Doctorales de l’APAHAU. Appel à communication : l’ornement (Dijon, Université de Bourgogne, 13-15 novembre)

Doctorales de l’APAHAU
Dijon, Université de Bourgogne, 13-15 novembre 2014

Appel à communication : L’ornement : diffusion, réception, perception

 

Capture d’écran 2014-06-19 à 01.32.59Modalités de l’appel à communication

Date limite de remise des titres et propositions d’intervention 10 septembre 2014 à adresser par courriel à : doctorales2014.apahau.dijon@gmail.com

Les rencontres dureront du jeudi 13 novembre 2014 après-midi au samedi 15 matin. Elles prendront la forme d’un atelier stimulant les échanges, dans un but à la fois de formation et de réflexion.
Toute personne (doctorant ou postdoc ayant soutenu en 2013) intéressée par une participation à ces rencontres doctorales est priée d’envoyer avant le 10 septembre une proposition de communication d’une page, avec un bref CV et, si possible, la recommandation du directeur de thèse.
Les communications dureront 20-25 minutes.
Un résumé de trois pages devra être envoyé avant le 5 novembre afin de faciliter les discussions

Les organisateurs assurent les frais d’hébergement et de nourriture (dîner du jeudi soir, repas de midi du vendredi). Les frais de transport sont à charge des participants.

 

L’ornement : diffusion, réception, perception

L’étude de l’ornement connaît un vif regain d’intérêt au sein de la communauté scientifique, comme en témoignent le récent colloque d’Azay-le-Rideau Éphémère et pérenne. L’ornementation végétale dans les décors à la Renaissance (12-13 juin 2014), la table ronde CNRS-ENS, Dire le décor antique : Mots, concepts et Realia, (Paris, 27-29 juin 2014) ou l’ exposition autour des recueils d’ornements qui aura lieu à la bibliothèque de l’INHA (octobre-novembre 2014). Les communications du premier colloque ont montré qu’il ne s’agit plus de se limiter aux répertoires de motifs pour alimenter les grammaires stylistiques, mais qu’il convient au contraire d’envisager l’ornement comme un phénomène complexe dépassant les seules considérations esthétiques. Aussi le champ d’étude de l’ornement est-il à la croisée des problématiques actuelles. Après l’analyse des logiques formelles et du pouvoir symbolique de l’ornement, les questionnements sociologiques, anthropologiques, politiques, géographiques ou économiques doivent désormais être convoqués pour une histoire de l’ornement, qui n’est plus un accessoire formel dépourvu de sens. Il s’agit d’un nouveau champ d’investigation que nous voudrions penser, de la préhistoire à l’époque contemporaine, à l’échelle européenne. Cette réflexion a pour objectif de favoriser de nouvelles hypothèses et d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherches pluridisciplinaires, en rapprochant archéologues, historiens de l’art, historiens de la culture visuelle et musicologues.
À partir de cas particuliers, le phénomène ornemental sera appréhendé selon ses modes de diffusion, de réception et de perception. De nombreuses interrogations pourront être prises en compte : quels sont les supports, matériaux et techniques privilégiés pour la diffusion de l’ornement ? Est-il possible d’appréhender, dans une approche diachronique, les similitudes ou différences de support pour un même ornement ? Selon quelles modalités évolue-t-il dans le temps ? Et lorsque la diffusion d’un ornement concerne plusieurs zones géographiques, peut-on appréhender des évolutions spécifiques d’une région ? Peut-on identifier des formes privilégiées pour les transferts et les migrations de l’ornement ? Comment l’ornement est-il appréhendé selon le contexte (sacré, profane, princier, savant, populaire) ?
Il sera également intéressant de prendre en compte, dans ces transferts, la problématique du rôle de l’ornement, par sa place dans l’œuvre : souvent limité à la périphérie, l’ornement peut-il occuper le centre : comment peut-il remettre en cause la hiérarchie entre le narratif et le décoratif ?

