Soutenance de thèse de M. Léonard Pouy le vendredi 23 juin 2017, à l’Institut national d’histoire de l’art, 14h00, salle Ingres.
Dans un climat de réforme globale, touchant l’ensemble de la société hollandaise, émerge un certain nombre de compositions picturales nouvelles, peintes, au cours la première moitié du XVIIe siècle, par de jeunes artistes amstellodamois avides de reconnaissance. Prenant généralement pour sujet le repos de soldats, retranchés dans de sombres intérieurs, ces scènes se diffusent rapidement dans les Pays-Bas de l’époque. Les différents experts et théoriciens de l’époque les identifient alors comme des scènes de cortegaerd, terme issu du français « corps de garde ». Renvoyant dans un premier temps à la brûlante actualité de la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), de telles œuvres s’en éloignent néanmoins rapidement au gré d’une transformation, aussi subtile que radicale, opérée par ces peintres sur l’iconographie du mercenaire pillard : celui-ci quitte, en effet, peu à peu, dans ces scènes, les tristes oripeaux du maraudeur pour revêtir les luxueux atours de l’officier éclairé et raffiné. En miroir de cette progressive assimilation de la figure de l’officier à celle de l’amateur, doit également être perçue celle du peintre à l’officier, régnant en maître sur son atelier. Initiée dans les années 1630, cette double mutation croisée des images du soldat et de l’artiste témoigne de la mise en place d’un intense mouvement de légitimation. Si une guerre de l’art a bien eu lieu en Hollande au cours de la première moitié du siècle, il s’agit avant tout d’une guerre de conquête de marchés et de statuts, menée par d’ambitieux artistes s’identifiant eux-mêmes comme les membres d’un corps moderne et indépendant de la peinture, portant haut les couleurs d’un discours théorique nouveau.
Devant un jury composé de :
Monsieur Jan Blanc (Université de Genève)
Monsieur Ger Luijten (Fondation Custodia, Collection Frits Lugt)
Madame Gaëtane Maës (Université de Lille III)
Monsieur Alain Mérot (Université Paris-Sorbonne)
Madame Colette Nativel (Université de Paris I Panthéon Sorbonne)
Monsieur Philippe Sénéchal (Université de Picardie Jules Verne)
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