Contrat doctoral histoire de l’art médiéval ANR-15-IDEX-02_CDP Patrimalp

Contrat doctoral histoire de l’art médiéval ANR-15-IDEX-02_CDP Patrimalp

Dans le cadre du projet ANR-15-IDEX-02_CDP Patrimalp, un contrat doctoral de thèse en co-direction UGA_LUHCIE_ ARC-Nucléart_CEA-tech est proposé pour la rentrée universitaire 2019. Ce programme conçu en totale interdisciplinarité ( archéologie, histoire de l’art, histoire, sciences des matériaux, géosciences, informatique, conservation-restauration, acteurs du patrimoine – conservateurs, médiateurs) ambitionne  de mettre en oeuvre de nouvelles pratiques interdisciplinaires  visant à la constitution d’une science (interdisciplinaire) du patrimoine. La thèse fait partie intégrante de ce programme collaboratif. Elle est dirigée par L. Ciavaldini Rivière (Professeur d’histoire de l’art médiéval) et Karine Froment (MCF/HDR Physique, Arc-Nucléart, GIS centré sur la restauration du patrimoine, en particulier du bois).

Le sujet proposé intitulé, « Aux confins de la route de la soie ? Imitations de textiles précieux sur des sculptures polychromes en Savoie médiévale. Techniques, modèles et circulations de motifs de « brocarts appliqués » à la fin du Moyen Âge » aborde à la fois l’histoire des techniques, de la conservation-restauration et de l’histoire de l’art.

L’étude de la polychromie de la sculpture médiévale bénéficie d’un intérêt grandissant de la part des chercheurs en histoire de l’art, en physique des matériaux, et en conservation-restauration des œuvres d’art. En effet, parce qu’elle a été longtemps éloignée de la conception esthétique que nous avions du Moyen Âge (conception héritée des romantiques, amoureux de la pierre nue, ruinée, et le plus souvent couverte d’une végétation envahissante), la couleur n’a pas été prise en considération pendant longtemps, oblitérant de ce fait une approche complète de l’architecture, de son décor et des objets sculptés et peints qui l’embellissaient. Comme le souligne J. Wirth, « la statuaire médiévale était normalement couverte d’une riche polychromie (…) (mais) jusque dans les années 60 on a décapé sans pitié les sculptures médiévales pour leur rendre une prétendue pureté primitive, y compris dans les musées » (Wirth, p. 95). Souvent anéantie par quelque restauration intempestive (on pense notamment aux sculptures des portails de Notre-Dame de Paris, entièrement décapés sous le ministère d’André Malraux- ibidem), très souvent dégradée par le passage du temps, des repeints et des surpeints, ou des événements politiques et religieux (iconoclasme, vandalisme, changements de valeur et de goût), la polychromie de la sculpture médiévale a malheureusement perdu son vif éclat ancien.

Aussi, quand des vestiges de qualité subsistent, aussi rares et ténus soient-ils, il est impératif de les étudier car ils nous permettent de reconstituer non seulement l’histoire des procédés et des savoirs faire, mais aussi d’accéder avec plus de certitude (et moins de fantaisie), à l’univers visuel et mental des sociétés passées. Ainsi, un petit corpus de sculptures polychromes identifié en Savoie est à la base de l’enquête proposée. L’histoire des techniques est donc au cœur de ce projet de thèse : elle s’attache à l’étude d’un décor polychrome en léger relief, le « brocart appliqué » apposé sur des sculptures et des peintures pour certaines déjà identifiées dans l’ancien duché de Savoie, à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle. Ce décor imitant le motif textile du brocart – dessin ornemental fait à l’aide de fils d’or et d’argent rehaussant de riches étoffes – a nécessité la mise en œuvre de procédés élaborés qu’il conviendra d’étudier. Après avoir complété le corpus des œuvres déjà identifiées, une étude intrinsèque de ces décors est attendue : étude formelle du motif, élaboration d’une typologie, synthèse des matériaux constitutifs (qui auront été caractérisés par ailleurs par des analyses et des études de polychromies), restitution des différentes phases de réalisation : constitution d’un moule, préparation, feuille d’étain, application de l’or… , étude relevant de l’histoire des techniques et de la conservation-restauration. Une des ambitions de la thèse est en effet de pouvoir identifier les matériaux utilisés et leur dégradation, pour déterminer les possibles interventions en vue de leur restauration: une dimension pour laquelle le ou la doctorant(e) sera aidé(e) et encadré (e) par des conservatrices-restauratrices d’ARC-Nucléart, ainsi qu’un post-doc dont le travail sera centré sur les analyses physicochimiques des brocarts appliqués sur des sculpture. Un deuxième aspect propre à l’histoire de l’art devra être envisagé à travers une enquête formelle et historique. Il s’agit d’identifier les modèles susceptibles d’avoir contribué à l’essor de ces motifs. L’intérêt est cette fois centré sur la dimension extrinsèque de l’objet : où peut-on les repérer pour la première fois ? Par quelles voies ont-ils été transmis ? Que nous disent-ils des échanges artistiques et du rôle tenu par l’espace alpin dans leur diffusion ? Que nous apportent-il sur notre connaissance de la mode et de l’histoire du goût vestimentaire au temps de la première modernité… ? Autant de questions – et sûrement d’autres –  auxquelles la thèse tentera de répondre : en suivant le développement, le parcours et les techniques de fabrication de ce décor précieux en micro-relief, il est possible de mener une réflexion élargie à l’histoire de l’art et à l’histoire d’une période, entre Moyen Âge et Temps Modernes, où le goût du luxe et de l’ostentation sont devenus à la fois un art de vivre et un moyen de gouverner.

Pour en savoir plus :

contacts : laurence.riviere@univ-grenoble-alpes.fr et Karine.froment@cea.fr

https://patrimalp.univ-grenoble-alpes.fr

 

 

 

 

 

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