Ainsi, peut-on isoler et caractériser des acteurs qui assurent la diffusion des modèles ornementaux ? Le point de vue géographique participe à une meilleure appréciation des migrations de modèles entre Capture d’écran 2014-06-19 à 01.27.40différentes aires culturelles et artistiques. En effet, peut-on dessiner des aires et des flux précis ayant contribué à des échanges ? Est-ce que certains de ces courants s’inscrivent dans des réseaux d’échange entre foyers artistiques ; peut-on également identifier des réseaux plus singuliers ? Quelles sont les ruptures dans les processus de diffusion ? Correspondent-elles aux grandes périodes chronologiques (de la préhistoire Au XXIe siècle), aux passages de l’artisan à l’artiste ?
Les facteurs extérieurs au contexte artistique (historiques, économiques, stylistiques, techniques, etc.) pourront eux aussi faire l’objet d’interrogations quant à leur influence dans les processus de transfert des modèles.
Cependant, si certains facteurs ont impulsé les échanges artistiques et par conséquent une diffusion des modèles de l’ornement, d’autres ont quant à eux pu intervenir tels des freins à ce transfert, impliquant des échecs dans le processus de diffusion. Est-il possible d’identifier des foyers d’exception ayant contourné les résistances à la diffusion de certains modèles, ou de reconnaître que des artistes aient pris le contre-pied de ces obstacles ? Certaines situations paradoxales mériteront d’être étudiées, par exemple des résistances qui ont pu être clairement établies, fixées, voire figées, par des débats artistiques théorisés par l’écrit ou par des traditions artisanales conservatrices. Cependant, ce qui se trouve être rejeté ou interdit s’immisce parfois peu à peu dans la création par des procédés d’adaptation, d’imitation – ou de contournement, comme les imitations de céramiques grecques qui ont ensuite développé leur propre répertoire.
Enfin, la question du goût, individuel ou collectif, des clients et des commanditaires, peut apparaître comme un adjuvant ou un frein aux échanges artistiques et par conséquent à la diffusion de l’ornement.

Enfin, il est intéressant d’envisager la perception de l’ornement d’une période donnée, et sa perception à une période ultérieure. Des questionnements quant à la réception critique a posteriori d’un ornement pourront être abordés. Entre pérenne et éphémère, entre modèles gravés et esthétique décorative, l’ornement connaît en effet des processus de transferts entre périodes chronologiques. Quelles sont les modalités de passage des motifs ornementaux entre les différentes civilisations à l’époque protohistorique ? Comment l’ornement antique, du chapiteau corinthien à la grotesque a duré jusqu’au XXe siècle ? Il sera aussi possible d’interroger la place de l’ornement au cœur du débat sur la modernité au début du XXe siècle, entre des thèses plaçant l’ornement comme simple témoin de l’art du passé et les pratiques de certains artistes pour qui l’imitation ou l’adaptation de motifs ornementaux participent de cette modernité artistique, qui se doit d’intégrer ce qui est communément désigné sous le terme de tradition. Du point de vue méthodologique également, les catégorisations, comme le fit Vitruve avec la définition des ordres architecturaux, sont nécessaires mais influent sur la perception des corpus a posteriori. La restauration des œuvres conduit-elle à un questionnement et à une compréhension de l’ornement ancien ou bien s’en affranchit-elle ?

Entre problématiques historiographiques et épistémologiques, ces nouveaux questionnements posent l’ornement au cœur de la réflexion actuelle.
Bibliographie indicative

