Conférence : « Entreprenariat artistique et stratégies d’autopromotion dans la presse régionale d’annonces (1750-1790) », 23 mars 2021 (en ligne)

Intervenante : Sophie Raux

Entreprenariat artistique et stratégies d’autopromotion dans la presse régionale d’annonces (1750-1790)

Jacob Schwartzenbach, Portraitiste à la silhouette et son modèle, 1798, coll. part.

La fin des années 1750 voit le décollage de la presse d’annonces dans une quarantaine de villes en France. En histoire de l’art, l’intérêt que l’on a prêté à cette source s’est le plus souvent limité aux informations concernant les figures artistiques dominantes à l’échelle d’une ville ainsi que les institutions artistiques locales, écoles de dessins, académies et salons. En revanche, les annonces d’acteurs aujourd’hui inconnus ou peu documentés, pourtant les plus abondantes, n’ont guère retenu l’attention, alors que paradoxalement la vocation de ces annonces était de leur offrir de la visibilité.

Dans un contexte économique caractérisé par un renforcement de la concurrence, la recherche de nouveaux débouchés et de nouveaux marchés a été cruciale pour maintenir l’activité de nombreux artistes. Elle les a conduits à adopter une forte mobilité, tant professionnelle que géographique. Cette nouvelle configuration a entrainé le développement d’une forme d’échange directe du producteur au consommateur ainsi que l’expansion d’une offre élargie rendue accessible à un public neuf. Accélérateurs de transferts de savoirs faire, ces artistes itinérants ont agi en auto-entrepreneurs, indépendamment des institutions officielles. Ils ont trouvé dans la presse d’annonces une nouvelle arme de communication jouant sur l’autopromotion, essentielle pour assurer leur visibilité de leur temps, comme du nôtre.

L’objectif de cette communication est donc, à partir d’une sélection d’annonces publiées dans plusieurs foyers provinciaux, de mettre en relief quelques traits saillants des échanges et des circulations artistiques ignorés ou méconnus, en opérant un triple déplacement : partir d’une source populaire et non savante, s’intéresser à la province et non à la capitale, prendre en compte des pratiques et des usages peu considérés dans la hiérarchie des Beaux-Arts .

 

Historienne de l’art de la première modernité, Sophie Raux est professeur à l’Université Lumière Lyon 2 et directrice du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA UMR 5190). Ses recherches portent essentiellement sur l’histoire économique et sociale de l’art et de la culture visuelle des anciens Pays-Bas et de la France. Elle a codirigé les ouvrages Moving Pictures. Intra European Trade in Images XVIth-XVIIIth c. (Turnhout, Brepols 2014) et A perte de vue, les nouveaux Paradigmes du visuel (Dijon, Presses du réel, 2015). Elle a publié récemment Lotteries, Art Markets, and Visual Culture in the Low Countries, XVth-XVIIth c., Leyde, Brill, 2018, dans la collection Studies in the History of Collecting & Art Markets.

La conférence, gratuite, aura lieu sur Zoom. Veillez à vous inscrire au préalable, afin de recevoir les informations nécessaire, à cette adresse : collection.seminaire@gmail.com

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