguent avec les savoirs concernant les sociétés indianocéaniques. Il s’agira aussi d’examiner les liens que ces sociétés entretiennent avec le monde en ce début de XXIème.

Les propositions d’artistes visuels pourront être accompagnées de fichiers aidant à la compréhension du projet.

Les propositions de communication, comprises entre 250 et 350 mots et assorties d’un bref CV de leur auteur, sont à envoyer
pour la fin du mois d’avril 2016 à l’adresse suivante : imageetsavoir@esareunion.com

Veuillez indiquer à quel volet vous souhaiteriez contribuer. Le comité de sélection se réunira autour du 20 mai 2016.

 

IMAGE ET SAVOIR. Création visuelle et recherche scientifique : regards croisés du Sud-Ouest de l’océan Indien.
Colloque international organisé par l’École Supérieure d’Art de La Réunion et l’Université de La Réunion, 1/2/3 décembre 2016

Comité scientifique
Mounir Allaoui,
Patricia Debollivier,
Christian Germanaz,
Mélanie Mezzapesa,
Cédric Mong-Hy,
Myriam Omar Awadi,
Yohann Quëland de Saint-Pern,
Sandra Saayman,
Vilasnee Tampoe-Hautin

Dates importantes
Date limite pour envoi des propositions – fin avril 2016
Notification d’acceptation, début d’inscription – fin mai 2016
Clôture d’inscription – fin septembre 2016

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