  • BONNE J.-Cl., « Les ornements de l’histoire (à propos de l’ivoire carolingien de saint Rémi) », in : Annales. Histoire, Sciences Sociales, 1996, vol. 51, n° 1, p. 37-70.
    L’article aborde la question de la fonction des bordures ornées de feuilles d’acanthe sur les ivoires carolingiens. A partir d’une étude de cas, l’auteur cherche à démontrer qu’au-delà des relations formelles, thématiques ou symboliques entre l’ornement et l’image, le premier peut aussi fournir un pouvoir de persuasion au second.
  • BORDERIE Q., BOUCHAUD Ch., HALABI T. et al. (textes réunis par), Adoption et adaptation, actes de la 5ème Journée doctorale d’archéologie, Paris, École doctorale d’Archéologie, 26 mai 2010, Publications de la Sorbonne, Paris, 2013.
    Résumé disponible sur : <http://www.mae.u-paris10.fr/archeo-doct-5-adoption-et-adaptation/> .
  • BUCI-GLUCKSMANN Ch., Philosophie de l’ornement, d’Orient en Occident, Galilée, Paris, 2008.
    Compte-rendu disponible sur : <http://www.fabula.org/actualites/c-buci-glucksmann-philosophie-de-l-ornement_23100.php>.
  • CANNADINE D., Ornementalism : how the British saw their empire, Penguin Books, Londres, 2002.
    Compte-rendu sur : <http://canlit.ca/reviews/ornamentalism>.
  • COQUERY E., Rinceaux & figures, l’ornement en France au XVIIe siècle, Éditions Musée du Louvre, Paris, 2005.
    Cet ouvrage interroge le statut de l’ornement dans les arts du XVIIe siècle ; en effet, tout en questionnant les enjeux que l’ornement implique pour les arts de ce siècle, il s’agit de démontrer en quoi il a participé à la définition de la beauté artistique, bien que souvent associé au superflu.
  • DEKONINCK R., HEERING C., LEFFTZ M. (dir.), Questions d’ornements, actes du colloque international Questions d’ornements (2010-2012), Bruxelles, Louvain, Turnhout, Brepols (à paraître, parution prévue en juin 2014).
    Publication des actes du colloque, Questions d’ornements, XVe-XVIIIe siècles, organisé en trois volets dédiés respectivement à l’architecture, à la peinture et aux arts graphiques puis aux arts du relief. L’ornement est alors interrogé selon des problématiques d’ordre théorique, méthodologique, historiographiques et épistémologiques.
  • DUBOIS-PELERIN E., Le luxe privé à Rome et en Italie au Ier siècle après J.-C., Centre Jean Bérard, Naples, 2008.
    Compte-rendu disponible sur : <http://www.franceculture.fr/oeuvre-le-luxe-prive-a-rome-et-en-italie-au-ier-siecle-apres-j-c-de-eva-dubois-pelerin>.
  • GOMBRICH E., The sense of order : a study in the psychology of decorative art, Cornell University Press, Ithaca, 1980 [seconde édition : Phaidon, 1992].
    Compte-rendu disponible sur : <http://www.jstor.org/stable/3332217>.
  • GRABAR O., L’ornement : formes et fonctions dans l’art islamique, Flammarion, Paris, 2013 [d’après des conférences prononcées en 1989 à la National Gallery of Art de Washington ; Princeton University Press, Princeton, 1992].
    L’auteur cherche à exposer et résoudre certains paradoxes liés à l’ornement islamique ; en effet, celui-ci est souvent associé à une unique fonction secondaire décorative alors qu’il est en même temps pensé selon des fonctions d’écriture, de structure ou de géométrie de la composition à laquelle il est associé.
  • HUSSLEIN-ARCO A., VOGEL S. (dir.), Die Macht des Ornaments, cat. exp., Vienne, Belvédère, du 20 janvier au 17 mai 2009, Belvédère, Vienne, 2009.
    Compte-rendu disponible sur : <http://www.art-magazin.de/kunst/14406/macht_des_ornaments_belvedere_wien>.
  • Images Re-vues [revue en ligne], 2012, n°10, Inactualité de l’ornement. Disponible sur <http://imagesrevues.revues.org/1787>
    Compte-rendu et présentation du numéro disponibles sur : <http://culturevisuelle.org/imagesrevues/113>.
  • KALINOWSKI I., « Peinture murale, plastique et architecture selon Gottfried Semper », in: ERISTOV H. et MONIER F. (éd.), L’héritage germanique dans l’approche du décor antique. Actes de la table ronde organisée à l’Ecole Normale Supérieure le 23 novembre 2012, Ausonius Éditions, Bordeaux, 2014, p. 47-58 (Collection Pictor, n°2)
