Appel à communication : « La fortune des « irregolari » italiens dans l’Europe de la Renaissance » (Bordeaux, 26-28 mai 2020)

La fortune des « irregolari » italiens dans l’Europe de la Renaissance : circulation des formes et acclimatations de la figure du polygraphe

La critique a attribué les étiquettes de « poligrafi » et d’ « irregolari » principalement à trois auteurs italiens, Ortensio Lando, Nicolò Franco et Anton Francesco Doni, tous trois nés autour de 1515. Relativement floue, elle constitue, comme l’affirme Paul F. Grendler dans Critics of the Italian World (1530-1560). Anton Francesco Doni, Nicolò Franco & Ortensio Lando (Madison, University of Wisconsin Press, 1969, p. 65), « une désignation générale des auteurs qui ont écrit de la littérature vernaculaire, en lien étroit avec les presses vénitiennes (« a general designation for authors who wrote vernacular literature in close association with the Venetian presses »).
A ce titre, elle peut être appliquée à d’autres auteurs que Doni, Franco et Lando, notamment L’Arétin, Lodovico Domenichi, Lodovico Dolce, Francesco Sansovino…

Par ses connotations négatives, l’appellation de « poligrafi » témoigne de l’embarras de la critique vis-à-vis d’œuvres prolixes et protéiformes, qui manient des registres et des formes littéraires très divers. De fait, les « poligrafi » ignorent généralement les grands genres (à l’exception peut-être de Franco, auteur d’une épopée) pour en imaginer de nouveaux ou créer des objets textuels hybrides, qui empruntent à plusieurs formes et traditions littéraires. Ce goût de l’expérimentation formelle leur vaut aussi l’étiquette d’ « irregolari », et justifie des rapprochements avec la catégorie esthétique de maniérisme.

Mais l’étiquette de « poligrafi » reflète aussi une certaine condescendance vis-à-vis du contenu philosophique et moral d’une œuvre que les auteurs-mêmes ont tendance à présenter comme un bavardage superficiel. Pourtant, l’autodérision des poligrafi (qui s’apparente souvent à une stratégie d’autopromotion paradoxale) ne suffit pas à gommer la virulence satirique et, dans certains cas, la profondeur d’une œuvre dont les audaces politiques, philosophiques et religieuses ont souvent été soulignées, notamment dans le cas de Lando, chrétien hétérodoxe, fortement marqué par Erasme, et peut-être tenté par la Réforme.

Ce colloque entend interroger l’appellation de poligrafi, tout en mettant en lumière l’originalité esthétique et le rayonnement européen d’œuvres très régulièrement rééditées à la Renaissance, voire encore lues au début du XVIIe siècle. Le premier axe portera sur les formes littéraires imaginées par les poligrafi italiens ; le second, sur la réception de leur œuvre en France.

Appel complet en PDF

Le colloque aura lieu les 26, 27 et 28 mai 2020 à l’Université Bordeaux Montaigne. Il est organisé dans le cadre de l’équipe de projet « Hybridations Savantes » (Centre Montaigne, EA 4195 TELEM), projet réalisé avec le soutien financier de l’Université Bordeaux Montaigne.

Les propositions de communications devront être envoyées aux adresses suivantes avant le 1er septembre 2019 :

anne-Laure.Metzger@u-bordeaux-montaigne.fr
alice.vintenon@u-bordeaux-montaigne.fr


Comité scientifique :

Jean Balsamo, Université de Reims Champagne-Ardennes
Nicolas Correard, Université de Nantes
Violaine Giacomotto-Charra, Université Bordeaux Montaigne
Anne-Laure Metzger-Rambach, Université Bordeaux Montaigne
Cristina Panzera, Université Bordeaux Montaigne
Alice Vintenon, Université Bordeaux Montaigne

 

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