    L’article s’intéresse à la démarche de Gottfried Semper, architecte allemand, consistant à définir des styles au sein des arts techniques et tectoniques ainsi que dans la pratique artistique.
  • LABRUSSE R., « Théories de l’ornement et ‘renaissance orientale’ : un modèle ottoman pour le XIXe siècle ? », in : BASCH S., CHUVIN P., SENI N. et al. (éd.), L’Orientalisme, les Orientalistes et l’empire ottoman de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XXe siècle, actes du colloque international, Paris, Palais de l’Institut de France, 12 et 13 février 2010, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 2011, p. 145-172.
    Présentation du colloque sur : <http://www.aibl.fr/publications/actes-de-colloque/colloques-journees-d-etude/article/l-orientalisme-les-orientalistes>.
  • MICHEL Ch., « Le goût contre le caprice : les enjeux des débats sur l’ornement au XVIIIe siècle », in : CECCARINI P., CHARVET J.-L., COUSINIÉ F. et al. (textes réunis par), Histoires d’ornement, actes du colloque à l’Académie de France à Rome, Villa Médicis, 27-28 juin 1996, Klincksieck, Paris ; Académie de France à Rome, Rome, 2000, p. 203-214.
    A partir de questionnements philosophiques, artistiques et techniques, ce colloque a cherché à apporter un nouvel éclairage sur l’ornement et sur sa fonction initiale et communément admise de procurer de la valeur ajoutée à l’œuvre à laquelle il est associé.
  • « Ornement/Ornemental »,Perspective. La revue de l’INHA, 2010-2011, n°1.
    Ce numéro se consacre aux différentes lectures faites de l’ornement et de l’ornemental depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, en cherchant certes à considérer les enjeux que cette thématique pose dans le champ artistique, mais en démontrant qu’elle devient désormais un champ d’étude à part entière pour la communauté scientifique.
  • RIEGL A. (trad. de l’allemand par H.-A. Baatsch et Fr. Rolland), DAMISCH H. (préfacé par), Questions de style. Fondements d’une histoire de l’ornementation, Hazan, Paris, 2002 [Siemens, Berlin, 1893 ; Hazan, Paris, 1992 (pour l’édition française)].
    Compte-rendu disponible sur : <http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/litt_0047-4800_1997_num_105_1_2432>.
  • SAURON G., L’histoire végétalisée. Ornement et politique à Rome, Éditions Picard, Paris, 2000.
    Compte-rendu disponible sur : <http://www.jstor.org/stable/41540472>.
  • THOMAS E., Le Vocabulaire illustré de l’ornement : par le décor de l’architecture et des autres arts, Eyrolles, Paris, 2012.
    L’ouvrage, conçu comme un dictionnaire, se propose de définir et de nommer les motifs ornementaux, typologie en outre accompagnée d’une approche historique et iconographique très riche.
  • THOMAS Y., « L’ornement, la cité, le patrimoine », in : AUVRAY-ASSAYAS C. (éd.), Images romaines. Actes de la Table ronde organisée à l’École Normale Supérieure, le 24-26 octobre 1996, Presses de l’École normale supérieure, Paris, 1998, p. 263-284.
    Compte-rendu de l’ouvrage disponible sur : <http://www.presses.ens.fr/client/document/ddpimagesromaines1_38.pdf>.
  • TWEMLOW A., « The Decriminalization of ornament », Eye Magazine, Vol. 15, n°58, 2005, n. p.
    Compte-rendu disponible sur : <https://ospace.otis.edu/gd_bibliography/The_Decriminalization_of_Ornament>.
  • TRILLING J., Ornament : a modern perspective, University of Washington Press, Seattle London, 2003.
    Compte-rendu disponible sur : <http://www.jstor.org/stable/40060755>.

 

Organisateurs : Olivier Bonfait, Professeur à l’Université de Bourgogne, Président de l’APAHAU, Arianna Esposito, Maitre de conférences à l’université de Bourgogne, membre du bureau de l’APAHAU
avec Damien Bril, Nicolas Delferrière, Raphaël Demes, Pauline Gomont, Nicolas Perreaux, Mathieu Ribolet, Camille Talpin, Jonhattan Vidal, Armelle Weirich, postdoctorants ou doctorants à l’Université de Bourgogne.

 

 

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